L’adoption du projet de réforme fiscale présentée par l’administration Trump et adoptée par la Chambre des représentants et par le Sénat est une nouvelle peu rassurante pour le Canada. Les opérateurs économiques espèrent une réponse rapide des différents paliers de gouvernement pour préparer les entreprises canadiennes à faire face aux incertitudes qui pourraient nuire à leurs performances.
Risque de devenir moins attrayant pour les investisseurs américains

En rabaissant le taux d’imposition des entreprises américaines de 35 à 20 %, l’administration Trump donne un coup de pied dévastateur aux entreprises canadiennes jusqu’ici habituées en quelque sorte à une fiscalité avantageuse, observe Stéphane Forget, le président directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
D’autres mesures favorables aux petites et moyennes entreprises (PME) sont également prévues, notamment un taux d’imposition plus favorable aux sociétés en nom propre, constituant 90 % des PME. De même, les grandes entreprises seront aussi invitées à rapatrier aux États-Unis, à taux préférentiel, leurs bénéfices détenus à l’étranger.
Dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem mardi, quelques heures avant l’adoption du projet de réforme par le Sénat américain, Stéphane Forget a fait part de son inquiétude de voir l’investissement au Canada en prendre un sacré coup, étant donné que la moitié des investissements directs au pays provient des sociétés américaines.
La réforme du président Trump est une invitation à peine voilée aux opérateurs économiques à investir davantage du côté américain.
Cela va stimuler à coup sûr la croissance de l’économie américaine, ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi pour ce pays, mais cette réforme peut apparaître comme un véritable coup de massue pour le Canada qui aura de la peine à attirer les investisseurs à cause d’un cadre fiscal devenu peu attrayant, en comparaison au nouveau cadre de son voisin du sud.
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Mesures d’urgence pour protéger les activités économiques au Canada
La Fédération des chambres de commerce du Québec invite les gouvernements provinciaux et fédéral à mettre en place les moyens qui permettront aux entreprises nationales d’être compétitives, et de protéger les activités économiques au pays.
Nous avons un avantage concurrentiel qui vient de disparaître, dit Stéphane Forget. Alors que les deux instances gouvernementales sont actuellement en réflexion sur leur prochain budget, elles sont invitées à définir des taux d’imposition responsables pour les entreprises nationales.
Autrement, comme l’a expliqué M. Forget, il s’agit d’adopter des taux d’imposition qui sont compétitifs. Le Québec, qui présente le plus haut taux de taxes sur la masse salariale au Canada, a un double effort à fournir dans ce sens, pour alléger des charges qui sont beaucoup trop importantes pour ses entreprises, contrairement aux entreprises américaines aujourd’hui.
Étant donné que l’administration Trump met en place l’amortissement accéléré qui permet à une entreprise qui investit chez elle d’avoir un retour rapide sur son investissement, il est demandé aux gouvernements du Québec et du Canada de mettre également en place cette mesure d’amortissement accéléré pour favoriser la compétitivité des entreprises et les inciter à investir davantage pour obtenir des contrats.
Le taux d’imposition des petites entreprises canadiennes a été certes ramené à 9 %, affirme Stéphane Forget, mais il observe qu’à l’opposé la réforme récente proposée par le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, a créé des incertitudes en ce qui concerne la capacité pour les entrepreneurs d’amasser de l’argent nécessaire pour continuer d’investir dans leurs entreprises.
Il n’y a pas que la taxation des entreprises qu’il faut revoir, mais aussi il faut réaménager l’environnement des affaires plus globalement, la taxe sur la masse salariale, etc. Autant d’éléments jusque-là favorables pour les opérateurs économiques canadiens, mais qui sont tombés en désuétude avec la réforme proposée par l’administration américaine.
Tous les secteurs de l’économie canadienne peuvent être touchés par cette réforme fiscale, prévient M. Forget. Le déficit qui s’accumule sans un plan précis de retour à l’équilibre budgétaire du côté d’Ottawa représente aussi un point d’inquiétude pour tous ces secteurs.
C’est pourquoi les opérateurs économiques souhaitent voir Ottawa se doter d’une marge de manœuvre financière importante pour faire face aux contrecoups possibles de la réforme américaine.
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