Le gouvernement fédéral a émis le souhait d’un abaissement du taux d’alcoolémie de 0,08 à 0,05 % dans l’ensemble du pays. Une idée qui n’est qu’à un stade préliminaire, et pourtant elle suscite beaucoup de réactions.
Une mesure dissuasive
En 2010, l’idée de ramener le taux d’alcoolémie de 0,08 % à 0,05 % avait déjà été proposée, mais elle avait été jugée trop radicale et vivement critiquée.
Aujourd’hui, la volonté d’Ottawa de revenir sur une telle proposition est motivée par un désir de moderniser une mesure qui date des années 1960.
La limite actuelle de 80 mg avait été établie à la lumière de résultats de recherche de l’époque selon lesquels le risque d’être impliqué dans un accident de la route mortel était deux fois plus élevé à ce taux d’alcoolémie. Des recherches plus récentes indiquent que les données initiales avaient sous-estimé ce risque. – Jody Wilson-Raybould, ministre fédérale de la Justice.
Il s’agit de s’inscrire dans l’air du temps, comme c’est le cas dans des pays comme la France, l’Australie et l’Islande qui ont modernisé leur cadre législatif en révisant à la baisse le taux d’alcool susceptible d’entraîner des mesures punitives pour les consommateurs au volant.

Des répercussions négatives chez les restaurateurs?
L’idée du gouvernement fédéral est loin de satisfaire les restaurateurs qui redoutent une baisse importante de leurs recettes.
Une telle idée pourrait pousser les clients à consommer dans le confort de leur foyer, pour éviter toute surprise désagréable sur la route.
Les restaurateurs, qui soutiennent que le bilan routier du Québec figure parmi les meilleurs du pays, appellent Ottawa à abandonner son projet.
En effet, le Québec présente le 2e bilan routier avec un taux d’accident de 10 %, un niveau jamais atteint en 41 ans.

Contexte peu propice à une telle réforme?
L’entreprise CAA, qui est impliquée dans la sécurité routière, estime que le contexte actuel est très peu favorable à la modification de la législation canadienne sur l’alcool au volant.
La légalisation de la marijuana pointe à l’horizon, et la crainte serait de voir les policiers débordés lors de contrôles routiers, à cause d’une charge de travail devenue soudainement très importante, avec plusieurs situations urgentes à gérer, reliées à la conduite avec des facultés affaiblies à la fois par l’alcool et le cannabis.
Le moment est peut-être mal choisi dans le contexte où, dans moins d’un an, le cannabis pour des fins récréatives sera rendu légal. Les policiers vont en avoir déjà plein les bras avec la sensibilisation et l’éducation. – Pierre Olivier Fortin, conseiller en communications à CAA-Québec.
L’organisme soutient qu’à long terme, si la mesure est finalement adoptée, elle pourrait porter ses fruits comme c’est le cas en Saskatchewan, une province où les infractions liées au taux d’alcoolémie sont les plus importantes de tout le pays.
Un an après l’introduction d’une nouvelle législation rabaissant le taux d’alcoolémie à 0,04 %, le nombre d’accidents de la circulation causés par l’alcool au volant a fléchi de 359 cas en mai 2016 à 324.
RCI avec des informations de Radio-Canada
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