AirBnB permet de louer un appartement, une maison (voire même une cabane ou une tente roulote) partout dans le monde chez un particulier

AirBnB permet de louer un appartement, une maison (voire même une cabane ou une tente roulote) partout dans le monde chez un particulier
Photo Credit: Airbnb

Les locataires des métropoles canadiennes s’arment contre Airbnb

Les résultats d’une nouvelle étude viennent donner des munitions aux locataires qui se battent contre la présence d’Airbnb dans leur quartier et contre l’indifférence bien souvent des responsables municipaux et provinciaux au Canada.

David Wachsmuth

David Wachsmuth

L’enquête d’urbanistes de l’Université McGill à Montréal suggère que le système d’hébergement Airbnb profite principalement à une minorité de propriétaires, souvent américains, dans les trois métropoles du Canada.

Les urbanistes qui ont étudié ce marché de location de logements à court terme pour les touristes à Montréal, Vancouver et Toronto ont enregistré d’année en année une hausse de 50 % du nombre de logements ou de maisons loués à court terme à des touristes.

Les chercheurs concluent que 10 % des propriétaires de logements proposés sur Airbnb accaparent presque 50 % de l’ensemble des recettes annuelles de 430 millions de dollars de ce lucratif marché dans les trois villes canadiennes.

David Wachsmuth, de la Chaire de recherche du Canada en gouvernance urbaine de l’Université McGill, affirme que les listes Airbnb achètent le stock de logements disponibles et gonflent ainsi les loyers.

Carte de l’hébergement d’Airbnb à Montréal
© ICI Radio-Canada

Des entreprises de location se cachent derrière la vitrine d’Airbnb

« Nous avons découvert deux choses importantes. D’abord, une grande partie des activités et des recettes était concentrée entre les mains d’un petit nombre d’hôtes. Et ensuite que cette concentration croît sans cesse », dit M. Wachsmuth en entrevue.

Ces hôtes sont notamment des propriétaires de plusieurs logements. Il s’agit de certaines grandes sociétés de gestion immobilière, pas tout à fait des familles qui louent leur résidence pendant leurs vacances, soutient M. Wachsmuth. Et cette industrie réduit, selon l’urbaniste, l’offre de logements conventionnels dans les villes.

Le professeur Wachsmuth suggère quelques mesures d’atténuation, par exemple de limiter à une seule le nombre d’unités d’habitation que les hôtes peuvent inscrire sur Airbnb, et de freiner la location à court terme d’une unité tout au long de l’année, en fixant une limite annuelle au nombre de nuitées qui peuvent être offertes en location.

Écoutez

Airbnb propose une image alternative du marché

Lindsey Scully - LinkedIn

Lindsey Scully – LinkedIn

L’entreprise Airbnb rejette ce portrait des propriétaires fait par les chercheurs de l’Université McGill. Elle prétend que 80 % de ces propriétaires avec qui elle fait affaire sont de simples citoyens qui louent leur propre maison ou logement.

Airbnb soutient en fait qu’une petite partie seulement des maisons à Toronto et à Vancouver est louée assez régulièrement pour rapporter plus d’argent que ne le ferait la location à long terme du même appartement.

Le porte-parole de l’entreprise américaine, Lindsey Scully, mène une charge à fond de train. « L’auteur de cette étude est reconnu pour manipuler les données brutes afin de fausser l’image des hôtes Airbnb, en grande majorité des familles de classe moyenne qui partagent leur résidence pour boucler leurs fins de mois. »

Trois grandes villes canadiennes aux prises avec le problème Airbnb

La Ville de Toronto dévoilait en juin dernier une nouvelle réglementation pour encadrer les propriétaires qui offrent leurs propriétés sur le site d’Airbnb, où le géant américain estime que plus de 15 000 locateurs font appel à ses services. Les locateurs devront ainsi détenir un permis comme l’a décidé l’an dernier la province de Québec.

À Montréal, les locateurs sont donc en principe assujettis à la Loi sur les établissements d’hébergement touristique, qui rend illégale toute location de 31 jours et moins, sauf si la personne qui offre l’hébergement possède une attestation de classification, un permis spécial délivré par la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).

Un particulier qui loue sans permis est passible d’une amende de 2500 $ à 25 000 $. Dans le cas d’une compagnie, c’est le double. Dans les faits, depuis l’entrée en vigueur de la loi anti-Airbnb, entre avril 2016 et avril 2017, à peine 0,4 % des 10 000 annonces sur le site de location de logements à Montréal ont reçu une validation de Tourisme Québec.

À Vancouver, troisième ville en importance au Canada, les responsables municipaux viennent de publier un rapport de 75 pages qui détaille la distribution des 6000 locations à court terme dans la ville et une analyse de combien de personnes devront se conformer aux nouvelles règles.

Si ces règles étaient approuvées, elles obligeraient les locateurs à obtenir un droit annuel de licence d’exploitation de 49 $ et l’on interdirait la location de plus d’un logement par un propriétaire.

Réglementation pour Airbnb à San Francisco Photo : Radio-Canada/Vincent Wallon / Icônes : Freepik de www.flaticon.com
Réglementation pour Airbnb à San Francisco Photo : Radio-Canada/Vincent Wallon / Icônes : Freepik de www.flaticon.com
La réglementation pour Airbnb à New York Photo : Radio-Canada/Vincent Wallon / Icônes : Freepik de www.flaticon.com
La réglementation pour Airbnb à New York Photo : Radio-Canada/Vincent Wallon / Icônes : Freepik de www.flaticon.com

RCI avec La Presse canadienne et CBC et la contribution de Julie Marceau, Yvan Lamontagne, Julie Dufresne et Laurent Therrien de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Société
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