L’agrile du frêne est un insecte originaire d’Asie qui a fait son apparition au Canada et en Amérique du Nord en 2002. Les scientifiques estiment que ce coléoptère (Insecte à quatre ailes dont deux (les élytres) sont cornées) serait arrivé sur le continent une dizaine d’années plus tôt. Depuis, il a un effet dévastateur sur la population des frênes aussi bien au Canada qu’aux États-Unis.
RCI avec Ressources naturelles Canada, au Fil de l'actualité de l'Université Laval et Radio-Canada
Des pertes évaluées en millions
Au Canada, l’agrile du frêne a été vu pour la première fois en 2002, notamment à Windsor en Ontario. L’insecte s’est par la suite répandu progressivement, au point d’arriver dans les comtés d’Essex et de Lambton, ainsi que dans les municipalités de Chatam-Kent et de Dutton-Dunwich.
En 2007, Toronto est touchée. Mais, deux ans auparavant, l’insecte a été détecté à London. Ottawa, la capitale du Canada, n’échappe pas à cette infestation qui détruit les frênes par millions au pays, selon un constat effectué par les scientifiques du Service canadien des forêts (SCF).
Dès 2008, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) confirme la présence de l’agrile du frêne, en Montérégie, au Québec. Comme en Ontario, les plus grands centres urbains de la province sont rapidement infestés : Montréal et Gatineau, en 2011, Longueuil en 2012, Terrebonne en 2013, Québec en 2017, et Edmundston, au Nouveau-Brunswick, en 2018.
Le Manitoba est la quatrième province canadienne où les ravages de l’agrile sont également visibles.
À l’échelle de l’Amérique du Nord, l’insecte a été détecté dans les quatre provinces canadiennes mentionnées et dans 31 États aux États-Unis.

Des pièges comme ceux-ci ont été installés sur les frênes du campus de l’Université Laval pour capturer l’agrile. Photo: Radio-Canada
Deux milliards de dollars de dépenses en traitement sur 30 ans
L’agrile du frêne se propage à un rythme inquiétant selon le SCF, qui redoute des dommages économiques et écologiques à long terme. Il fait savoir qu’actuellement, les impacts écologiques de la mortalité des frênes sur les organismes aquatiques, les oiseaux et la végétation du sous-bois font l’objet d’études.
Selon ses constats, en Amérique du Nord plus généralement, les espèces indigènes de frênes n’ont qu’une résistance limitée contre les attaques. L’agrile du frêne endommage et tue les peuplements de frênes tout juste un an ou quatre ans après l’infestation. Six mois après le début de l’infestation, ce sont 99 % des frênes sur une terre à bois qui sont définitivement morts.
L’insecte adulte perce un trou dans le frêne pour y déposer ses oeufs. Après l’éclosion des oeufs, les larves vivent sous l’écorce de l’arbre et se nourrissent de phloème, où circule la sève, tuant tranquillement le frêne.
Les traces caractéristiques laissées par l’agrile sur un frêne, à Québec. Photo : Radio-Canada/Geneviève Gagnon
Une stratégie est actuellement mise en œuvre pour faire face au problème au Canada. Pour que cette stratégie donne de bons résultats, aucune municipalité du pays ne devrait être épargnée, étant donné que l’agrile du frêne continue à se propager, surtout par le transport de matériaux infestés comme le bois de chauffage, ce qui agrandit l’aire infestée. C’est ainsi que sur 30 ans, le budget prévisionnel pour la réalisation de cet objectif est estimé à 2 milliards de dollars.
La stratégie pour arrêter ou ralentir les dommages consiste à détecter rapidement, à traiter, à enlever et à remplacer les arbres contaminés. Une stratégie qui n’est pas toujours facile à mettre en œuvre, compte tenu du fait que lorsque la population d’agrile du frêne est peu importante dans une région, il est difficile de détecter l’insecte. Une détection qui est tout aussi difficile au début de l’infestation, car les signes et les symptômes ne sont pas toujours visibles, et ils ne se révèlent de manière évidente que lorsque l’arbre est mourant.
Heureusement, des chercheurs de l’United States Department of Agriculture ont conçu une espèce de piège vert à prisme pour détecter les infestations d’agrile. Parallèlement, les chercheurs du SCF ont contribué au développement d’une « substance volatile attractive vert feuille » qui sert d’appât dans les pièges.

Des agriles du frêne capturés grâce aux pièges. Photo : Radio-Canada/Jean-François Nadeau
Ces deux stratégies combinées sont utilisées depuis huit ans par l’ACIA pour détecter de nouvelles infestations à l’extérieur des zones de réglementation.
La détection est aussi visible ces derniers mois dans plusieurs quartiers de Québec, notamment à Lévis et à Saint-Augustin-de-Desmaures, et sur le campus de l’Université Laval, où le SCF a déployé des pièges sur plusieurs des 3000 frênes inventoriés sur le site, dans le but d’y attirer les insectes pour procéder à une analyse et évaluer leur niveau de propagation.
Au mois de mars, la Ville de Québec faisait savoir qu’elle avait dû abattre 150 frênes infestés pour tenter d’arrêter la propagation de l’agrile.
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