Motivée notamment par le besoin de grossir ses rangs, l’Armée canadienne tentera donc de se présenter comme une organisation accueillante pour les Canadiens de toute ethnie, religion ou orientation sexuelle.
Des réservistes de l’Armée canadienne.
La nouvelle politique de défense du gouvernement Trudeau prévoit l’embauche de 3500 nouveaux employés à temps plein et de 1500 réservistes à temps partiel. Cela amènerait les effectifs de l’armée canadienne à leur plus haut niveau depuis la guerre froide. Or, depuis des années, les FAC peinent à recruter un nombre suffisant de candidats. Des milliers de postes demeurent vacants, dont certains de pilotes et de techniciens.
L’amélioration du système de recrutement est donc une priorité majeure, selon le lieutenant-général Charles Lamarre, qui dirige le Commandement du personnel militaire, responsable de superviser les ressources humaines dans l’armée.
« Il n’y a pas seulement des hommes blancs dans notre population », a soutenu le lieutenant-général Lamarre en entrevue avec La Presse canadienne.
Si on veut avoir les meilleures personnes — les plus intelligentes, les plus habiles, les plus dévouées et les plus ingénieuses — on doit voir plus grand et ne pas exclure des groupes qui pourraient nous être utiles.
Les hauts commandants révisent tout, allant de l’uniforme, jusqu’aux cérémonies, en passant par les accommodements qui pourraient être accordés sur la nourriture ou la religion, pour évaluer si ces éléments respectent les critères de diversité.
Aide-mémoire… – Le 7 juin dernier, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a dévoilé la nouvelle politique de l’Armée comprenant un objectif d’enrôlement revu à la hausse avec 71 500 membres pour la Force régulière, soit une augmentation de 3500 militaires. – L’armée éprouve cependant des difficultés à atteindre sa cible actuelle de 68 000 membres de la Force régulière d’ici 2018-2019. – Pour atteindre cet objectif, la Défense nationale envisageait de recruter 5200 militaires en 2016-2017. Or, c’est environ seulement 4542 militaires en devenir qui se sont manifestés jusqu’ici.
Ce n’est pas un luxe, ce n’est pas de l’ingénierie sociale, ce ne sont pas des manœuvres politiques ou de la rectitude politique. C’est maintenant une exigence opérationnelle, estime pour sa part le chef d’état-major de la défense, Jonathan Vance.
« L’idée que les gens avec différentes perspectives, différentes expériences, différentes compétences feront une armée plus forte s’est formée au cours de la dernière année et demie », a-t-il indiqué.
Le général Vance a pris l’initiative sans précédent d’ordonner à l’armée d’augmenter son pourcentage d’employées féminines de 25 % dans les 10 prochaines années, pour qu’il passe à 15 %.
Les recruteurs ont maintenant lancé des campagnes de publicité ciblées vers les femmes qui ont précédemment manifesté l’intérêt de faire une carrière militaire, sans faire le saut.
D’autres dirigeants de l’armée passent à l’action. Le commandant de la Marine royale canadienne, Ron Lloyd, a publié une directive la semaine dernière pour encourager les militaires à participer aux défilés de la Fierté gaie en uniforme.
Le général Vance devrait publier la même directive pour le reste de l’armée dans les prochains jours.
Ce n’est que le début d’un long combat
Tout le monde n’est pas d’accord avec ce virage, dont des gens en uniforme, admet le vice-amiral Ron Lloyd. Changer l’image de l’armée n’est pas un exercice joyeux pour tous, fait-il remarquer.
Il y a d’autres défis que celui de convaincre les militaires de l’importance de la diversité. L’armée tente encore de se distancier de plusieurs années de manchettes de nouvelles et de reportages négatifs sur le traitement des femmes et des membres de la communauté LGBT, notamment par l’adoption d’une politique de tolérance zéro face à l’inconduite sexuelle.
Notons également une indifférence historique des communautés ethniques à l’égard de l’armée, surtout chez les immigrants qui viennent de pays où l’armée a une mauvaise réputation. Mais il y a aussi le problème — déjà cerné par le vérificateur général Michael Ferguson — du système de recrutement, affecté par la bureaucratie et les compressions de l’ancien gouvernement conservateur.
« Nous sommes assurément encore au stade de la planification. Nous sommes au point de dire : “Que devons-nous faire ?” », demande le lieutenant-général Lamarre.
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