Aide à mourir pour les malades d’Alzheimer : 91 % des proches aidants québécois disent oui
Par Stéphane Parent | francais@rcinet.ca Publié le vendredi 22 septembre 2017 à 07:02
Mis à jour le vendredi 22 septembre 2017 à 09:43
La Fédération québécoise des sociétés d’Alzheimer dévoile les résultats d’une consultation menée auprès de 306 proches aidants, majoritairement des femmes.
On y apprend qu’une vaste majorité de proches aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au Québec se disent en faveur d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes. Mais à l’heure actuelle, même avec des directives anticipées écrites, cela ne serait pas permis par la loi.
Pas moins de 91% d’entre eux appuient l’idée d’étendre l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes qui seraient rendues au stade terminal, avec signes de détresse et qui auraient énoncé des directives par écrit auparavant.
En vertu des règles établies, la personne doit être apte à consentir à l’aide médicale à mourir jusqu’à la dernière minute. Elle doit donc pouvoir changer d’idée, même si elle a consigné ses volontés par écrit à l’avance. Cela ne serait pas le cas avec une personne atteinte d’alzheimer au stade avancé, a-t-il fait remarquer.
La loi québécoise sur les soins de fin de vie stipule qu’une personne admissible à une aide médicale à mourir doit être à l’agonie et atteinte d’une maladie incurable et qu’elle doit en plus être lucide pour donner elle-même son consentement.
Sont donc exclues d’emblée toutes les personnes, de plus en plus nombreuses dans la société québécoise vieillissante, souffrant de différentes formes de démence, dont l’alzheimer.
Le saviez-vous?
– Au Québec, plus de 141 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives.
– En incluant les proches aidants, près de 500 000 Québécois sont touchés par ces maladies. Selon la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, cette maladie coûte près de 1,5 milliard de dollars chaque année au Trésor québécois.
« C’est un danger énorme pour la société d’ouvrir la porte à permettre l’aide médicale à mourir à des gens qui ne sont pas en état de le demander, de se défendre aussi », a dit Jean-Pierre Ménard, avocat spécialisé en droit médical.
La situation est en fait si délicate que même la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer a choisi de ne pas prendre position à la suite de ce sondage.
Pour éviter toute dérive, il faudrait toujours pouvoir s’assurer que la demande initiale provienne de la personne elle-même et non des proches, prévient la députée du Parti québécois Véronique Hivon. Cette dernière est à l’origine des premières démarches sous le précédent gouvernement du Parti québécois pour doter le Québec d’une loi légalisant l’aide médicale à mourir.
Le Québec pourrait étendre l’aide médicale à mourir
Un consensus se dessinait l’hiver dernier au sein des parlementaires québécois qui ont adopté en 2015 la première loi au Canada légalisant par compassion humanitaire la pratique du suicide assisté pour certaines catégories de patients sans espoir de guérison.
L’idée serait de jeter les balises d’un débat public sur la pertinence de légaliser cette fois l’aide médicale à mourir pour les personnes incapables de donner un consentement éclairé, comme les celles atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Sans prendre d’engagement précis, le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, a ouvert en février dernier la porte à la tenue d’un tel débat public réclamé par les deux principaux partis d’opposition, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec.
L’idée qui circule en ce moment parmi les élus serait donc d’examiner la possibilité d’élargir l’application de la loi aux personnes ayant donné un consentement préalable, au moment où elles pouvaient le faire, par voie de mandat en cas d’inaptitude.
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