La nouvelle suscite un énorme malaise au Canada : les salaires des hauts dirigeants de Bombardier ont bondi d’environ 50 % au moment où la compagnie licenciait des milliers de travailleurs et demandait une aide financière gouvernementale.
Le versement de 32,6 millions de dollars représente une augmentation de près de 50 % des primes accordées aux cinq premiers dirigeants et président du conseil d’administration, par rapport à 2015.
Le gouvernement fédéral a émis un prêt de 372,5 millions de dollars le mois dernier pour les programmes d’avions CSeries et Global 7000, tandis que la province de Québec a récemment versé 1 milliard de dollars américains dans le programme CSeries.
Réactions et malaises des gouvernements

Bien qu’ils aient aidé financièrement Bombardier, le gouvernement québécois et le gouvernement canadien affirment qu’ils n’ont pas l’intention d’exiger que la multinationale révise sa politique de rémunération.
De passage à Brampton, en Ontario, jeudi, le premier ministre Justin Trudeau ne s’est pas offusqué des augmentations vertigineuses de salaires des dirigeants de la société québécoise.
« Les investissements effectués par le Canada dans Bombardier, ce sont des prêts à long terme pour assurer la réussite de la CSeries et d’autres avions », a-t-il répondu.
Manque de savoir-vivre?

« À tout le moins, cela témoigne d’une arrogance plutôt incroyable, n’est-ce pas? », déclare David Baskin, président de Baskin Wealth Management, un cabinet de gestion de placements de Bay Street à Toronto.
« Voici une entreprise qui, en gros, a imploré la province et le gouvernement fédéral de lui donner de l’argent, en disant : « si vous ne nous donnez pas tout cet argent, nous allons licencier tous ces travailleurs » ».
De plus, d’ici la fin de 2018, Bombardier devrait avoir éliminé quelque 14 500 postes à travers le monde dans le cadre de son plan de redressement.
Le Québec répond aux critiques par la bouche de son premier ministre
À l’Assemblée nationale du Québec, le premier ministre Philippe Couillard s’est bien gardé de condamner Bombardier, en affirmant que « fondamentalement, c’est une question qui regarde l’entreprise et ses actionnaires ».
Cependant, il a reconnu que du point de vue des travailleurs, on pouvait se demander si «le moment» et «le message» étaient «bien choisis».
Si elle s’est montrée plus critique que son premier ministre, la ministre québécoise de l’Économie, Dominique Anglade, n’est pas allée jusqu’à s’engager à sévir.
« Si j’étais Bombardier, je réfléchirais au message que j’envoie à la population aujourd’hui, a-t-elle dit lors de la période de questions à l’Assemblée nationale. Je peux comprendre que les gens soient mécontents et choqués. »

Les partis d’opposition dénoncent

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont été beaucoup plus véhéments. Les grands patrons de Bombardier ont peut-être tiré l’entreprise du pétrin, mais c’est grâce au 1,3 milliard investi par Québec, et ils ne devraient pas être ainsi récompensés, a conclu le chef péquiste Jean-François Lisée.
« C’est une gifle aux Québécois, a-t-il dit. J’espère qu’un actionnaire important de Bombardier, c’est-à-dire le gouvernement du Québec, va demander le retrait de ces augmentations ».
Le chef caquiste François Legault n’a pas été plus tendre envers Pierre Beaudoin, le président du conseil, et le chef de la direction Alain Bellemare :
« Sept millions de dollars canadiens pour quelqu’un qui est au conseil d’administration, là, ça n’a pas de bon sens. Maintenant, 13 millions de dollars canadiens pour M. Bellemare, c’est exagéré, très exagéré, a-t-il lancé. Écoutez, ce sont ces dirigeants-là, Pierre Beaudoin et M. Bellemare, qui ont amené Bombardier presque au bord de la faillite. »
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