L'Association canadienne des stagiaires soutient que l'existence de stages non rémunérés crée des iniquités car ils avantage les gens qui viennent de milieux familiaux aisés et qui peuvent travailler en étant peu ou pas payés.

L'Association canadienne des stagiaires soutient que l'existence de stages non rémunérés crée des iniquités car ils avantage les gens qui viennent de milieux familiaux aisés et qui peuvent travailler en étant peu ou pas payés.
Photo Credit: Radio-Canada

Est-ce la fin pour les étudiants au Canada de stages en entreprise « beaux, bons, pas chers »?

Ottawa veut mettre fin aux stages non rémunérés. Travailler sans être payé serait la réalité d’environ 300 000 Canadiens, pour la plupart des étudiants.  En campagne électorale, en 2015, les libéraux de Justin Trudeau avaient promis d’établir des « standards clairs au sujet des stagiaires » afin de « les protéger contre l’exploitation ».

Mettre fin aux stages non rémunérés pourrait augmenter la qualité de vie de milliers de jeunes travailleurs.
Mettre fin aux stages non rémunérés pourrait augmenter la qualité de vie de milliers de jeunes travailleurs. © IS/iStockphoto

Mettre fin aux stages non rémunérés pourrait cependant éliminer des occasions de rêve d’obtenir de l’expérience pratique.

Les entreprises privées et plusieurs organismes publics ont commencé à avoir recours de façon plus systématique à ces stages « beaux, bons, pas chers » dans la foulée de la crise économique de 2008.

Les premières enquêtes sérieuses sur les impacts négatifs de ce phénomène datent de 2014.

Sean Geobey, un chercheur associé au Centre canadien de politiques alternatives, et l’auteur du rapport intitulé The Young and the Jobless, indiquait alors que beaucoup de jeunes travailleurs n’osaient pas se plaindre et préféraient s’endetter dans l’espoir de se faire une place dans l’organisation qui leur ouvraient gratuitement leurs portes.

Interdire la pratique au Canada

Patricia Hajdu
Patricia Hajdu ©  The Canadian Press / Sean Kilpatrick

La fin des stages non rémunérés pourrait donc devenir une réalité dès l’automne prochain, avec le dépôt bientôt d’un projet de loi par la ministre du Développement de la main-d’œuvre et du Travail du Canada, Patricia Hajdu.

« Nous pensons que c’est injuste, nous pensons que c’est abuser des jeunes et qu’il existe de meilleures façons pour eux d’acquérir de l’expérience », soulignait il y a quelques jours la ministre lors de son passage à une émission radiophonique sur les ondes de CBC à Toronto.

Si le projet de loi est adopté, toutes les entreprises du secteur fédéral, comme les télécommunications (cela inclut Radio-Canada), les transports et les banques, devront offrir une rémunération à leurs stagiaires.

La nouvelle enchante plusieurs associations étudiantes, qui voient trop d’étudiants s’endetter jusqu’au cou en essayant de combiner travail et études, alors qu’ils ne sont pas payés.

Écoutez

Le gouvernement canadien est le premier à ne pas payer ses stagiaires

Le gouvernement canadien a enfreint ses propres règles relatives à l’emploi en ne payant pas certains de ses stagiaires, selon les résultats d’une enquête interne du Conseil du Trésor du Canada et dont Radio-Canada a obtenu copie l’an dernier. L’enquête révélait qu’au moins 4 ministères et agences sur 12 n’avaient pas rémunéré des stagiaires entre le 1er janvier 2015 et le 15 mars 2016.

Pourtant, la politique du fédéral stipule clairement que tous les stagiaires doivent recevoir un salaire, sauf lorsque leur programme d’études l’interdit.

Le Conseil du Trésor, qui a le mandat de veiller au respect des politiques d’emploi au gouvernement, a mené son enquête auprès de 12 ministères et agences. Il avait ordonné l’ouverture de l’enquête peu après l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Justin Trudeau.

Les agences contrevenantes étaient : le ministère des Anciens Combattants, Patrimoine Canada, l’Agence spatiale canadienne et Affaires mondiales Canada. Affaires mondiales Canada, qui gère les relations diplomatiques et consulaires du pays, avait eu en particulier 188 stagiaires impayés durant la période couverte par l’enquête.

Le centre spatial John H. Chapman, à Saint-Hubert, près de Montréal et siège social de l'Agence spatiale canadienne Photo : Agence spatiale canadienne
Le centre spatial John H. Chapman, à Saint-Hubert, près de Montréal et siège social de l’Agence spatiale canadienne Photo : Agence spatiale canadienne

RCI avec la contribution de Frédérique Mazerolle, Geneviève Murchison, La route des 20, et Lyne Boily de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Société
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