OJ, le pitbull, porte des lunettes de soleil. © REUTERS/Robert Galbraith

Il n’y a pas de chiens plus dangereux que d’autres, selon la Humane Society International/Canada

Le 22 mars dernier, des représentants de l’Humane Society International/Canada (HSI) et de l’organisme Chiots Nordiques étaient à Québec dans le but d’assister aux séances du comité sur le projet de loi 128 – Loi québécoise visant à « favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens » qui constitue pour eux « une tentative controversée, discriminatoire et dangereuse de la part du gouvernement pour bannir certaines races de chien ». 

En entrevue avec Radio Canada International, Ewa Demianowicz, responsable de campagne pour HSI/Canada, a affirmé que ce projet de loi qui concerne principalement les chiens de type pitbull et rottweilers, ainsi que tout autre chien croisé avec l’une de ces races, est sans fondement scientifique puisqu’il déclare arbitrairement que ces races de chiens sont « potentiellement dangereuses ».

Manque de socialisation, manque de compréhension du comportement canin, abus ou maltraitance peuvent se compter parmi les multiples facteurs ayant un effet sur la dangerosité des chiens, toutes races confondues.

Pour sa part, le gouvernement a annoncé son intention d’interdire à terme les chiens de type pitbull si la loi est adoptée.

En fait, s’il est adopté, le projet de loi 128 interdira l’adoption de ces types de chiens dans l’ensemble de la province, ce qui pourrait aller à l’encontre des intentions de la Ville de Montréal. Les plans de l’administration de Valérie Plante visent à permettre toutes les races dans la ville. Et sans oublier les mesures adoptées il y a un an par celle de Marc Demers à Laval.

En commission parlementaire, Lise Vadnais, dont la sœur Christiane a été tuée par le chien d’un voisin en 2016 à Montréal, a beaucoup insisté sur la « dangerosité exceptionnelle » du pitbull, un animal « imprévisible », a-t-elle dit, en soulignant qu’il est responsable de la moitié des attaques de chiens même s’il ne représente qu’un petit pourcentage de la population canine.

© REUTERS / Eric Gaillard
Le pitbull a une histoire génétique unique et incomparable avec celle de tous les autres chiens. Il a été soigneusement croisé et sélectionné pour combattre et tuer, depuis près de deux siècles. Lisa Vadnais

Mme Vadnais a cité plusieurs études suggérant que, dans les juridictions où le pitbull a été banni, comme à Toronto, à Winnipeg et en Catalogne, le nombre de morsures nécessitant une hospitalisation a diminué de manière appréciable. Des représentantes de l’organisme canado-américain National Pit-Bulls Victim Awareness (NPBVA), qui réunit 75 groupes d’aide aux victimes de morsures, ont également appuyé l’intention de Québec d’interdire l’adoption de pitbulls.

Pour Ewa Demianowicz, la mauvaise réputation des chiens de race pitbull ne répond qu’à une hystérie collective alimentée entre autres par les médias :

La présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), Caroline Kilsdonk, va dans le même sens et invite le gouvernement à adopter « une approche plus globale » axée sur le long terme.

La Dre Kilsdonk a recommandé au gouvernement de mettre sur pied un registre national des blessures causées par des chiens de même que d’encadrer davantage les éleveurs. 

« La reproduction et la vente d’animaux devraient être mieux contrôlées. » Dre Caroline Kilsdonk
© REUTERS/ Dimitar Dilkoff

Les avis sur le sujet sont donc très partagés. Le 23 mars dernier, le propriétaire d’un chien pitbull ayant causé des blessures graves au visage d’une fillette a reçu une condamnation de quatre ans de prison. Dans sa décision, le magistrat a indiqué que l’accusé, Karim Jean Gilles, compte plusieurs antécédents criminels, représente peu d’espoir de réhabilitation et qu’il y a risque de récidive. Le juge a indiqué :

« On ne parle pas ici d’un accident de parcours, mais d’une conduite répétée qui persiste depuis plusieurs années. »

Ce jugement va d’une certaine manière dans le même sens que ce qu’avance la Humane Society International/Canada. Pour sa responsable de campagne, ce n’est pas la race du chien le problème lors des altercations ou des accidents. Pour elle, les propriétaires ont aussi une grande part de responsabilité. Par ailleurs, elle rappelle que les lois touchant l’encadrement des chiens ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, visent plusieurs aspects, dont des mesures spécifiques à appliquer, mais la race n’en est pas une.

Le ministre québécois de la Sécurité publique, Martin Coiteux, compte faire adopter le projet de loi avant les élections d’octobre prochain. 

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