Le Canada et le Mexique maintiennent une relation diplomatique et commerciale depuis 70 ans déjà. Selon Affaires mondiales Canada, le commerce bilatéral de marchandises se situait à plus de 37,8 milliards de dollars en 2015. Comme on sait, les deux pays font partie de l’Accord du libre-échange nord-américain depuis 1994 et ils le renégocient actuellement. Cependant, comme l’a dit le premier ministre JustinTrudeau devant le sénat mexicain le 12 octobre dernier, le respect des droits de la personne continue d’être une préoccupation commune, et avec raison.
Selon les Nations unies, le Mexique est l’un des 30 pays où les droits de la personne sont le plus fréquemment violés, le Venezuela étant le pays où la situation est la plus dramatique. Pour Amnistie internationale, la violation des droits au Mexique est endémique et sa garantie n’est pas accessible à tous les secteurs de la population. Pour sa part, le Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, a déclaré en 2016 que la protection du droit à la vie au Mexique n’a pas assez changé depuis sa mission d’enquête de 2013 dans le pays.
Invitée par le Conseil canadien pour la coopération internationale, une délégation d’experts mexicains en droits de la personne (CCCI) est à Ottawa depuis le début de la semaine pour discuter avec les parlementaires canadiens et de représentants gouvernementaux, alors que le nombre de personnes disparues, les meurtres et les déplacements forcés dans leur pays continuent d’inquiéter.
Certains membres de la délégation se sont réunis avec le premier ministre Trudeau, ainsi qu’avec le sous-comité des droits internationaux de la personne de la Chambre des communes et le secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères, Matt De Courcey.
Mais qu’est-ce qu’est venue faire cette délégation au Canada? Isabelle Bourassa, agente des groupes de travail régionaux au CCCI explique qu’avant tout, leur visite avait pour but de créer une plus grande compréhension des enjeux auxquels la société mexicaine doit faire face quotidiennement (Durée de l’extrait 00:37) :
- Des élèves préparent un événement en commémoration des 43 élèves disparus à l’école rurale Raul Isidro Burgo à Ayotzinapa, à Tixtla Guerrero, au Mexique, le 21 septembre 2016. REUTERS / Carlos Jasso
- Santiago Aguirre, du Centre pour les droits humains Miguel Agustin Pro Juarez,
- Daniela Pastrana du Réseau des journalistes Red de Periodistas de a Pie,
- Araceli Tecolapa Alejo du Centre pour les droits humains Morelos y Pavón,
- Gustavo Lozano du Réseau mexicain pour les communautés affectées par les mines et
- Arturo Alcalde Justiniani, expert en droit du travail.
À partir de leur expérience et de leur expertise particulière, les délégués ont voulu passer un message aux Canadiens. L’un d’entre eux l’a fait comme suit :
Isabelle Bourassa explique le bilan des rencontres des membres de la délégation mexicaine avec les représentants du gouvernement canadien est positif, mais qu’il reste beaucoup à faire surtout en ce qui concerne la présence des compagnies minières canadiennes au Mexique (durée de l’extrait : 1:55) :
- Un autocollant sur le mur dit : « Il nous manque 43!, Où sont les 43? » L’autocollant est à côté d’un élève de l’école rurale Raul Isidro Burgo à Ayotzinapa, au Mexique. Le graffiti sur le mur se lit comme suit : « La répression est un crime ». REUTERS / Carlos Jasso
Certes le Mexique et le Canada sont des partenaires commerciaux, mais dans la pratique, quelles mesures le Canada pourrait instaurer pour que la situation des droits de l’homme au Mexique change? Isabelle Bourassa du CCCI croit qu’il y a beaucoup que les autorités canadiennes peuvent faire. Un exemple serait d’établir des balises pour observer les actions des entreprises canadiennes au Mexique, dont les compagnies minières, et au niveau diplomatique, on doit être capables de profiter des bonnes relations entre les deux pays (durée 2:17) :
La majorité des membres de la délégation mexicaine retourneront demain dans leur pays.
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