Une représentation du projet de gaz naturel liquéfié LNG Canada à Kitimat en Colombie-Britannique.

Une représentation du projet de gaz naturel liquéfié LNG Canada à Kitimat en Colombie-Britannique.
Photo Credit: LNG Canada

Un marché lucratif qui échappe au Canada : le gaz naturel liquéfié

Alors que plusieurs pays, dont les États-Unis, amassent des sommes astronomiques sur le marché du gaz naturel liquéfié, le Canada en est encore à chercher à se frayer un chemin, car ses projets sont encore au stade des balbutiements.

Les raisons d’un rôle limité du Canada sur le marché

Les raisons qui expliquent l’arrivée tardive du Canada sur le marché du gaz liquéfié sont énoncées dans le rapport publié par le Secteur de l’intégration de l’information sur l’énergie et l’Office national de l’énergie.

Il en ressort que le Canada se contente de produire beaucoup plus de gaz naturel qu’il n’en faut, pour satisfaire prioritairement la demande intérieure.

L’excédent de production de son gaz naturel est exporté vers les États-Unis, son premier client.

Il se trouve que, depuis quelques années, à cause de la production sans cesse croissante de gaz de schiste aux États-Unis, la demande sur ce marché est en déclin. Cela contraint les producteurs canadiens à se tourner vers l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).

La difficulté viendrait du fait qu’un seul des 24 projets proposés, après l’octroi de 35 licences d’exportation de gaz naturel liquéfié, a récemment fait l’objet d’investissements de la part du gouvernement fédéral, à certaines conditions.

Cela fait environ sept ans que l’Office national de l’énergie a approuvé les 35 demandes de licences d’exportation de gaz naturel liquéfié, sur un total de 43.

À la suite de cette approbation, 24 projets avaient été proposés, dont 18 sur le littoral de la Colombie-Britannique, le reste, au Québec et dans les Maritimes.

L’unique projet qui a fait l’objet d’un investissement est celui de Woodfibre LNG, près de Squamish, en Colombie-Britannique.

Sa licence d’exportation, accordée en juin dernier, lui donne droit à des activités de commercialisation pendant 40 ans.

Quatre autres projets ont reçu des approbations réglementaires, mais ils ne sont pas pour autant autorisés à produire.

Parmi ces projets, celui de la société Pacific Northwest LNG, toujours en Colombie-Britannique, non loin de Prince Rupert. Ce projet attend encore la décision d’investissement, pourtant une licence d’exportation lui a d’ores et déjà été délivrée, après son approbation sous condition, au palier fédéral, en septembre 2016.

Le design du projet d’usine de gaz naturel liquéfié et de terminal maritime Pacific Northwest LNG.
Le projet d’usine de gaz naturel liquéfié et de terminal maritime Pacific Northwest LNG serait construit sur l’île de Lelu, dans le district de Port Edward, près de Prince Rupert en Colombie-Britannique. © pacificnorthwestlng.com

Un marché incertain, malgré la demande en hausse

Alors que le Canada tergiverse encore en ce qui concerne l’octroi de licences pour des projets d’exportation de ce gaz, l’Australie et les États-Unis se frottent les mains.

Les deux pays tirent largement avantage d’un marché mondial où la demande est en hausse, particulièrement en Asie et dans certaines parties de l’Europe.

Grâce aux projets en chantier dans ces deux pays, cette demande est satisfaite à court et à moyen termes.

Les États-Unis possèdent les deux seuls terminaux d’exportation de GNL en Amérique du Nord, dont un seul est actuellement en service. La capacité actuelle du terminal de Sabine Pass est d’environ 33,9 Mm³ (1,2 Gpi³/j); il s’agit du premier terminal existant de regazéification auquel on a ajouté une capacité de liquéfaction. En 2016, 32 % des exportations américaines de GNL (provenant toutes de Sabine Pass) étaient destinées à l’Amérique du Sud, 30 % à l’Asie, 15 % au Mexique, 11 % au Moyen-Orient et 10 % à l’Europe.

Le rapport intitulé Le rôle du Canada dans le marché mondial du GNL mentionne cependant que la concurrence féroce et la faiblesse des prix observée en ce moment font planer une grande incertitude sur tous les projets de GNL, y compris sur ceux qui sont proposés au Canada.

« Au cours des dernières années, un certain nombre de projets de GNL ont été proposés au Canada et des investissements importants ont déjà été faits en vue de leur planification et de leur approbation. Le Canada peine néanmoins à se tailler une place de choix sur les marchés mondiaux du GNL, qui sont de plus en plus concurrentiels. Les promoteurs continuent toutefois de travailler activement à la réalisation de projets sur les deux côtes. » – Shelley Milutinovic, économiste en chef, Office national de l’énergie.

Ravitaillement au gaz naturel liquéfié
Ravitaillement au gaz naturel liquéfié © Radio-Canada

À noter : 

  • Toute société souhaitant exporter du gaz naturel du Canada doit d’abord obtenir une licence d’exportation délivrée par l’Office national de l’énergie. Celui-ci, lorsqu’il examine une demande, tente de déterminer si la quantité de gaz naturel proposée pour l’exportation excède la demande canadienne (article 118 de la Loi sur l’Office national de l’énergie).

  • En 2015, la consommation totale de gaz naturel au Canada s’est élevée à 3,1 billions de pieds cubes, le reste des ressources de gaz naturel commercialisable étant estimé à près de 1100 billions de pieds cubes, soit suffisamment pour répondre aux besoins du Canada pour les 350 prochaines années au taux de consommation actuel. Les trois quarts de cet approvisionnement se trouvent dans des formations schisteuses et des réservoirs étanches en Alberta et en Colombie-Britannique.

  • En plus d’une licence d’exportation, toute société souhaitant construire des installations de GNL au Canada doit obtenir les autorisations nécessaires des autres organismes de réglementation. Le projet doit par ailleurs faire l’objet de deux évaluations environnementales, aux niveaux fédéral et provincial, et, selon sa nature et son emplacement, il pourrait être assujetti à d’autres règlements.

Catégories : Économie, Environnement et vie animale, Société
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