Dans la nuit de samedi à dimanche, l’une des plus froides de l’hiver, alors que le thermomètre restait figé à -25 degrés Celsius, le protecteur des sans-abri de Montréal est décédé. Le Père Emmett Johns, alias Père Pops, celui qui incarnait la main tendue aux jeunes de la rue sans les juger, s’est éteint à l’âge de 89 ans.
L’organisme «Dans La Rue», fondé par le Père Pops, confirme que le religieux, atteint de la maladie de Parkinson, est décédé de causes naturelles à la résidence pour personnes âgées où il vivait depuis quelques années, à Montréal.
« La mission de Dans la rue demeure profondément ancrée dans les valeurs de dévouement, empathie et respect, si chères à Pops », écrivait l’organisme en annonçant la triste nouvelle sur Facebook.
C’est à 59 ans, alors que la plupart d’entre nous envisagent un retrait de la vie professionnelle, que la seconde carrière d’Emmett Johns a véritablement commencée.
Trente ans et des milliers de sans-abri
C’est en 1988, il y a 30 ans cet hiver, que Pops s’était mis à circuler dans les rues de Montréal, inlassablement avec sa roulotte, pour y accueillir les jeunes sans-abri, les écoutant, les nourrissant et leur prodiguant affection et parfois conseil.
Pour mener à bien son projet, Emmett Johns avait contracté un prêt personnel de 10 000 $ d’une banque.
Le Père Pops a ensuite ouvert un refuge, baptisé «Le Bunker», puis, en 1997, un Centre de jour, où les jeunes pouvaient suivre des cours, participer à des ateliers d’art, de musique, d’informatique, en plus d’avoir accès à du soutien psychologique. En avril 2009, l’école du Centre de jour a d’ailleurs été rebaptisée l’École Emmett Johns.
Au moment de son décès, il s’était retiré depuis quelques années de l’administration de son organisme. Pour plusieurs, il a changé le regard que pose la société sur les sans-abri et il a inspiré plusieurs personnalités artistiques ou politiques à mener leurs propres actions pour revoir nos approches et nos perceptions des sans-abri.
Le saviez-vous? Le Père Emmett Johns a reçu plusieurs honneurs
– Membre de l’Ordre du Canada en 1999.
– Prix de la santé et du bien-être psychologique de l’Ordre des psychologues du Québec en 2003.
– Prix d’excellence du Service de police de Montréal.
– Prix humanitaire de l’Association des psychiatres du Québec.
– Prix Thérèse-Daviau, de la Ville de Montréal, remis à une personne engagée dans sa communauté.
– Doctorats honorifiques de l’Université Concordia, de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université McGill, en plus d’une Médaille de l’Université de Montréal.
– Nommé grand officier de l’Ordre national du Québec en 2003.
Emmet Johns, en 2003, lors d’une cérémonie où il a été décoré grand officier de l’Ordre national du Québec Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Marie-Laurence Delainey, Annie Desrochers et Catherine Perrin de Radio-Canada
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