Cela fait au moins trois bonnes années que le gouvernement du Québec et son ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale mijote le projet d’implanter un système qui garantirait un revenu minimum aux citoyens.

Pourtant, un comité de trois experts universitaires mandatés pour évaluer la création d’un revenu minimum garanti n’a pas donné au gouvernement de Philippe Couillard les munitions qu’il espérait pour faire avancer son projet.
Pire encore, le comité lui a plus ou moins signifié que le Québec garanti déjà un revenu minimum aux citoyens étant donnée la panoplie de services gratuits et de programmes qu’il offre à la population.
Ces experts concluent que le système de soutien actuel correspond déjà pas mal à ce que procurerait un revenu officiel de base pour tous. Le système de soutien au revenu dans la province représente déjà une somme de 30 milliards de dollars. On recommande plutôt de simplifier et bonifier l’aide financière aux moins nantis, particulièrement les personnes seules et les couples sans enfant.
Le saviez-vous?
– Le revenu minimum garanti remplacerait les autres mesures de soutien aux citoyens, dont l’assurance-emploi et l’aide sociale.
– Avec ce système, chaque citoyen recevrait sans avoir à répondre à certains critères une allocation, un revenu mensuel ou annuel, peu importe s’il travaille.
– L’application du revenu minimum garanti connaît toutefois une résistance institutionnelle et il est difficile à vendre sur le plan politique.
Monsieur le ministre n’est pas content

Le ministre québécois de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, favorable à la création d’un revenu minimum garanti au Québec depuis l’époque où il était professeur de philosophie politique à l’Université Laval, critique les experts. « Le rapport est assez confus. Ils ont dit que c’est une utopie inspirante, ensuite on dit qu’on a en a déjà un au Québec », raille le ministre Blais.
Le ministre comptait beaucoup sur ce rapport, car il avait promis, à moins d’un an des élections provinciales, de présenter prochainement un nouveau plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
S’il n’a pas les arguments en poche qu’il recherchait, certains suggèrent que le ministre devrait tenter d’imiter la stratégie ontarienne en ce domaine. (voir plus bas)
ÉcoutezL’Ontario donne l’exemple
La province de l’Ontario a déjà jeté les bases il y a six mois d’un système de revenu minimum garanti en mettant sur pied un projet pilote dans trois villes.
Hamilton au sud, Thunder Bay au nord et Lindsay au centre participent à ce projet pilote. Un programme parallèle distinct a été mis en place pour les membres des Premières Nations.
Ce programme offre presque 2000 $ par exemple par mois à un couple qui voudrait entreprendre un nouveau projet de vie en commun.
Le programme ontarien de revenu minimum garanti: - Jusqu'à 16 989 $ pour une personne seule - Jusqu'à 24 027 $ pour un couple - Une somme additionnelle pouvant aller jusqu'à 6000 $ est octroyée aux personnes vivant avec un handicap. - Les participants continuent de recevoir l'allocation canadienne pour enfants et la prestation ontarienne pour enfants. - Le revenu minimum est toutefois réduit pour ceux qui reçoivent des prestations d'assurance emploi ou du Régime de pensions du Canada.

Au Canada, on a aussi expérimenté avec le programme de revenu minimum garanti entre 1972 et 1978 dans la ville de Dauphin, au Manitoba, et les résultats étaient probants : l'état de santé des habitants s'était amélioré, la création d'emplois et d'entreprises a augmenté... Lisez : Dauphin, ville pionnière du revenu minimum garanti - Radio-Canada
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Mathieu Dion, Claude Bernatchez, Catherine Perrin, Héloïse Bargain et Julie-Anne Lamoureux de Radio-Canada
En complément
Il faut simplifier et bonifier l’aide aux moins nantis, disent des experts – Radio-Canada
Le ministre Blais raille le rapport d’experts sur le revenu minimum garanti – Radio-Canada
Non massif à un revenu minimum garanti en Suisse – Radio-Canada
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