Capture d'écran d'une photo publiée sur Facebook. Photo : Capture d'écran /Facebook

Le Danemark a interdit le voile intégral dans l’espace public : qu’en est-il au Canada?

À partir du 1er août au Denemark, le port du voile intégral dans l’espace public sera sanctionné d’une amende lourde, pouvant aller jusqu’à 10 000 couronnes, soit 2000S, en cas de récidive.

Une décision portée par le gouvernement de centre droit

Ce projet de loi, qui a reçu l’appui des sociaux-démocrates et du Parti populaire danois, a été adopté par 75 voix contre 30. Il vise aussi certains objets portés dans le but de masquer le visage, comme les cagoules ou les fausses barbes.

Dans certains pays européens, le port du voile intégral est interdit depuis plusieurs années.

C’est le cas en Italie et en France, qui a été le premier pays à le faire, dans une loi promulguée en octobre 2010 qui prévoit jusqu’à 150 euros (225 $) d’amende en cas de violation.

En Autriche et en Belgique, le port du voile intégral (burqa ou niqab) est aussi banni. L’Allemagne l’a fait partiellement, dans certains contextes seulement. Elle oblige les personnes travaillant dans le secteur public à donner les services à visage découvert.

Niqab Photo : Luc Lavigne

Le Canada moins restrictif?

Musulmanes au Canada : 513 390

48 % portent le voile

3 % le tchador

3 % le niqab

Le débat sur la neutralité religieuse et le port des signes religieux a été récurrent au Canada au cours des dernières années.

Le Québec est l’une des provinces où ce débat a suscité le plus de passion et de controverses. La Loi 62, adoptée par le parlement, y oblige à donner les services publics en ayant le visage découvert,

La seule évocation d’une interdiction du voile intégral dans les autobus de la Société de transport de Montréal a provoqué des manifestations. 

Le sujet a profondément divisé la classe politique au fédéral. Juste avant la dernière élection ayant porté les libéraux de Justin Trudeau au pouvoir, une cour fédérale venait de rendre un jugement sur le cas d’une musulmane qui avait refusé d’enlever son voile lors de la cérémonie de citoyenneté.

Le 15 septembre 2015, la Cour d’appel avait maintenu un jugement de février qui avait invalidé une directive ministérielle du gouvernement Harper interdisant le port du voile islamique couvrant le visage lors de ce serment.

La publicité du Bloc québécois intitulée « La goutte de trop ». Photo : Bloc québécois

On parle ici du niqab ou de la burqa […] La Cour d’appel fédérale avait estimé que la directive ministérielle du gouvernement Harper allait au-delà de la Loi sur la citoyenneté qui n’oblige pas une femme au visage couvert à se dévoiler lors du serment. En fait, la loi demande même de respecter les croyances religieuses dans la mesure du possible. Citoyenneté et Immigration Canada prévoit un accommodement permettant à une femme de se dévoiler en privé devant une agente, avant la cérémonie. Elle doit préalablement fournir deux pièces d’identité, dont une avec photo, ce qui est requis de tout demandeur. Et cela tient toujours. La Cour n’a toutefois pas statué sur la constitutionnalité de la question.

Les bloquistes et les conservateurs considéraient le niqab comme un outil « de domination, de discrimination et d’oppression » de la femme et ils comptaient faire en sorte que les services publics soient donnés ou reçus à visage découvert. Les libéraux et les néo-démocrates, lors de la campagne électorale, avaient préféré que l’affaire ne soit pas portée en appel devant la Cour suprême, dans un geste de tolérance envers les femmes portant le niqab dans l’espace public.

Le Canada, pays reconnu pour son multiculturalisme inclusif, demeure pour le moment sans législation précise sur le port des signes religieux. Il est important de signaler que l’adoption de la Loi 62, obligeant à donner les services publics à visage découvert au Québec, a été vivement critiquée dans les provinces majoritairement anglophones du Canada, dont l’Ontario et l’Alberta. Parlant du port de ces signes au sein des forces de l’ordre, le premier ministre Justin Trudeau a eu à souligner que c’est un atout :

Ça fait des années que la GRC permet ça, et ça permet d’avoir une force policière qui ressemble un peu plus à la communauté qu’elle sert. C’est un atout, je crois, pour la GRC .Justin Trudeau .

RCI avec Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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