Stephen Bronfman et Justin Trudeau en 2013.

Stephen Bronfman et Justin Trudeau en 2013.

Trudeau embarrassé par un riche ami qui l’emporterait au paradis

Stephen Bronfman, un bon ami de Justin Trudeau, et l’ex-sénateur libéral Leo Kolberont aurait joué un rôle-clé dans une fiducie de plus de 60 millions de dollars américains aux îles Caïmans.

Ces révélations font partie des Paradise Papers, une fuite de documents obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

Selon une analyse plus approfondie de ces documents par CBC/Radio-Canada, menée conjointement avec le quotidien canadien Toronto Star, près de 3300 Canadiens, entreprises, fiducies et fondations auraient commis de l’évitement fiscal.

Les Paradise Papers montrent comment Stephen Bronfman et la société d’investissement appartenant à sa famille, Claridge inc., seraient liés à une fiducie dans les îles Caïmans qui se servirait de moyens douteux pour éviter de verser des millions de dollars à l’impôt.

Découvrez :
Paradise Papers : la filière canadienne – Radio-Canada 

Les partis d’opposition mènent la charge contre Stephen Bronfman

Pierre Poilievre
Pierre Poilievre © Radio-Canada

Les partis d’opposition à Ottawa ont talonné de question, lundi, le premier ministre canadien au sujet de Stephen Bronfman, un ami de Justin Trudeau qui est l’un des hommes les plus riches du Canada et qui est le responsable des campagnes de financement du Parti libéral du Canada.

À la Chambre des communes, lundi après-midi, Pierre Poilievre, le porte-parole conservateur en matière de finances, a affirmé : « Stephen Bronfman est le principal homme d’argent du premier ministre; le premier ministre a pris des vacances avec lui et a même rompu avec le protocole pour l’amener à un dîner d’État avec le président Barack Obama. Maintenant, nous savons qu’il a utilisé un régime fiscal de 60 millions de dollars pour éviter de payer sa part d’impôt au Canada. »

Andrew Scheer
Andrew Scheer – PC

Le chef de l’opposition officielle, le conservateur Andrew Scheer, reproche quant à lui au premier ministre de prétendre cibler la classe moyenne avec sa réforme fiscale tout en permettant cependant à ses amis d’éviter de payer leur juste part d’impôt au Canada.

« Si les libéraux ne font rien dans la lutte contre les paradis fiscaux, est-ce que ce ne serait pas parce qu’ils protègent la famille libérale? », a pour sa part demandé le porte-parole néo-démocrate en matière de finances, Alexandre Boulerice.

Cuisiné sur les paradis fiscaux, Justin Trudeau s’esquive

Justin Trudeau
Justin Trudeau © Adrian Wyld/CP

Le premier ministre Justin Trudeau s’est gardé de commenter les allégations d’évitement fiscal qui pèsent sur son ami Stephen Bronfman, le responsable de la collecte de fonds du Parti libéral du Canada (PLC).

« Je vais laisser les individus concernés commenter leur propre situation », a-t-il dit alors qu’il était talonné par les conservateurs et les néo-démocrates lors de la période de questions.

«Je peux vous dire que l’Agence du revenu examine tous les liens avec des entités canadiennes et prendra toutes les mesures appropriées en ce qui concerne les Paradise Papers», a rétorqué M. Trudeau.

Dans un communiqué diffusé lundi, M. Bronfman écrit n’avoir « jamais financé ni utilisé de fiducies offshore ». Il admet toutefois avoir fait un prêt commercial à la fiducie Kolber il y a plus de 25 ans, remboursé en cinq mois et qui était conforme « à toutes les exigences légales, y compris en matière fiscale ».

Stephen Bronfman et Justin Trudeau. Deux bons amis.
Stephen Bronfman et Justin Trudeau. Deux bons amis.

D’anciens premiers ministres canadiens sont aussi mentionnés

L’ex-premier ministre Jean Chrétien dément les informations contenues dans les documents Paradise Papers, selon lesquelles il aurait détenu 100 000 options d’achats de Madagascar Oil Limited. Cette société serait enregistrée dans les Bermudes, selon CBC/Radio-Canada. M. Chrétien reconnaît avoir travaillé pour Madasgascar Oil en tant qu’avocat chez Heenan Blaikie. « Je n’ai jamais reçu d’options sur actions et je n’ai jamais eu un compte de banque en dehors du Canada », conclut-il.

Le nom de l’ex-premier ministre Paul Martin se retrouve également dans les documents. CBC/Radio-Canada rapporte l’existence d’une quinzaine de sociétés privées liées à Canada Steamship Lines, l’entreprise qu’il a longtemps dirigée. La majorité de ces sociétés seraient enregistrées aux Bermudes.

L’ex-premier ministre Brian Mulroney, dont le nom figure également dans les Paradise Papers, a évité de répondre aux questions des journalistes en s’engouffrant dans une voiture. Un document révèle que M. Mulroney siégeait au conseil d’administration de Saïd Holdings en 2004, une société privée enregistrée aux Bermudes.

Jean Chrétien, Paul Martin et Brian Mulroney
Jean Chrétien, Paul Martin et Brian Mulroney © Canadian Press et Reuters

RCI avec La Presse canadienne, CBC et la contribution de Daniel Blanchette-Pelletier de Radio-Canada

En complément

Nouveaux agissements d’entreprises canadiennes dans les paradis fiscaux – RCI 

Trouble in paradise: Justin Trudeau’s rich friends keep making things awkward – CBC 

Justin Trudeau cuisiné sur les paradis fiscaux par l’opposition – Radio-Canada 

Catégories : Économie, International, Politique
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