Plusieurs affirment qu’il s’agit d’un pari dangereux et que par ce geste qualifié de populiste, le nouveau premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, risque de faire marche arrière après des années de lutte contre l’alcool au volant et les campagnes de modération.
Le regroupement des mères contre l’alcool au volant (MADD), entre autres, est en colère.
Doug Ford va pourtant de l’avant avec sa promesse électorale, et il vient de déposer un projet de loi visant à abaisser le prix minimum d’une bouteille ou d’une canette de bière à 1 $ d’ici au 27 août. Ce prix illégal depuis une décennie.
En vertu de ce plan appelé Buck-a-Beer, les brasseurs ne sont pas forcés de facturer moins pour leur produit. Mais ils y sont incités.
Le gouvernement va « subventionner » la consommation de bière des Ontariens
Le gouvernement compte offrir aux brasseurs des « incitatifs non financiers » sous la forme d’un « défi de la bière » pour encourager les 260 brasseries de l’Ontario à baisser leurs prix.
Ce défi donnera aux brasseurs des promotions et des avantages publicitaires à la Régie des alcools de l’Ontario, tels que des rabais de durée limitée et des présentoirs en magasin, que Doug Ford a qualifiés de « précieux ». « Ceux qui y arriveront en premier seront reconnus tout au long de l’année », a-t-il déclaré.
Ces incitatifs pourraient s’avérer irrésistibles, car les brasseurs ressentent déjà la pression des tarifs de Donald Trump sur l’acier et l’aluminium qui frappent de plein fouet le prix de la fabrication des canettes de bière en aluminium au Canada.
Le premier ministre Doug Ford déclare que le fait de baisser le prix de la bière entraînerait une plus grande concurrence. (Turget Yeter / CBC)
Permettre une diminution du prix de la bière pour encourager la concurrence
Le gouvernement conservateur de Doug Ford estime que le retour à la « bière à une piastre » créerait un effet de concurrence sur le marché, sans nuire aux recettes de la province provenant des taxes, qui ont rapporté près de 590 millions en 2016-2017.
La « bière à une piastre » existait auparavant en Ontario, mais le gouvernement libéral avait discrètement augmenté le prix minimum en 2008, en invoquant sa « responsabilité sociale », explique le gouvernement ontarien.
M. Ford a également promis d’étendre la vente de bière et de vin aux dépanneurs, petites épiceries de quartier et magasins à grande surface.
Les microbrasseries contre-attaquent
Photo : The People’s Pint
Plusieurs microbrasseries ont cependant exprimé sur Twitter leurs frustrations face au projet de la bière à 1 $. La compagnie The People’s Pint a qualifié le plan Buck-A-Beer de « course vers le bas ».
« Nous nous engageons à fabriquer un produit de qualité que nous sommes fiers de servir et cela signifie que cela coûtera toujours plus cher, a tweeté pour sa part la brasserie West End. Nous croyons fermement que vous en avez vraiment pour votre argent. Nous continuerons à offrir à notre équipe des prix justes qui permettent le salaire minimum vital et à maintenir des produits de qualité. Nous n’allons pas suivre cette initiative. »
Muskoka Brewery a déclaré sur Twitter pour sa part qu’elle ne modifierait pas ses prix. « Nous sommes heureux d’offrir des prix justes qui nous permettent de maintenir des brassages de qualité et un salaire décent pour notre équipe. »
Photo : Radio-Canada/Serge Bouchard
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RCI avec La Presse canadienne et CBC
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