Pour la première fois dans l’histoire du Canada, le chef d’état-major canadien, Jonathan Vance, a participé dimanche au défilé de la fierté gaie à Ottawa, en compagnie d’un groupe de hauts responsables militaires.
Le chef d’état-major canadien, Jonathan Vance, au défilé de la fierté gaie à Ottawa Photo: Justin Tang La Presse canadienne
Le général Vance avait annoncé qu’il défilerait pour envoyer un message de solidarité à la communauté LGBT et montrer que ses membres sont bienvenus dans les Forces armées canadiennes.
Ce geste survient alors qu’aux États-Unis le président Donald Trump a annoncé sa décision d’interdire aux personnes transgenres de servir dans l’armée américaine.
Motivée notamment par le besoin de grossir ses rangs, l’Armée canadienne tente donc de se présenter comme une organisation accueillante pour les Canadiens de toute ethnie, religion ou orientation sexuelle.
D’autres dirigeants de l’armée passent à l’action. Le commandant de la Marine royale canadienne, Ron Lloyd, avait publié une directive il y a quelques semaines pour encourager les militaires à participer aux défilés de la Fierté gaie en uniforme.
Une stratégie sur la diversité : une exigence opérationnelle
Ce n’est pas un luxe, ce n’est pas de l’ingénierie sociale, ce ne sont pas des manœuvres politiques ou de la rectitude politique. C’est maintenant une exigence opérationnelle, estime le chef d’état-major de la défense, Jonathan Vance.
« L’idée que les gens avec différentes perspectives, différentes expériences, différentes compétences feront une armée plus forte s’est formée au cours de la dernière année et demie », a-t-il affirmé dans une entrevue récente.
Le général Vance a pris l’initiative sans précédent d’ordonner à l’armée d’augmenter son pourcentage d’employées de 25 % dans les 10 prochaines années, pour qu’il passe à 15 % au total.
Les recruteurs ont maintenant lancé des campagnes de publicité ciblées vers les femmes qui ont précédemment manifesté l’intérêt de faire une carrière militaire, sans faire le saut.
Aide-mémoire… – Le 7 juin dernier, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a dévoilé la nouvelle politique de l’armée comprenant un objectif d’enrôlement revu à la hausse avec 71 500 membres pour la Force régulière, soit une augmentation de 3500 militaires. – L’armée éprouve cependant des difficultés à atteindre sa cible actuelle de 68 000 membres de la Force régulière d’ici 2018-2019. – Pour atteindre cet objectif, la Défense nationale envisageait de recruter 5200 militaires en 2016-2017. Or, c’est environ seulement 4542 militaires en devenir qui se sont manifestés jusqu’ici.
Tout le monde n’est pas d’accord avec ce virage, dont des gens en uniforme, admet le vice-amiral Ron Lloyd. Changer l’image de l’armée n’est pas un exercice joyeux pour tous, fait-il remarquer.
Il y a d’autres défis que celui de convaincre les militaires de l’importance de la diversité. L’armée tente encore de se distancer de plusieurs années de manchettes, de nouvelles et de reportages négatifs sur le traitement des femmes et des membres de la communauté LGBT, notamment par l’adoption d’une politique de tolérance zéro face à l’inconduite sexuelle.
Notons également une indifférence historique des communautés ethniques à l’égard de l’armée, surtout chez les immigrants qui viennent de pays où l’armée a une mauvaise réputation. Mais il y a aussi le problème — déjà cerné par le vérificateur général Michael Ferguson — du système de recrutement englué dans la bureaucratie et les compressions de l’ancien gouvernement conservateur.
« Nous sommes assurément encore au stade de la planification. Nous sommes au point de dire : “Que devons-nous faire?” », demande le lieutenant-général Lamarre.
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