La 61e session de la Commission de la condition de la femme de l’ONU se tient à New York. Le Canada y est représenté par une délégation comprenant entre autres quatre ministres fédérales, deux parlementaires et des représentantes d’organisations non gouvernementales, conduite par la ministre de la Condition féminine, Maryam Monsef. Cette importante délégation serait-elle révélatrice d’une participation qui va au-delà de la simple figuration.
Un symbole de l’engagement du Canada
La 61e session de la Commission de la condition de la femme de l’ONU se déroule sous le thème : « L’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution ».
S’inscrivant dans cette même perspective, la ministre Monsef a réaffirmé la volonté du pays de faire de l’égalité des sexes une réalité.
Une affirmation qu’elle a soutenue avec quelques mesures prises par le Canada pour faciliter la contribution de la femme à la vie active.
Nous entendons soumettre les deux principales mesures évoquées à l’épreuve des faits.
L’éducation de la petite enfance
En plus de rechercher une meilleure conciliation travail-famille, les investissements du gouvernement touchent principalement l’éducation de la petite enfance, notamment l’enseignement à la maternelle, le service de garde et l’aide aux parents. Ces mesures favorisent le retour ou une plus grande présence des femmes sur le marché du travail.
Il existe ainsi plusieurs programmes. Celui des transferts aux particuliers donne aux familles une prestation universelle pour la garde d’enfants et des prestations de maternité et parentales de l’assurance emploi.
D’un autre côté, il existe trois dépenses fiscales qui se rapportent à la garde d’enfants : le crédit d’impôt pour enfant, la déduction pour frais de garde d’enfants, le crédit d’impôt à l’investissement pour la création de places en garderie.
À cela, il faut ajouter des transferts provinciaux et territoriaux en vue du financement de programmes sociaux touchant à la petite enfance, des initiatives de services de garde et d’enseignement pour les enfants des Premières Nations ainsi que des ressources destinées aux familles d’immigrants et de militaires.
Réforme du régime fédéral d’équité salariale
Le gouvernement libéral a décidé de donner une nouvelle orientation à l’équité salariale, et il ne mettra pas en œuvre la loi existante sur l’équité dans la rémunération du secteur public.
Après le rapport de son comité sur l’équité salariale, Ottawa s’est engagé à entreprendre une réforme proactive sur l’équité salariale dans les sphères de compétence fédérale.
En attendant la prochaine étape qui consistera pour le gouvernement fédéral à déposer un projet de loi en 2018 pour contraindre les employeurs sous sa direction à appliquer l’équité salariale entre hommes et femmes, le problème de l’inégalité salariale se pose avec acuité et risque de s’aggraver dans les 20 prochaines années au Canada.
Des efforts importants ont pourtant été faits au cours des 40 dernières années pour combler le fossé entre le salaire des hommes et celui des femmes, pourtant la rémunération de celles-ci ne représente que 75 % de celle des hommes.
Les travaux d’une chercheuse québécoise laissent entrevoir que la situation va persister au cours des 20 prochaines années.
Parmi les principaux facteurs à l’origine de cette situation, il y a les choix scolaires des femmes. Elles s’orientent encore vers des métiers traditionnels qui sont moins rémunérés : soins infirmiers, secrétariat, aide aux personnes dans des établissements de santé et de soins, etc.
Le taux d’activité des femmes moins scolarisées 58 %, contre près de 75 % pour les hommes, pose également un problème, car les emplois qui leur sont destinés sont généralement sous-payés.
Ce problème se pose avec plus d’acuité chez les femmes autochtones et chez les femmes immigrantes, qui n’ont pas toujours la formation et les aptitudes professionnelles requises pour occuper de bons emplois.
À tout cela, il faut ajouter le fait que les congés de maternité et les grossesses continuent d’être des motifs de congédiement pour les femmes, si l’on se fie au nombre de plaintes qui a bondi de 41 % en 2015, passant de 437 à 617 cas dans la seule province du Québec.
Il reste du chemin à faire au Canada pour atteindre l’objectif de l’équité salariale et de l’égalité entre hommes et femmes. C’est ainsi que malgré des efforts importants et une réelle volonté de légiférer à cette fin, le gouvernement fédéral doit traduire sa volonté en actions innovantes et plus concrètes pour améliorer la condition économique des Canadiennes.
Ainsi, la délégation canadienne doit absolument saisir l’occasion des discussions bilatérales avec les membres des autres délégations pour trouver de nouvelles idées afin d’enrichir la stratégie dans sa lutte contre les inégalités de toutes sortes entre les hommes et les femmes au Canada et ailleurs dans le monde.
« Le Canada entend demeurer un chef de file en matière d’égalité entre les sexes, y compris dans la prévention de la violence fondée sur le sexe et la recherche de solutions novatrices pour renforcer l’autonomie économique des femmes. Ce faisant, il continuera de militer vigoureusement pour les droits des femmes chez lui et dans le monde. » – Maryam Monsef, ministre de la Condition féminine.
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