Femi Kuti promet une prestation mémorable au 32e festival international Nuits d’Afrique. Crédit : Festival international Nuits d’Afrique

Femi Kuti : héritage paternel énorme doublé d’un talent musical positif, un vrai régal au Festival Nuits d’Afrique

Le 32e festival international Nuits d’Afrique bat son plein à Montréal depuis deux jours. Parmi les artistes de grande renommée présents à ce rendez-vous culturel, le prince Diabate du Mali, Noubi du Sénégal, mais aussi et surtout Femi Kuti du Nigeria.

RCI avec le Festival international Nuits d'Afrique et une photo de CBC
Femi Kuti : un nom, une musique qui retentit outre son continent

L’histoire de Femi Kuti est celle d’un enfant issu d’une famille célèbre, moulé dans un univers où tout n’est que rythme et chant. Le fils de Fela Kuti s’inscrit à l’école de son illustre père, imprime rapidement ses marques et fait énergiquement sa route vers les lieux musicaux où son destin est tout tracé.

Le musicien Femi Kuti, le fils du défunt pionnier de l’afrobeat, Fela Kuti, regardant  les portraits de son père à l’ouverture du musée de Kalakuta à Lagos, qui a marqué ce qui aurait été son 74e anniversaire. (Alamba / Associated Press)

De Fela Kuti à Femi Kuti, des origines illustres, de l’afrobeat, un style qui mêle percussions traditionnelles nigérianes, soul, funk, R&B, porté par des rythmes dansants et des paroles engagées. Femi Kuti est également le petit-fils de l’activiste féministe Funmilayo Ransome Kuti. Élevé à Lagos, au Nigeria, Femi commence sa carrière de musicien à 15 ans lorsqu’il se joint au groupe de son père, Egypt 80, en 1979.

Force positive, c’est l’empreinte de cet artiste qui vole de ses propres ailles depuis 1986, époque à laquelle il a créé son propre groupe (Positive Force). S’il reste très inspiré par les goûts de son père, Femi fait preuve de beaucoup de créativité et il s’approprie l’afrobeat contemporain avec à la clé plusieurs albums. Entre autres :

  • No Cause for Alarm (1989),
  • MYOB (1991),
  • Femi Kuti (1995),
  • Shoki Shoki (1998)
  • Africa Shrine (2004),
  • One people, one World (2018),
  • Militarise democratie (2018).

Avec Positive Force, il a enrichi le mouvement musical avec des touches de punk et de hip hop, tout en restant fidèle à la tradition et au message politique de justice et de liberté qui était cher à son père. Porte-parole d’UNICEF pour la défense des droits des enfants, engagé dans la prévention contre le sida, Kuti est une figure de proue de sa communauté et une figure de résistance face aux restes du colonialisme et aux difficultés économiques auxquelles fait face la population.

Écoutez Militarise democraty
Artiste engagé et porte-étendard de l’UNICEF

Dans une entrevue en anglais avec Alice Chantal Tchandem, Femi Kuti se décline en un personnage modeste, qui se contente de chanter, et qui ne se mêle pas de politique aux dédales trop compliqués, tortueux et sinueux pour le simple artiste qu’il est. De notre point de vue, il ferait, comme M. Jourdain, dans une comédie de Molière au XVIIIe siècle, de la prose sans le savoir. Derrière son micro, l’artiste est fortement engagé dans différentes causes et le fait savoir en chantant et en dansant:

En politique, il dénonce la colonisation qui a profondément divisé l’Afrique. Il s’insurge contre la corruption et le népotisme qui gangrènent son pays, le Nigeria, ce géant économique niché au cœur de l’Afrique. Il s’offusque du fait que le groupe terroriste Boko Haram continue de sévir dans le nord-est du pays et de faire de nombreuses victimes.

Sur le plan social, il a fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille. Comme ambassadeur de l’UNICEF, il milite pour les droits de l’enfant. Il déplore dans ses chansons le manque d’eau potable, d’électricité, de logements décents, d’écoles et d’hôpitaux bien équipés, de routes en bon état pour permettre aux agriculteurs d’acheminer leurs produits vers les marchés urbains, bref d’infrastructures de base pour l’épanouissement de la population, malgré l’immense potentiel économique du Nigeria.

Selon un classement du Fonds monétaire international en 2018, le Nigeria est la première puissance économique du continent africain, avec un PIB de 561 milliards de dollars en 2018, soit 72 % de l’ensemble des économies de l’Afrique de l’Ouest. Au palmarès des nations les plus riches du monde, le Nigeria occupe la 27e position.

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À Montréal pour promouvoir son nouvel album

Femi Kuti est de ces artistes qui soulèvent les foules avec ses sonorités très enivrantes et brillamment exécutées. Le propriétaire du club Shrine fondé en 2000, au Nigeria, compte sur la participation massive du public au 32e Festival international Nuits d’Afrique pour promouvoir son art.

À Montréal, Femi Kuti invite ses nombreux admirateurs à découvrir son nouvel album One people, one World. Dans cet album, il ajoute aux propos politiques qu’on lui connaît d’habitude deux nouvelles dimensions : l’amour et l’unité de la race humaine. Tout cela confère à ce 10e album un caractère rassembleur, optimiste et universel, avec une réelle volonté de passer le flambeau à la nouvelle génération, celle de son fils, Omorinmade Anikulapo Kuti, qui a activement participé à l’enregistrement de l’album aux côtés de Positive Force à Lagos.

Son nouvel album One people, one World est ancré dans la pure tradition afrobeat et retourne aux racines de la musique africaine, tout en étant complexifié par des accents de reggae, de R&B, de musique afro-américaine et de sonorités des Caraïbes. La signature est là, enrichie de nombreuses influences qui ne la dénaturent pas, témoignant des infinies possibilités de la structure de l’afrobeat, à l’image de l’Afrique se plaît à dire Femi Kuti.

Catégories : Arts et divertissements, International, Société
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