Une tour d’habitation du quartier Jane et Finch de Toronto. Stratégie nationale sur le logement - Des investissements massifs dans le logement abordable, mais aucune action concrète pour favoriser l'accession à la propriété.

Une tour d’habitation du quartier Jane et Finch de Toronto. Stratégie nationale sur le logement - Des investissements massifs dans le logement abordable, mais aucune action concrète pour favoriser l'accession à la propriété.
Photo Credit: Radio-Canada

40 milliards pour des logements abordables, mais dispersés sur 10 ans

La somme la plus importante du nouveau plan national annoncé mercredi par Justin Trudeau, 15,9 milliards, serait consacrée à un nouveau fonds pour réparer 240 000 logements communautaires et en construire 60 000 nouveaux.

Justin Trudeau annonce dans la ville de Toronto son plan.
Justin Trudeau annonce dans la ville de Toronto son plan. © PC/Chris Young

En dévoilant sa nouvelle stratégie nationale pour donner accès à des logements abordables et salubres à des dizaines de milliers de Canadiens, le gouvernement libéral de Justin Trudeau pensait peut-être en mettre plein la vue.

Depuis l’annonce de la nouvelle stratégie, des critiques lui remplissent les oreilles.

Les libéraux cherchent à apaiser les préoccupations des Canadiens par rapport à la faible disponibilité des logements et à leurs prix de location élevés en raison de la flambée du marché de l’immobilier et du désinvestissement dans les logements sociaux depuis 25 ans.

Le saviez-vous?
– Des données récentes du recensement indiquent que 1,7 million de ménages avaient des « besoins impérieux en matière de logement » en 2016, signifiant que ceux-ci ont dépensé plus du tiers de leurs revenus avant impôt pour un logement qui serait en deçà des normes ou ne répondrait pas à leurs besoins.

Construction de logements. La moyenne pour les taux de besoins impérieux en matière de logement abordable se situait à 12,7 % à l'échelle du pays en 2016, et à 15,3 % en Ontario. Au Québec, la moyenne est à 9 %.
Construction de logements. La moyenne pour les taux de besoins impérieux en matière de logement abordable se situait à 12,7 % à l’échelle du pays en 2016, et à 15,3 % en Ontario. Au Québec, la moyenne est à 9 %. © Radio-Canada

De l’argent, mais pas tout de suite

Manifestation à Rimouski pour un meilleur soutient aux logements sociaux.
Manifestation à Rimouski pour un meilleur soutient aux logements sociaux. © ICI Radio-Canada

La stratégie fédérale prévoit une nouvelle allocation d’aide au logement à laquelle environ 300 000 familles dans le besoin auraient droit.

Chaque ménage pourrait ainsi recevoir 2500 $ en moyenne, mais seulement à compter de 2020, donc après la prochaine élection fédérale. Cette mesure coûterait en tout 4 milliards et nécessiterait au départ la participation des provinces et des territoires.

Si la stratégie comprend aussi 9,1 milliards pour le maintien des 385 000 logements communautaires déjà existants, Ottawa s’attend ici aussi à ce que les provinces et les territoires offrent 4,3 milliards. Cette dernière exigence pourrait s’avérer être le talon d’Achille du nouveau projet de Justin Trudeau.

Écoutez
Des logements sociaux, à Rimouski au Québec. Selon Statistique Canada, seulement 75,5 % des ménages canadiens vivaient dans un logement abordable en 2014. Avec un taux inférieur à 73 %, l'Ontario et la Colombie-Britannique fermaient la marche.
Des logements sociaux, à Rimouski au Québec. Selon Statistique Canada, seulement 75,5 % des ménages canadiens vivaient dans un logement abordable en 2014. Avec un taux inférieur à 73 %, l’Ontario et la Colombie-Britannique fermaient la marche. © Radio-Canada

Un plan fédéral pour le logement qui n’est pas dans les plans québécois

Lise Thériault
Lise Thériault

La stratégie d’investissement de 40 milliards en 10 ans comprend les sommes du gouvernement fédéral, mais aussi le financement anticipé que les provinces et les territoires pourraient y accorder.

Les provinces devraient en fait investir des sommes équivalentes à celles qu’elles recevront si elles veulent obtenir leur part du gâteau.

La non-participation des provinces viendrait donc déboulonner un large pan du plan fédéral. Le Québec, notamment, dit qu’il ne souscrira pas à cette nouvelle stratégie nationale.

La province affirme qu’elle ne se fera pas imposer un plan qui, pour fonctionner, exige la participation technique et financière des provinces selon des modalités dictées par Ottawa.

« On ne se laissera pas imposer de conditions par le gouvernement fédéral. Les priorités appartiennent au Québec. On est capable de définir où on met nos priorités et présentement la priorité va à la rénovation du parc immobilier vieillissant », a dit la ministre québécoise responsable de l’Habitation, Lise Thériault.

Le gouvernement du Québec avait déjà fait parvenir une lettre au gouvernement fédéral en octobre dernier exigeant le respect de son champ de compétence en matière d’habitation. «Le gouvernement du Québec fait très bien en matière d’habitation communautaire, rappelle Mme Thériault. La Société d’habitation du Québec, ça fait 50 ans qu’elle est sur le territoire.»

RCI avec La Presse canadienne et CBC et Raphaël Bouvier-Auclair, Catherine La Chaussée, Yvan Côté et Philippe-Vincent Foisy de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Politique, Société
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