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S’épuiser ou se déshumaniser à trouver l’amour sur les réseaux sociaux

Trouver l’âme soeur sur les réseaux sociaux est possible, nous connaissons tous des couples qui s’y sont découverts. Mais à long terme, est-ce l’idéal humain?

Aux États-Unis, les rencontres en ligne sont maintenant devenues la manière la plus commune de rencontrer son ou sa partenaire, et les applications virtuelles sont à l’origine maintenant de plus de 70 % des relations sexuelles des Américains. Et dire qu’on les dit plus prudes que les Canadiens…

Comme Canadien, l’amour au virtuel sous toutes ses formes est aussi très courant. Nous passons en moyenne, après tout, près de huit heures par jour devant un écran, qu’il s’agisse de notre téléphone cellulaire, de notre tablette numérique ou de notre vieux téléviseur. Huit heures qui minent peut-être la qualité de nos interactions avec les autres? Posez-vous la question.

D’abord, sur le plan de l’amitié, êtes-vous vraiment ami avec cette énième personne qui vous dit aimer ce que vous venez d’afficher sur Facebook? Il y a cinq ans que vous ne vous êtes pas vus. Êtes-vous vraiment connecté au vieux sens du terme avec cette personne?

Puis, dans votre quête robotisée de l’amour, seriez-vous là aussi en train de perdre un peu plus chaque jour votre humanité et ce qui fait de vous un être capable de rapprochement et de compassion? Quand il s’agit de trouver l’âme soeur, Facebook notamment, se fait séductrice et réductrice comme l’étaient les sirènes dans l’Odyssée et qui tentaient d’attirer Ulysse…

Une dépendance affective grandissante à l’influence « dopatrice » de Facebook – 4:45

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Révélations-chocs : il a mis au monde Facebook mais, il a peur de sa propre création

Chamath Palihapitiya - Crush

Chamath Palihapitiya – Crush

Chamath Palihapitiya, qui a été vice-président de l’acquisition d’utilisateurs à Facebook de 2007 à 2011, a créé toute une secousse sur les réseaux sociaux tout récemment. Il affirmait à l’occasion d’un entretien à l’Université de Stanford se sentir très coupable d’avoir contribué à l’essor de ce réseau social.

Avec Facebook, résume l’informaticien, on se donne la possibilité de développer des relations avec des personnes que l’on n’aurait jamais rencontrées et c’est très excitant. Mais ajoute t-il, « je crois que nous avons créé des outils qui sont en train de déchirer le tissu social qui définit le fonctionnement de la société. Même si nous faisions semblant qu’il n’y aurait pas de conséquences négatives, je pense que nous savions tous, au fond de nous-mêmes, que quelque chose de mal pourrait se produire ».

Ouvert au grand public en 2006, Facebook a été en partie créé par M. Palihapitiya, qui 12 ans plus tard remarque : « Les cercles vicieux alimentés par de petites doses de dopamine que nous avons créés sont en train de détruire la société. »

D’anciens cadres de Facebook et de Google tirent la sonnette d’alarme

Tristan Harris (photo), ancien éthicien interne de Google, est le fer de lance d'un nouveau groupe, le Centre for Humane Technology, qui fait campagne pour sensibiliser les gens aux effets négatifs des smartphones et des médias sociaux.

Tristan Harris (photo), ancien éthicien interne de Google, est le fer de lance d’un nouveau groupe, le Centre for Humane Technology, qui fait campagne pour sensibiliser les gens aux effets négatifs des téléphones intelligents et des médias sociaux.

Un groupe nouvellement formé d’anciens responsables de Facebook et d’autres entreprises affirme que leurs anciennes compagnies ont créé une dépendance invisible à la dopamine chez leurs utilisateurs dans le but de générer des revenus. Ils ont mis sur pied le Center for Humane Technology afin de dénoncer les stratégies addictives utilisées aussi par YouTube, Snapchat et Instagram pour garder les utilisateurs rivés à leur écran.

« Ce qui a commencé comme une course pour monétiser notre attention érode maintenant les piliers de notre société : la santé mentale, la démocratie, les relations sociales et nos enfants », écrivent-ils.

« Nous étions à l’intérieur. Nous savons ce que les entreprises évaluent. Nous savons comment elles parlent et nous savons comment la machine fonctionne », a déclaré au New York Times Tristan Harris, ancien employé de Google et directeur du nouveau groupe.

Ils cherchent maintenant à informer les jeunes, les parents et enseignants à propos des dangers de la dépendance aux médias sociaux.

Dans une petite boutique de Columbia, en Caroline du Sud, à une heure de route de chez elle, Susie essaie des robes de mariée. À 70 ans, elle est seule. Aucun membre de sa famille ou ami n’est présent pour la conseiller, pour partager ce moment avec elle. Si elle se trouve ici, c’est pour Howard, un homme qu’elle n’a jamais rencontré et à qui elle a prêté 90 000 $. Ses valises sont bouclées, sa garde-robe, vidée. Elle est prête à partir. Ne manque plus que le signal de celui qui l’a séduite sur Facebook. Pendant ce temps, son mari des 50 dernières années l’attend à la maison. ÉCOUTEZ LA SUITE...

Dans une petite boutique de Columbia, en Caroline du Sud, à une heure de route de chez elle, Susie essaie des robes de mariée. À 70 ans, elle est seule. Aucun membre de sa famille ou ami n’est présent pour la conseiller, pour partager ce moment avec elle. Si elle se trouve ici, c’est pour Howard, un homme qu’elle n’a jamais rencontré et à qui elle a prêté 90 000 $. Ses valises sont bouclées, sa garde-robe, vidée. Elle est prête à partir. Ne manque plus que le signal de celui qui l’a séduite sur Facebook. Pendant ce temps, son mari des 50 dernières années l’attend à la maison. ÉCOUTEZ LA SUITE…

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Rudy Desjardins, Catherine Perrin, Matthieu Dugal, Alain Gravel et Éric Gagnon de Radio-Canada

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Catégories : Internet, sciences et technologies, Société
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