Après avoir annoncé mercredi avec grandes fanfares un plan canadien de 40 milliards de dollars sur 10 ans pour offrir plus de logements à prix modiques, le gouvernement canadien se rend à l’évidence que l’initiative serait vouée à l’échec au Québec sans un partenariat fédéral-provincial.

La nouvelle stratégie nationale sur le logement n’est viable qu’avec le financement que les provinces devront fournir en parallèle. Ottawa s’attend à ce que certains programmes du nouveau plan national soient financés selon la formule 50-50 par les provinces, sans quoi elles ne pourront y participer.
Alors qu’il semblait donc mercredi avoir mis la charrue devant les bœufs et froissé les sensibilités québécoises, le ministre fédéral responsable du dossier, Jean-Yves Duclos, s’est montré conciliant jeudi. Il a affirmé que le gouvernement fédéral est prêt à faire preuve de souplesse et à signer une entente asymétrique avec le Québec sur le logement.
« Il va y avoir une entente bilatérale séparée avec toutes les provinces et tous les territoires et, par conséquent, le Québec va avoir une entente spécifique », a soutenu le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos.
Le plan fédéral pour le logement qui n’est pas dans les plans québécois

L’habitation est un secteur de responsabilité provinciale. Or, quelques heures après l’annonce de mercredi, la ministre québécoise responsable de l’Habitation, Lise Thériault, avait affirmé que le gouvernement du Québec n’adhérerait pas à cette nouvelle stratégie nationale du gouvernement de Justin Trudeau.
Elle craint que les programmes québécois pour le logement abordable soient assujettis aux critères de la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHS).
Elle a fait valoir que la Société d’habitation du Québec (SHQ), qui est sur pied depuis 50 ans, a déjà ses priorités.
Un autre signe d’improvisation de la part du gouvernement de Justin Trudeau?

L’annonce de cette stratégie nationale sur le logement par le gouvernement Trudeau avant même qu’il ne se soit entendu avec les provinces est une autre preuve de son improvisation, selon le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer.
Mais il ne va pas jusqu’à dire que le Québec devrait pouvoir bénéficier d’un droit de retrait avec pleine compensation. « Je comprends la raison pour laquelle le Québec le demande, a-t-il dit en entrevue […] Je veux parler avec les représentants du gouvernement provincial pour en discuter. »
Mais pour le Bloc québécois, il n’y a pas de discussion à avoir. Ottawa doit écouter ce que le gouvernement québécois lui dit.
«Le Québec a son propre programme, ce n’est pas comme d’autres provinces canadiennes où il n’y en a pas», a invoqué le député Luc Thériault.
« On n’a pas besoin d’un grand frère pour nous dire quoi faire, a-t-il dénoncé. Ce n’est pas un partenariat. Les compétences sont chez nous. Elles sont au Québec. »
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40 milliards pour des logements abordables, mais dispersés sur 10 ans
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