Photo : Christian Bénard

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Le Président Trump aura-t-il le pouvoir de briser le libre échange États-Unis-Canada-Mexique?

Le monde politique et économique canadien est nerveux à la perspective d’un changement des règles du jeu économique avec les États-Unis en commençant par le premier ministre du Canada.

Justin Trudeau, lors de sa visite officielle aux États-Unis, en mars 2016.
Justin Trudeau, lors de sa visite officielle aux États-Unis, en mars 2016. © PC/Paul Chiasson

Dans un communiqué ce matin, Justin Trudeau a déclaré : « La relation qui unit nos deux pays est un exemple pour le reste du monde. Nos valeurs communes, nos liens culturels profonds ainsi que nos économies fortes et intégrées continueront de servir de bases à l’avancement de notre partenariat solide et prospère ». Nous exportons plus de 75 % de tous nos produits aux États-Unis.

La santé économique canadienne repose donc directement sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), signé il y a presque 23 ans,  qui encourage l’ouverture des États-Unis aux produits du Canada et du Mexique.

Mais Donald Trump a promis à plusieurs reprises qu’il voulait renégocier l’ALENA à l’avantage des États-Unis ou d’y mettre fin. Cette entente constitue le « pire accord de notre histoire », déclarait-il en campagne électorale.

Entre le vouloir et le pouvoir

L’ex-premier ministre Brian Mulroney était devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour parler des problèmes économiques internationaux.
L’ex-premier ministre progressiste-conservateur canadien Brian Mulroney était devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour parler des problèmes économiques internationaux. © PC/Graham Hughes

Il y a une vingtaine de jours, l’ex-premier ministre canadien Brian Mulroney, qui avait signé l’accord de libre-échange avec les États-Unis, affirmait qu’il était « illusoire » pour Donald Trump de penser qu’il allait pouvoir déchirer l’ALENA advenant son élection comme président des États-Unis.

Selon M. Mulroney, si Trump tentait réellement de mettre fin à l’ALENA, il se ferait probablement rappeler à l’ordre par les sénateurs des 38 États américains qui comptent sur le Canada comme principal client : « L’ALENA représente près de 11 millions d’emplois dans ces États. Pour moi, tout cela est illusoire. »

En entrevue à Radio-Canada cette semaine, le stratège démocrate Craig Smith affirmait, pour sa part, que les Canadiens n’ont pas à craindre les idées protectionnistes véhiculées durant la longue campagne électorale. Selon lui, les discours électoraux sont théoriques et les décisions, après l’élection, sont souvent plus pragmatiques.

Et pourtant, les travailleurs canadiens vont probablement s’inquiéter au cours des prochains mois pour leurs emplois tout comme les travailleurs mexicains.

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La signature de l'ALÉNA en février 1994.
La signature de l’ALÉNA en février 1994. © Marcy Nighswander

Au Québec aussi on est en droit de s’inquiéter

Philippe Couillard, à Montréal, le 4 novembre
Philippe Couillard, à Montréal, le 4 novembre © PC/Ryan Remiorz

L’été dernier, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, conseillait à ses concitoyens de suivre avec plus d’attention la course à la Maison-Blanche, car son résultat pourrait à ses yeux avoir des répercussions directes sur leur emploi.

Il avait fait cette mise en garde à l’occasion de la 56e assemblée annuelle de la Eastern Regional Conference du Council of State Government qui réunissait les dirigeants politiques des provinces de l’est du Canada et du nord-est des États-Unis.

Ce matin, en entrevue, le premier ministre québécois n’a pas semblé particulièrement inquiet pour l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) étant donné que les économies canadienne et américaine sont « fortement intégrées ».

« Je pense que l’ALENA, clairement, est au bénéfice également des États-Unis et une analyse même rapide va permettre de confirmer ça, a-t-il déclaré. D’ailleurs, je n’ai pas entendu beaucoup de paroles négatives de M. Trump sur le Canada durant la campagne. Il parlait d’autres pays essentiellement. »

En juin dernier, Louis Bélanger, professeur titulaire au département de sciences politiques de l’Université Laval, affirmait qu’une éventuelle présidence Trump et une révision de l’ALENA pourraient avoir des conséquences assez dramatiques.

RCI avec la contribution de Mathieu Gohier, Michel Désautels et Emmanuelle Latraverse de Radio-Canada

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Catégories : Économie, International, Politique
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