Sherin Khankan, femme imam qui ne porte le voile que lorsqu'elle est en prédication
Photo Credit: LINDA KASTRUP

Une femme imam d’une mosquée en Scandinavie : en existe-t-il au Canada?

L’expérience d’une femme imam d’une mosquée en Scandinavie a récemment défrayé la chronique en Europe. À la une de la plupart des grands journaux et magazines, une figure symbolique, celle d’une femme, Sherin Khankan, qui a brisé tous les tabous liés à l’islam en se positionnant comme imam. C’est elle qui officie en prêches et exhortations devant les fidèles musulmanes.

La première femme imam en Scandinavie

L’histoire de Sherin Khankan est celle d’une femme d’une quarantaine d’années, fille d’un père syrien et d’une mère finlandaise, audacieuse et téméraire, qui a décidé de faire irruption dans un domaine jusque-là tenu d’une main de fer par les hommes.

Là où le public est habitué à ne voir que des barbus, l’intruse a osé et se positionne désormais comme la première femme imam d’une mosquée en Scandinavie.

La mère de cinq enfants a bâti sa mosquée dénommée Mariam, en février 2016, en plein cœur de Copenhague, au Danemark,  des milliers de femmes se rassemblent pour la prière du vendredi, sous sa direction.

Ministère de Sherin Khankan : synonyme d’imposture?

Les multiples reportages sur le ministère de Mme Khankan ont suscité toutes sortes de réactions dans le monde.

Certains, contestant ce ministère, l’ont traité de fausse imam, soutenant que le concept d’imam se rapporte davantage à un musulman qu’a une musulmane. Ce qui voudrait dire en clair qu’un imam ne peut être qu’un homme.

Pour d’autres, Sherin Khakan est une simple usurpatrice, une mystificatrice qui ne saurait diriger des prières dans une mosquée où sont rassemblés des hommes qui occupent très souvent l’avant de la scène, alors que les femmes sont en arrière.

La reconnaître comme imam, selon eux, serait chercher à modifier les textes islamiques, des textes qui n’interdisent pourtant pas explicitement le ministère des femmes.

Les plus tolérants ont souligné la nécessité de mettre les compétences de l’avant lorsqu’il est question d’accompagner des personnes dans l’accomplissement de leur foi.

Dans ce sens, la compétence n’a ni sexe, ni couleur, ni origine. Ainsi, toute personne présentant des aptitudes peut être imam et conduire des séances de prière dans une mosquée.

Des femmes assistent à la grande prière du « tarawih » pour marquer le début du ramadan dans une mosquée de Jakarta, la capitale indonésienne.
Des femmes assistent à la grande prière du « tarawih » pour marquer le début du ramadan dans une mosquée de Jakarta, la capitale indonésienne. © Beawiharta Beawiharta

Des précédents dans l’histoire 

Ceux qui soutiennent qu’être imam relève plus de la compétence s’appuient sur l’histoire du prophète et soulignent que sa femme, Aisha, s’était distinguée par ses connaissances qui lui avaient conféré une certaine autorité religieuse.

Il y a eu plusieurs exemples de femmes ayant servi comme imam dans l’histoire, à différents endroits dans le monde :

  • En Chine (20 millions de musulmans) au XIXe siècle.
  • En Afrique du Sud en 1995.
  • Au Canada, l’intellectuelle canado-syrienne Afraa Jalabi avait présidé une séance de prière au Centre culturel islamique de Toronto en octobre 2014, ce qui avait suscité une vive controverse parmi les fidèles. Ceux qui l’ont critiquée ont estimé que sa pratique était contraire aux préceptes de l’islam.
  • Aux États-Unis, des femmes ont présidé la prière du vendredi entre 2005 et 2012, notamment à New York.
  • D’autres initiatives sont mentionnées en Belgique, en Grande-Bretagne, en Algérie et en Malaisie.

Noter :

Les classiques de l’UQAC présentent les imams comme :

des responsables religieux dont la fonction peut être simple, comme diriger une seule fois la prière, ou complexe, tel guider spirituellement et temporellement la communauté musulmane tout entière. Ces imams – indépendamment de leurs importances, leurs occupations, leurs classes sociales, leurs métiers, leur moyens de vivre, etc. – ont une fonction sociale aux multiples facettes et jouent un rôle étendu à savoir: prêcher, orienter, éduquer, enseigner, contrôler, surveiller, exhorter, avertir, censurer, etc.

RCI a consulté Radio-Canada, Le Devoir, l’AFP, Les classiques des sciences sociales de l’UQAC, Le Monde, Le Figaro, BBC, France 24  et  RFI

Catégories : International, Société
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