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Qui espionne les téléphones cellulaires des citoyens dans la capitale canadienne?

Une enquête de CBC/Radio-Canada a détecté la présence d’appareils qui interceptent les données des téléphones mobiles dans la zone du parlement du Canada et du bureau du premier ministre ainsi que de plusieurs ambassades dans ce même secteur d’Ottawa.

L’enquête d’une durée de plusieurs mois révèle qu’un ou des individus utilisent des dispositifs connus sous le nom de capteurs IMSI. Ils sont utilisés notamment par la police, les autorités de sécurité canadiennes, les services de renseignements étrangers et même le crime organisé.

Les périphériques, parfois connus sous le nom de marque d’un modèle, StingRay, travaillent en imitant une tour de téléphone cellulaire pour interagir avec les téléphones proches et lire l’identité numérique unique associée à chaque téléphone.

Ce numéro peut ensuite être utilisé pour suivre le téléphone dans ses déplacements et, par extension, l’utilisateur du téléphone lui-même. Dans certains cas, les capteurs IMSI peuvent même être utilisés pour accéder aux messages texte d’un téléphone et écouter directement les conversations téléphoniques.

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On espionne au cœur du siège du gouvernement canadien

Au cours des tests effectués en décembre et en janvier, les outils de détections déployés par une équipe spécialisée ont déclenché des alertes en série non seulement autour de la colline du Parlement, mais aussi à proximité des bureaux de Radio-Canada au centre-ville d’Ottawa.

Des équipements encore plus sophistiqués, appelés capteur de suralimentation, ont ensuite confirmé la présence de capteurs IMSI dans la zone du parlement canadien.

Selon une analyse des résultats de l’enquête de CBC/Radio-Canada, on pense que les capteurs IMSI détectés à Ottawa pourraient avoir été fabriqués à l’étranger.

Pour détecter les intercepteurs d’IMSI, on a utilisé ce qu’on appelle un « CryptoPhone ». Cet appareil ressemble à un banal téléphone, mais il émet des alertes rouges quand une fausse antenne tente de s’emparer de son signal. Photo : Radio-Canada
Pour détecter les intercepteurs d’IMSI, on a utilisé ce qu’on appelle un « CryptoPhone ». Cet appareil ressemble à un banal téléphone, mais il émet des alertes rouges quand une fausse antenne tente de s’emparer de son signal. Photo : Radio-Canada © Radio-Canada Michel Aspirot

Avis d’un expert

Les Goldsmith, président, ESD America
Les Goldsmith, président, ESD America © Radio-Canada

CBC/Radio-Canada a demandé au fournisseur nord-américain du CryptoPhone, ESD America, de procéder à une analyse poussée de ces alertes.

Selon Les Goldsmith, président d’ESD America, « [les intercepteurs d’IMSI] peuvent suivre la trace de votre téléphone, écouter vos appels et lire vos textos. Ils peuvent aussi vous empêcher de faire des appels et peuvent envoyer de faux messages en votre nom ».

Selon M. Goldsmith, le risque d’intrusion pour les gens qui se trouvent notamment sur la colline du Parlement est bien réel. « Quelqu’un pourrait être en train d’écouter leurs appels, maintenant, et ils ne le sauraient même pas », affirme cet expert en contre-espionnage.

Les Russes et les Chinois se défendent, les États-Unis adoptent le silence

L’ambassade de Russie rejette toute allégation selon laquelle les Russes ont utilisé ou utilisent des capteurs IMSI à Ottawa.

« Toute suggestion quant à ce type d’activités est fausse et sans fondement », a déclaré un porte-parole de l’ambassade.

Un représentant de l’ambassade de Chine indique pour sa part qu’il est « non seulement déraisonnable, mais même irresponsable » de suggérer que son pays serait impliqué dans de telles activités.

Israël a dit pour sa part qu’elle n’avait aucune connaissance du problème, et les États-Unis ont pour leur part refusé de commenter.

Les capteurs IMSI pourraient aussi bien être le travail d’une agence nationale, comme l’Agence canadienne d’espionnage électronique.

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RCI avec les informations de Brigitte Bureau et de Sylvie Robillard de Radio-Canada, et celles de Catherine Cullen de CBC

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