La Chambre des communes à Ottawa a été le théâtre d'une rare union sacrée contre le président américain Donald Trump lundi.
Photo Credit: Radio-Canada

Gouvernement et opposition à Ottawa se serrent les coudes face à Trump

Une fois n’est pas coutume, l’opposition et le gouvernement parlent le même langage à Ottawa. Ils ont adopté lundi à l’unanimité une résolution de l’opposition néo-démocrate soutenant la riposte du gouvernement de Justin Trudeau aux attaques américaines. Les parlementaires canadiens sont d’avis qu’Ottawa ne peut pas rester les bras croisés face aux mesures commerciales injustifiées de l’administration américaine contre son voisin et plus fidèle allié.

Charlie Angus, l’un des ténors du Nouveau parti démocratique (NPD, social-démocrate), a eu des mots assez durs contre M. Trump : « Le Canada ne se laissera pas intimider par cette crapule d’opérette », a-t-il lancé, qualifiant le président américain d’« homme à l’esprit étroit ».

Les conservateurs qui, la semaine dernière, avaient vertement critiqué Justin Trudeau pour avoir tardé à riposter aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium se montrent aussi solidaires du premier ministre Trudeau. Leur chef, Andrew Scheer, a dénoncé la rhétorique polarisante et les attaques personnelles de l’administration américaine contre M. Trudeau, qu’il juge « inutiles ». Pour M. Scheer, le Sommet du G7 à La Malbaie a clairement montré que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) actuellement en renégociation « est sérieusement menacé ».

Les conservateurs en première ligne

Même l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper, pourtant farouche critique de Justin Trudeau, a cru nécessaire de s’exprimer sur le sujet. « Je ne comprends pas cette obsession pour les relations commerciales avec le Canada », s’est-il demandé sur Fox News, la chaîne préférée du locataire de la Maison-Blanche.

D’ordinaire proche des républicains américains, l’ancien premier du Canada Stephen Harper y est allé de ses critiques contre Donald Trump. © Jake Wright

M. Harper ne croit pas en l’existence d’un déficit commercial américain avec le Canada, comme le clame Donald Trump. Il l’appelle à se concentrer plutôt sur la politique commerciale de la Chine qui nuit aussi bien au Canada qu’aux États-Unis.

Doug Ford, le nouveau premier ministre conservateur de l’Ontario, la province la plus peuplée du Canada, certes populiste et admirateur de Donald Trump, a néanmoins promis qu’il se tiendra côte à côte avec le premier ministre et les citoyens du Canada face au président américain.

Le Canada ne se laissera pas intimider. Nous répliquerons si l’administration américaine poursuit ses attaques contre nos exportations d’acier.Jason Kenney, chef de l'opposition conservatrice, Alberta
Cette rare communion de la classe politique canadienne tombe à pic pour Justin Trudeau dont l’étoile a commencé à pâlir quelque peu auprès d’une partie de l’électorat et dont le parti est talonné par les conservateurs dans les sondages, à un peu plus d’un an des élections fédérales.

Le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne pilote le projet de loi sur la ratification de l’Accord transpacifique. © (Adrian Wyld / Prensa Canadiense)

Regarder au-delà des États-Unis

Pour atténuer les effets du conflit commercial déclenché par l’administration américaine, le ministre canadien du Commerce international, François-Philippe Champagne, a annoncé le dépôt imminent d’un projet de loi portant sur la ratification du Partenariat transpacifique, signé avec 10 autres pays des rives du Pacifique. Le projet de loi doit être déposé dès jeudi.

Les économies canadienne et américaine sont étroitement imbriquées avec un va-et-vient constant de personnes et de marchandises, le Canada étant le plus grand partenaire commercial des États-Unis, pays avec lequel il réalise plus des deux tiers de tout son commerce international. Les deux pays partagent par ailleurs la plus longue frontière libre du monde. De part et d’autre on voit les mêmes voitures, le même style de maisons de banlieue et on parle, en grande partie, le même type d’anglais.

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