Photo Credit: Reuters/Chris Wattie

Plus de 5 Québécois sur 10 veulent empêcher les réfugiés d’entrer directement à la frontière

Environ la moitié des Québécois, 51 %, estiment que les autorités devraient empêcher les migrants d’entrer au pays directement à la frontière canado-américaine, notamment au poste-frontière de Saint-Bernard-de-Lacolle. Et près de 40 % croient qu’une arrivée importante de migrants rendra le Québec moins sécuritaire.

Le campement de Saint-Bernard-de-Lacolle compte pour l’heure 32 tentes pouvant accueillir plus de 500 migrants. Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Le campement de Saint-Bernard-de-Lacolle compte pour l’heure 32 tentes pouvant accueillir plus de 500 migrants. Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes © PC/Graham Hughes

Ces données proviennent du sondage de l’agence SOM, réalisé la semaine dernière.

Plus de 5000 personnes, souvent d’origine haïtienne, auraient pénétré illégalement au Québec depuis un mois et demi, une statistique qui n’a pas encore été confirmée officiellement par le gouvernement canadien.

Ce sont les Québécois de plus de 35 ans et ceux de la région de la ville de Québec qui sont les plus favorables à l’idée de les empêcher d’entrer au Québec, dans des proportions de 57 % à 59 %.

À l’opposé, 37 % des Québécois interrogés ne croient pas qu’il faille empêcher les migrants d’entrer au pays directement à la frontière canado-américaine.

Voici la question qui a été posée:
Doit-on accueillir davantage d’immigrants au Canada à la suite des mesures anti-immigration du président Trump?
Oui : 36 %
Non : 55 %
Ne sait pas, ne répond pas : 9 %

Une famille de demandeurs d’asile traverse la frontière canadienne. © Radio-Canada

Une famille de demandeurs d’asile traverse la frontière canadienne. © Radio-Canada

Analyse des données et leurs portées

Éric Lacroix, coprésident de SOM
Éric Lacroix, coprésident de SOM

Au cours d’une entrevue, Éric Lacroix, coprésident de SOM, a tenté d’expliquer l’opinion des personnes interrogées. « Au moment où ça a eu lieu (le sondage), on avait des discours très jovialistes de la part de nos dirigeants. Le premier ministre (Justin) Trudeau, le premier ministre (Philippe) Couillard, le maire de Montréal aussi, M. (Denis) Coderre. Donc, on avait l’impression que c’était : venez, entrez, c’est le bar ouvert, vous êtes acceptés. »

« Il y avait une impression dans la population, aussi, à ce moment-là, qu’en agissant de façon illégale comme ça, donc en franchissant la frontière de façon illégale, ces gens-là allaient avoir un statut privilégié par rapport aux gens qui respectent les règles. Il y avait une réaction épidermique», a-t-il ajouté.

Le ton des dirigeants politiques a changé depuis, estime-t-il, au point où les résultats seraient peut-être différents si on réalisait le sondage aujourd’hui.

Un groupe de migrants traversent la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec. Photo : Radio-Canada/Ryan Remiorz
Un groupe de migrants traversent la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec. Photo : Radio-Canada/Ryan Remiorz

Un problème de sécurité pour beaucoup de Québécois

Au moins 39 % des personnes interrogées croient que l’arrivée récente et importante de migrants rendra le Québec moins sécuritaire.

Cette donnée pourrait paraître surprenante, car la plupart de ces demandeurs d’asile sont d’origine haïtienne et Haïti n’a jamais été associé au terrorisme, aux violents conflits.

M. Lacroix tente une explication de ce raisonnement. « Il y a quand même une certaine criminalité de gangs de rue, où l’on a des gens de nationalité haïtienne qui sont impliqués. Peut-être que cette crainte-là vient de ça. Le fait qu’ils entrent, qu’ils n’auront pas nécessairement de travail, qu’ils n’auront pas de permis de travail dans les premiers mois, pendant que leur demande va être évaluée, peut-être que ça va faire en sorte que certains vont être désespérés et vont s’associer à des gangs de rue, faisant monter la criminalité. »

Mais, à l’opposé, 48 % des Québécois ont dit croire que cela n’aurait aucun effet sur la sécurité au Québec. Les universitaires sont 65 % à le croire, alors qu’ils sont 59 % chez les 18 à 34 ans.

Ville refuge : pas dans ma cour?

Denis Coderre. PC
Denis Coderre. PC

La décision du maire Coderre d’avoir désigné Montréal comme ville refuge pour les sans-papiers semble avoir mal passé.

Ils sont ainsi 63 % à être « plutôt » ou « tout à fait » en désaccord avec cette décision.

Et, à l’inverse, 31 % sont « plutôt » ou « tout à fait » d’accord avec la décision du maire d’avoir fait de Montréal une ville refuge pour les sans-papiers.

Le saviez-vous?
Une majorité de Canadiens exprime des craintes par rapport à l’immigration
Dans un sondage réalisé il y a moins de six mois par la Maison Crop pour Radio-Canada auprès de 1037 internautes québécois adultes, les 9 et 10 août derniers on découvrait que les Canadiens dans leur ensemble sont généralement accueillants… mais aussi méfiants à l’endroit des immigrants.
Les immigrants au Canada, un plus ou un moins? Lisez la suite… 

RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés
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