Lise Payette en entrevue à Radio-Canada

Lise Payette en entrevue à Radio-Canada en 2016
Photo Credit: Radio-Canada

Le Québec rend hommage à une féministe de la première heure : Lise Payette, décédée à 87 ans

La journaliste, chroniqueuse, scénariste pour la télévision, féministe et politicienne, Lise Payette, est décédée le 5 septembre 2018, à son domicile, entourée de ses proches. C’est une perte importante pour le Québec qui s’est mobilisé, d’un seul tenant, pour rendre hommage à cette grande dame qui a marqué l’histoire du Québec de façon diverse. C’est une femme dont l’œuvre continuera d’influencer plusieurs générations, au Québec et ailleurs.

RCI avec Radio-Canada et des informations du gouvernement du Québec

Une militante engagée sur plusieurs fronts

Lise Payette est de ces femmes de tête qui ont tout donné afin que la femme trouve sa pleine place dans la société.

La classe politique salue en elle la féministe déterminée qui a fait de l’égalité entre l’homme et la femme un véritable cheval de bataille.

Le Québec souligne l’intelligence et la clairvoyance de celle qui a entamé sa carrière de journaliste à Radio-Canada dans les années 1960 et qui a réussi à capter l’attention de plus d’un million de téléspectateurs tous les soirs dans son émission « Appelez-moi Lise ».

Entrevue de l’animatrice Lise Payette avec le magicien Oncle Tom
Toute l’équipe d’Appelez-moi Lise : le coanimateur Jacques Fauteux, un musicien non identifié, le batteur Guy Parent, l’animatrice Lise Payette, le bassiste Jean-Guy Chapados, le guitariste Richard Ring et le directeur musical François Cousineau. Crédit : Radio-Canada/Jean-Pierre Karsenty
« Les entrevues qu'on fait actuellement, c'est toujours les mêmes personnes. Peut-être que les invités ne veulent plus se faire interviewer; je ne suis pas dans le métier, je ne sais pas. Mais c'est toujours les mêmes invités, on se fréquente, et c'est complaisant. Il n'arrive rien! », estime Lise Payette. Cet épisode comprend une entrevue avec le cinéaste Denis Héroux réalisée le 28 janvier 1975, une avec l'humoriste Yvon Deschamps, le 13 novembre 1973, et une autre avec René Lévesque, le 1er septembre 1972, au moment où il était chef du Parti québécois. Lors de cet entretien, l'animatrice se concentre sur des souvenirs personnels de Lévesque, tels que sa rencontre avec le général de Gaulle ou encore la guérison miraculeuse de ses cordes vocales.

« Une grande intelligence, une force de persuasion, de la franchise, de l’authenticité et de la détermination » – François Gendron, un compagnon de longue date

La grande intelligence de Lise Payette aura été au service de la province dans différents domaines. Devenue ministre de la Condition féminine en 1976 dans le premier cabinet de René Levesque, Lise Payette exerce une influence qui dépasse le ministère qu’elle occupe.

Dans le secteur des transports, elle est reconnue comme l’instigatrice de l’assurance automobile universelle encore en vigueur au Québec aujourd’hui.

Dans le domaine de l’agriculture, elle était du gouvernement qui s’est battu pour que soit adoptée la loi sur la protection des terres agricoles, ce qui a eu un impact significatif dans la province où les promoteurs immobiliers avaient tendance à tout raser pour implanter des centres commerciaux, a souligné Jean-François Lisée, le chef du Parti québécois.

Elle a travaillé pour favoriser l’indépendance du Québec, rédigé plusieurs œuvres et publié de nombreuses chroniques dans les quotidiens Le Devoir et Le Journal de Montréal, qui sont perçues comme de véritables vecteurs de changement social.

Le 15 novembre 1976 : le nouveau premier ministre, René Lévesque, et les députés Gilbert Paquette et Lise Payette CP Archives

Quelques messages d’hommage de la classe politique québécoise

« C’était une femme d’audace, qui avait une telle détermination qu’on ne pouvait pas lui résister », a affirmé l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois.

Une vie publique qui n'aura pas été qu'un long fleuve tranquille
La vie publique et politique est exigeante et peut parfois réserver des surprises désagréables. La dame qui a vu le jour le 29 août 1931 à Montréal, dans l’arrondissement de Verdun, aura aussi essuyé quelques déceptions. Lise Payette Payette parle de sa séparation du journal Le Devoir et de l’affaire Jutra, entre autres.

Entrevue de Lise Payette : La séparation du journal Le Devoir, l’affaire Jutra, la parité et l’immigration
Un parcours riche et inspirant
Elle travaille en Abitibi, au journal local La Frontière et à la station radiophonique CKRN en 1956-1957;

Elle part pour Paris où elle collabore au mensuel Châtelaine en même temps qu’au quotidien Le Nouveau Journal;

Elle a été : animatrice de l’un des plus populaires talk-shows du Québec, ministre d’État à la Condition féminine et au Développement social, ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, présidente du comité organisateur de la fête nationale sur le mont Royal en 1975 et présidente d’honneur du 50e anniversaire du droit de vote des femmes au Québec en 1990;

Après avoir apprivoisé le domaine de la radio à Trois-Rivières et à Rouyn, Lise Payette fait son entrée à la station de Radio-Canada à Paris en 1961, avec l’émission Interdit aux hommes;

C’est à partir de 1966 que Place aux femmes la fera vraiment connaître de toute la population québécoise;

Après sept années de radio quotidienne à Radio-Canada, elle aborde en 1972 la télévision quotidienne avec Appelez-moi Lise. Cette émission, à la mesure de son image, permet à Lise Payette de gagner la faveur d’un vaste public qui lui demeurera fidèle jusqu’à la fin de l’émission, en 1975;

En 1976, Lise Payette offre ses services à René Lévesque; ainsi, elle devient candidate à l’élection qui s’annonce. Élue, elle se révèle une source d’espoir pour toutes les femmes du Québec qui voient en elle une ambassadrice de leurs revendications et de leur quête d’égalité. Son mandat l’amène à travailler pour l’obtention de meilleurs services de garde et de garderies, pour la création de centres d’aide aux femmes en difficulté et pour l’augmentation des fonds à consacrer aux femmes chefs de famille monoparentale;

Lise Payette est devenue officière de l’Ordre national du Québec en 2001. Crédit :  Gouvernement du Québec

Elle met sur pied un bureau de la condition féminine dans douze ministères, dont le ministère du Travail, et elle travaille à la reconnaissance du statut de travailleuse pour les femmes collaboratrices de leur mari;

Elle est maître d’œuvre de la réforme de l’assurance automobile du Québec et de la création de la Société de l’assurance automobile du Québec, ainsi que du Code de la protection du consommateur;

Elle crée la Société de développement coopératif;

À l’élection d’avril 1981, Lise Payette ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Dans les mois qui suivent son départ du monde politique, elle rend compte de son expérience dans un livre intitulé Le pouvoir, connais pas. Depuis, Lise Payette partage son temps entre l’écriture, la radio, la télévision et la production audiovisuelle;

Lors de la remise des Gémeaux 1998, Lise Payette recevait le Grand Prix de l’Académie, un honneur pour récompenser l’ensemble de sa carrière;

En l’an 2000, celle que d’aucuns considèrent comme « la mère du Québec moderne » recevait la toute première médaille d’honneur remise, tous les dix ans seulement, par le Mouvement national des Québécois et des Québécoises.

Catégories : Politique, Société
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