Le gouvernement fédéral s’est engagé à adopter une stratégie pangouvernementale qui conduira à une interdiction complète de l’amiante, cela dans le but de mettre les Canadiens à l’abri des dangers qu’elle représente pour leur santé et leur sécurité. Au Québec, cette décision est loin de satisfaire les industriels qui militent pour la réutilisation des résidus de l’amiante.
L’adoption de la stratégie pancanadienne visant à interdire totalement l’amiante sur le territoire canadien sera l’aboutissement d’une concertation entre le gouvernement et divers partenaires du domaine de la santé, des milieux d’affaires, des entreprises et des autres paliers gouvernementaux. Elle va s’appuyer sur différentes connaissances scientifiques, ont assuré les membres du gouvernement qui ont annoncé la nouvelle.
Les ministres des Sciences, Kirsty Duncan, de la Santé, Jane Philipott, de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine Mackenna, des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, ont aussi soutenu qu’une telle approche s’inscrit dans la volonté de respecter l’engagement pris par Ottawa d’interdire l’amiante et les produits qui en contiennent d’ici 2018 dans l’ensemble du Canada.
C’est ainsi qu’un train de mesures visant cette interdiction mettra l’accent sur l’inventaire des immeubles contenant cette substance jugée très nocive pour la santé.
Il s’agira prioritairement des immeubles qui sont la propriété du gouvernement ou qu’il loue.

Le fédéral, les provinces et les territoires harmoniseront également leurs démarches en ce qui concerne le changement des codes du bâtiment, ce qui aboutira à l’interdiction de l’utilisation de l’amiante dans tous les projets de construction et de rénovation à l’échelle du pays.
Tout cela sera encadré par de nouvelles règles qui viseront l’interdiction de la production, de l’utilisation, de l’importation et de l’exportation de l’amiante, mais qui toucheront également la santé et la sécurité en milieu de travail.
C’est ainsi que le gouvernement entend limiter les risques pour les travailleurs d’être exposés à cette matière dangereuse sur leurs lieux de service.
Dans tout le Canada et dans le monde entier, des familles doivent encore composer avec des cas de cancers liés à l’amiante, et cela pose un fardeau indu sur le système de santé. Notre gouvernement prend des mesures pour protéger les Canadiens des substances qui peuvent nuire à leur santé et à leur sécurité, dont l’amiante.
– l’honorable Jane Philpott, ministre de la Santé

Pourquoi des élus militent-ils pour la réutilisation des résidus de l’amiante?
Ceux qui soutiennent l’idée d’utiliser les résidus de l’amiante à d’autres fins estiment qu’il est possible de les mélanger à d’autres substances comme le ciment pour produire des tuyaux rigides pour les égouts et les aqueducs.
C’est le cas en ce qui concerne par exemple le chrysotile, un minéral fibreux, naturel, souple et blanchâtre, exploité par le Québec, par le Vermont et par Terre-Neuve.
Cette substance mélangée à de la résine permet également de produire des sabots de freins.

Les spécialistes reconnaissent que cette substance peut présenter un danger minime pour la santé, à condition qu’elle soit répandue en grande quantité dans l’air, mais ils apportent davantage de nuance en précisant qu’elle est hautement plus sécuritaire que les autres types d’amiante.
De même, ils rassurent sur le fait que la consommation de l’eau potable en provenance d’un réseau d’aqueduc construit avec du ciment au chrysotile ne présente aucun danger pour la santé humaine.
Certains pensent aussi qu’il serait bénéfique de transformer d’anciens sites d’enfouissement de l’amiante naturel en terre agricole susceptible de favoriser la production de biocarburant.
Au Québec, notamment à Asbestos et à Thetford Mines, il existe de nombreux projets pour extraire le magnésium de résidus issus d’anciennes mines d’amiante.
L’interdiction voulue par le fédéral ne concernerait pas ces projets, mais les nouvelles dispositions réglementaires risqueraient d’affecter les activités économiques dans certaines régions.
Nous comprenons que les mesures annoncées ce matin n’affecteront pas les projets d’extraction de magnésium des résidus des anciennes mines d’amiante d’Asbestos et de Thetford Mines et c’est une bonne chose pour la région. Nous devons nous assurer que les mesures réglementaires fédérales n’auront pas d’impacts négatifs sur l’économie de régions qui cherchent à valoriser les résidus de l’exploitation passée de l’amiante. La transformation des résidus miniers contenant de l’amiante représente une avenue de développement économique pour des régions qui recherchent la diversification de leur économie.
– Stéphane Forget, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
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