Université de Moncton

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Photo Credit: Radio-Canada

3 messages haineux et pornographiques ciblent une étudiante de l’Université de Moncton et suscitent une vague d’indignation

Une enquête est ouverte par l’Université de Moncton et par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) depuis l’envoi massif de trois messages électroniques comportant des propos haineux et pornographiques ciblant une jeune étudiante de cette Université.

Une étudiante dans l’angoisse et le désarroi

Alors que la GRC enquête pour trouver l’auteur des trois messages envoyés à l’ensemble des étudiants de l’Université ainsi qu’à quelques membres de son personnel, l’établissement annonce avoir aussi ouvert une enquête interne.

En plus de rechercher l’auteur des trois messages haineux avec des liens vers des sites pornographiques et vers le compte Facebook d’une étudiante, l’Université veut savoir si son système informatique n’aurait pas fait l’objet de piratage, ce qui aurait facilité l’accès aux comptes utilisés pour l’envoi de messages.

Selon les témoignages de certains étudiants, les messages haineux et vulgaires, à caractère sexuel et sexiste, ont fortement ébranlé leur camarade dont le compte Facebook est inclus dans l’un des liens des trois messages.

La victime recevrait actuellement de l’aide des services spécialisés.

L’Université n’aurait pas porté plainte, mais les étudiants, par solidarité à l’égard de leur camarade, l’auraient fait pour dénoncer la diffusion d’images intimes sans consentement préalable.

Cyberintimidation
Cyberintimidation © iStock Photo

Les responsables de l’Université en alerte

Depuis l’envoi des messages électroniques, les responsables de l’Université se sont dits outrés et ils ont annoncé une série de mesures visant à punir les auteurs d’actes agressifs et de propos haineux contre les étudiants et autres membres de la communauté universitaire.

Ainsi, la cyberintimidation, la violence sexuelle et tous les autres gestes s’y rapportant seront sévèrement sanctionnés.

Un service d’aide est en place au sein  de l’Université pour soutenir les étudiants et toutes les victimes de telles agressions.

Parmi les ressources qui existent déjà depuis plusieurs années à l’Université :

  • des conseils sur les relations abusives, la violence dans les fréquentations, les relations de couple
  • la sensibilisation, l’éducation et le soutien en matière de harcèlement sexuel et sexiste

Selon une enquête de CBC menée en 2014 sur les harcèlements, les agressions sexuelles et la culture du viol, il y a eu 700 cas d’agressions sexuelles sur les campus des universités canadiennes de 2009 à 2013.

L’Université de Moncton relève trois cas d’agression sexuelle entre 2004 et 2014, selon une autre enquête du Telegraph-journal.

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Des cas de suicides liés à la cyberintimidation au Canada

Au Canada, ces dernières années, les médias ont rapporté des cas de suicide liés à la cyberintimidation.

Entre 2008 et 2012, ce sont au total 91 cas qui ont été rapportés dans la seule province de la Colombie-Britannique, bien que des liens étroits entre ces cas de suicide et la cyberintimidation demeurent très difficiles à établir.

Parmi les exemples qui ont le plus retenu l’attention au Canada et ailleurs dans le monde :

Le suicide de Rehtaeh Parsons en 2013

Ce suicide est survenu à la suite de la circulation de la photo de la jeune fille dans un piteux état alors qu’elle avait, selon les propos de sa mère, vécu un viol collectif après une soirée arrosée en 2011.

L’adolescente qui n’avait que 15 ans quand les faits s’étaient produits, n’avait tout simplement pas supporté le fait que sa vie privée ait été ainsi étalée sur la place publique, encore moins la cyberintimidation et tous les noms d’oiseau que lui ont attribués certains de ses camarades de classe après que sa photo eut commencé à circuler parmi les élèves de son école, quelques jours après le viol, avait alors expliqué sa mère.

De gauche à droite, Rehtaeh Parsons, du Nouveau-Brunswick et Amanda Todd, de Colombie-Britannique, se sont toutes deux enlevé la vie suite à des cas distincts de cyberintimidation.
De gauche à droite, Rehtaeh Parsons, du Nouveau-Brunswick et Amanda Todd, de Colombie-Britannique, se sont toutes deux enlevé la vie suite à des cas distincts de cyberintimidation. © Radio-Canada

Le suicide d’Amanda Todd en 2015

Cette autre adolescente s’était également suicidée après avoir dénoncé le chantage de la part d’un homme à qui elle avait montré ses seins devant une caméra web.

Sa vidéo enregistrée sur YouTube et son suicide avait soulevé une vague d’indignation au Canada et suscité une plus grande mobilisation pour lutter contre la cyberintimidation.

Si dans le cas de Rehtaeh Parsons, l’enquête policière qui avait duré plus d’un an n’avait pas permis de réunir assez de preuves pour porter des accusations contre les présumés responsables, dans le cas d’Amanda Todd, il y avait eu arrestation d’un homme en lien avec la cyberintimidation, plus de deux ans après les faits.

La GRC avait déposé cinq accusations en Colombie-Britannique contre un homme de 35 ans des Pays-Bas, Aydin Coban, qui était connu des services de police de son pays après avoir été arrêté trois mois plus tôt pour des crimes contre de jeunes Néerlandaises.

Une enquête du réseau anglais de Radio-Canada, en collaboration avec Zembia, une émission néerlandaise, avait ressorti le fait que la police norvégienne avait tenté en vain, à deux reprises, de mettre la police des Pays-Bas sur les traces d’Aydin Coban.

En effet, au même moment où la jeune Amanda Todd était harcelée en ligne par une personne qui se faisait appeler Tyler Cee, une autre adolescente norvégienne subissait le même type de harcèlement d’une personne surnommée Tyler Boo. Les policiers norvégiens avaient pu établir un rapprochement entre les deux affaires, ce qui leur avait permis de trouver une adresse postale aux Pays-Bas, qu’ils ont communiquée à la police de ce pays.

Après le suicide de la jeune Amanda en 2012, soit un an après le début de la cyberattaque contre elle, et après qu’une troisième adolescente eut porté plainte aux Pays-Bas pour cyberintimidation de la part d’un homme à qui elle avait montré ses seins par caméra, la police néerlandaise avait déjà tous les éléments en main. C’est ainsi qu’elle avait suivi la trace d’Aydin Coban et avait réussi à mettre facilement la main sur lui en janvier 2014. La suite de l’enquête avait permis de constater le nombre incalculable de ses victimes à l’échelle de la planète.

RCI avec Radio-Canada

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