Philippe Pichet, qui en est à sa seconde année d’un mandat de cinq ans comme dirigeant du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), vient d’être suspendu par le gouvernement du Québec. L’annonce a été faite en présence de la nouvelle mairesse Valérie Plante.
Sa suspension avec salaire et son remplacement par le directeur général de la Sûreté du Québec, le service policier provincial, créent un grand malaise au sein du SPVM, mais aussi au sein de la classe politique.
L’opposition officielle a durement critiqué cette décision du ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux, et la nomination temporaire de Martin Prud’homme.
Le porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé, a affirmé que le ministre avait « échoué à son test de leadership » en ne prenant pas en considération la rivalité bien connue entre le SPVM et la SQ.
« C’est le pire des scénarios, a dit M. Bérubé en point de presse. On décide de transférer le directeur de notre police nationale au SPVM sans se soucier des rivalités historiques et actuelles entre les deux corps de police. »
Ce qu’on reproche au chef de police montréalais Philippe Pichet
Les qualités de gestionnaire de Philippe Pichet sont remise en question à la lumière d’informations contenues dans un rapport accablant sur la gestion du corps de police de 4000 agents et sur les pratiques en vigueur à sa division des affaires internes.
Selon l’auteur du rapport, Me Michel Bouchard, M. Pichet n’a pas été en mesure de donner le coup de barre qu’il fallait pour redresser l’organisation.
Non seulement cela, a écrit Me Bouchard dans son rapport d’une centaine de pages, mais des processus d’enquêtes au sujet de graves allégations concernant des policiers du SPVM « qui auraient dû être suivis […] n’ont pas été respectés et varient de bâclés à inexistants ».
Des policiers soupçonnés d’inconduite auraient bénéficié de traitement préférentiel.
« Le malaise est profond et la confiance du personnel civil et policier à l’égard de la direction est à un niveau extrêmement préoccupant », conclut l’expert.
Aide-mémoire
Le SPVM a été marqué par plusieurs controverses
– M. Pichet avait dû licencier son chef de cabinet en octobre dernier à la suite de perquisitions menées dans les locaux du quartier général du SPVM par des policiers de la SQ.
– Des officiers dans les plus hautes sphères de l’organigramme du SPVM ont confié qu’il y avait, selon leur jugement, une absence de leadership au poste de directeur de la police de Montréal.
– Philippe Pichet a dû défendre l’an dernier la décision du SPVM d’épier les communications par cellulaire du journaliste Patrick Lagacé
Espionnage électronique par les policiers d’un journaliste canadien : du jamais vu!
Tout le Canada en parlait il y a un an : un chroniqueur de l’important quotidien La Presse avait été placé sous surveillance électronique par le SPVM, avec la permission d’une juge de paix.
On avait espionné non seulement les conversations téléphoniques du journaliste, mais aussi ses déplacements grâce aux informations de géolocalisation qui étaient transmises par son téléphone.
Écoutez notre reportage du premier novembre 2016 – Durée : 4:58
RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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