Actuellement, l’ONU dénombre 73 millions de jeunes chômeurs dans le monde. Il faudra, selon elle, créer au moins 475 millions nouveaux emplois au cours des 10 prochaines années pour absorber à la fois ces jeunes déjà sans travail, et les 40 millions de personnes qui arrivent dans le marché de l’emploi chaque année.
Ils ont beau constituer l’avenir de l’humanité, le présent, pour l’instant, leur est défavorable. Les jeunes sont trois fois plus susceptibles d’être au chômage que les adultes, à en croire l’ONU. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), la part des jeunes dans la population active mondiale est passée de 21,7 % à 15,5 % entre 1997 et 2017. De plus, un jeune sur quatre dans le monde est sans emploi, sans formation et sans scolarité.
Dans ce tableau dressé à l’occasion de la Journée mondiale des compétences des jeunes célébrée le 15 juillet, le constat est encore plus amer en ce qui concerne les jeunes femmes. Elles sont davantage soumises au chômage et aux faibles salaires, en plus d’être plus nombreuses à travailler à temps partiel ou avec des contrats à durée limitée. Elles représentent, selon l’OIT, 34,4 % de jeunes qui ne travaillent pas ni ne suivent d’études ou de formation contre 9,8 % pour les jeunes hommes.

L’entrée des jeunes femmes dans le marché du travail est beaucoup plus compliquée. (http://oxfam.qc.ca/)
L’importance d’une scolarité pertinente
Autre observation, le passage du monde des études à celui du travail est tout sauf garanti. Se pose alors la question de savoir si les jeunes diplômés sont bien préparés au monde du travail dont les besoins sont grandissants. Étant donné que d’ici à 2030, quelque 25,6 millions des 15 à 29 ans devraient intégrer le marché du travail, il faut agir vite pour leur trouver des points de chute. Et c’est précisément pour attirer l’attention sur l’importance du développement des compétences des jeunes que l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 15 juillet Journée mondiale des compétences des jeunes.
Une table ronde est organisée lundi au siège de l’ONU, à New York, par le Bureau de l’envoyée spéciale du secrétaire général sur la jeunesse, l’UNESCO, l’Organisation internationale du travail (OIT) et les missions permanentes du Portugal et du Sri Lanka sur la manière dont l’innovation et les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, peuvent améliorer les compétences dont les jeunes ont besoin pour fonctionner dans les économies futures.
Pour Azita Berar Awad, directrice du département des politiques d’emploi de l’OIT, « investir dans les dispositifs de formation continue, dans les compétences numériques, et dans des stratégies sectorielles qui amplifient les emplois décents et s’attaquent aux facteurs de vulnérabilité des plus désavantagés, devraient être les priorités des politiques nationales ».

Selon Azita Berar Awad, directrice du département des politiques de l’emploi de l’OIT, il faut encourager les jeunes à exploiter leur plein potentiel économique.
Ce que l’on constate pour l’instant, si l’on prend le cas de l’OCDE, c’est que les jeunes adultes diplômés de la filière professionnelle s’en sortent mieux sur le marché du travail que les personnes âgées de 25 à 64 ans ayant le même niveau de formation. De façon générale, les jeunes qui ont des compétences ou des connaissances précises, qui répondent aux besoins du monde du travail, ont de meilleures chances d’être recrutés. Ce qui n’est pas le cas pour les autres qui vont parfois devoir suivre des formations d’appoint pour répondre aux attentes des employeurs.
Quoi qu’il en soit, qu’elle soit adaptée ou non, la scolarité est un facteur clé en matière d’emploi des jeunes. D’abord, seulement 54 % des 18-24 ans sont scolarisés. Un tiers (32 %) d’entre eux travaillent et ne sont plus scolarisés, tandis que 15 % sont sans emploi et ne suivent aucune formation ni étude.
Voilà qui fait dire à Deborah Greenfield, directrice générale adjointe de l’OIT pour les politiques, qu’il est crucial « de s’attaquer aux défis sociaux et de marché du travail que doivent affronter constamment les jeunes hommes et femmes, non seulement pour parvenir à une croissance durable et partagée, mais aussi pour l’avenir du travail et la cohésion sociale ».

Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada, souhaite qu’une attention particulière soit accordée à l’apport des jeunes au marché du travail.
Photo : Sean Kilpatrick La Presse canadienne
Canada : chute de la participation des jeunes au marché du travail
Au Canada aussi, les jeunes représentent un potentiel insuffisamment exploité, selon le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz. Certes le taux de chômage des 15 à 24 ans est aux alentours de 11 %. Mais le taux de participation des jeunes au marché du travail a régressé au cours des 10 dernières années. Et pour M. Poloz, un bon taux d’activité des jeunes, hommes comme femmes, est crucial. Or, ce taux chez les hommes dans la force de l’âge est de 91 %, alors que chez les femmes il n’est que de 83 %. D’où l’appel du gouverneur de la Banque du Canada à des actions politiques et administratives pour corriger la situation.
Si le taux d’activité des femmes dans la force de l’âge au Canada atteignait environ 74 % comme c’est le cas du Québec, cela ferait déjà croître de près de 300 000 personnes la population active du pays, observe-t-il. Un tel changement représenterait une hausse de la production du Canada de 1,5 %, soit quelque 30 milliards de dollars par an. Cela équivaudrait à près de 1000 $ par an par Canadien. Selon Stephen Poloz, le Canada aurait tort de ne pas exploiter un tel potentiel de croissance.
(Sources: ONU, OIT, Banque du Canada)
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