En marge de la visite de Justin Trudeau et du G7, les producteurs de lait de la région manifestent afin de faire valoir leurs inquiétudes concernant les négociations de l'ALENA. Photo : Radio-Canada/Denis Lapierre

Gestion de l’offre : la manifestation en marge du G7 des producteurs canadiens de lait a-t-elle porté ses fruits?

À la veille du Sommet du G7, le premier ministre du Canada était parti à la rencontre de 150 agriculteurs du Saguenay qui avaient manifesté pour montrer leurs inquiétudes après la demande du président américain, Donald Trump, de démanteler le système actuel de la gestion de l’offre. Justin Trudeau leur avait alors promis de défendre leurs intérêts en veillant au maintien du statu quo.

RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

Des menaces si le système canadien n’est pas démantelé

L’offensive du président américain en ce qui concerne la gestion de l’offre est soutenue par des mises en garde, en cas de refus de démanteler ce système.

Si Donald Trump tient tant à ce changement, c’est parce qu’il souhaite que les États-Unis aient des parts plus importantes de marché au Canada. Une situation que redoutent les 12 000 producteurs canadiens dont les intérêts sont menacés.

Justin Trudeau, comme la plupart des chefs de gouvernement qui l’ont précédé à Ottawa, a promis à ces agriculteurs son appui indéfectible.

Justin Trudeau ne laissera pas tomber les agriculteurs canadiens
Si Donald Trump veut s’attaquer à la gestion de l’offre, il n’y en aura pas, d’ALENA, on ne va pas signer l’ALENA.

Il y a une raison pourquoi Donald Trump continu à faire des tweets sur les produits laitiers et le Canada, c’est parce que je lui ai dit plusieurs fois non, il ne touchera pas à notre système de gestion de l’offre. On va toujours défendre notre système de gestion de l’offre parce que ça fonctionne.

Les vaches laitières dans une ferme Photo : Radio-Canada/Lise Millette

Préserver les intérêts des producteurs canadiens

Au lendemain d’un Sommet du G7 mouvementé, qui se serait soldé par un échec de la vue de différents analystes, que peuvent espérer les agriculteurs canadiens?

Pas la moindre concession, car « le Canada impose des droits sur les produits agricoles américains et tient à son système de gestion de l’offre ».

Si l’on s’en tient à l’escalade verbale du président Trump contre le Canada et son premier ministre au terme du sommet, il serait possible de croire que cette tension n’augure rien de bien avantageux pour les producteurs canadiens qui ont beaucoup à perdre, si le système actuel venait à être modifié.

Le système actuel de gestion de l’offre remonte aux années 1970 et il porte essentiellement sur le lait, la volaille et les œufs. Il limite les importations en imposant des droits de douane sur les excédents de chaque pays, au-delà du niveau approuvé d’un commun accord. Des droits qui pourraient aller de 250 à 300 % sur certains produits tels que le beurre, la crème, le fromage, le lait entier et le yogourt.

Autrement, ils concéderaient des parts de marché supplémentaires, après une ouverture de près de 6 % de ce marché à l’Europe, à la suite de la signature de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne.

Justin Trudeau et Donald Trump au G7 à La Malbaie au Québec

Une ouverture qui permet depuis quelques mois l’entrée de près de 17 000 tonnes de fromage au Canada, et qui fait mal aux producteurs nationaux désormais aux prises avec une rude concurrence.

S’il faut abolir tous les quotas, tant en ce qui a trait à la production qu’à la commercialisation, cela ouvrirait la porte à un risque de saturation du marché, à une grande fluctuation des prix et des revenus des agriculteurs nationaux.

Cette situation pourrait être bénéfique pour le consommateur parce que les prix pourraient baisser et être du même coup plus démocratiques, mais le revers pour les producteurs pourrait se traduire en pertes colossales.

C’est ce qu’ils veulent éviter en interpellant le gouvernement d’Ottawa sur la nécessité de protéger ce secteur, en limitant les importations en provenance des autres pays et en maintenant notamment les quotas pour équilibrer l’offre et la demande sur le marché et éviter la fluctuation des prix.

En 2016, 431 millions de tonnes de produits laitiers ont été vendues par les États-Unis au Canada, alors qu’en retour, le Canada n’a exporté aux États-Unis que 112 millions de tonnes. Par ailleurs, le gouvernement fédéral américain subventionne l’agriculture nationale à hauteur de 20 milliards de dollars chaque année.

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Catégories : Économie, Politique
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