Jean Chrétien parle à l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon mercredi. (Don Somers / CBC)

Jean Chrétien lors d'une prise de parole à l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon. (Don Somers / CBC)

« Le Québec est pris au piège par un problème inexistant » : Jean Chrétien est-il un donneur de leçon?

Le nouveau premier ministre du Québec veut déposer un projet de loi pour interdire le port de signes religieux chez les travailleurs de l’État en position d’autorité. Le sujet suscite beaucoup de réactions et même des manifestations. L’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien (1993-2003) a mentionné que la classe politique québécoise est « prise au piège » parce qu’elle a engendré un « débat inutile ».

Un débat appelé à mourir de sa propre mort?

Le 20e premier ministre du Canada s’est servi de l’image de personnes prises dans la neige pour illustrer le caractère inutile du débat ouvert par la Coalition avenir Québec sur la laïcité de l’État et les accommodements de minorités religieuses.

Selon lui, ce débat disparaîtra naturellement et la société sera obligée de passer à autre chose, car lorsqu’on est coincé dans la neige avec son véhicule, il suffit d’avancer et de reculer plusieurs fois pour en sortir, comme à l’époque où le Canada était coincé dans le débat sur la société distincte voulue par le Québec.

Au cœur du débat sur la société distincte, il y avait un enjeu de laïcité de l’État, en rapport avec le port du voile islamique, ce qui avait suscité des discussions sur les accommodements raisonnables.

Dix ans plus tard, le gouvernement caquiste estime qu’il doit appliquer le programme sur lequel il a été élu, en revenant sur le rapport Bouchard-Taylor.

Jean Chrétien est-il un donneur de leçon?

Réagissant à la déclaration de M. Chrétien, le porte-parole de la CAQ, Simon Jolin-Barrette, a tenu à remercier l’ancien premier ministre pour sa suggestion, tout en rappelant que le parti a reçu l’appui populaire pour conduire ce dossier, et qu’il compte bien aller de l’avant avec son plan.

Il démontre ainsi que le Québec est tout à fait capable d’assumer ses responsabilités dans ce débat, sans avoir à recevoir de leçons de qui que ce soit. C’est à penser que la position de M. Chrétien, en tant qu’ancien premier ministre du Canada, ne compte absolument pas. S’il est clair qu’il n’est plus en position d’autorité, il n’en demeure pas moins qu’en tant que citoyen et Québécois, il a le droit de donner une opinion sur une question polarisante.

Jean Chrétien a rappelé que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, « alors qu’il n’est certainement pas un professeur de droit », a récemment menacé de faire appel à la clause dérogatoire dans le dossier de la réduction de la taille du conseil municipal de Toronto. Le but était d’outrepasser une décision du tribunal qui l’empêchait de procéder à cette réduction. M. Ford a dû y renoncer lorsque la décision du tribunal a été annulée.

Avec l’exemple de M. Ford à l’appui, Jean Chrétien souhaite faire comprendre à la CAQ qu’il n’est pas nécessaire de recourir à la clause dérogatoire pour ce qui est de la laïcité, sans en mesurer les conséquences.

Le représentant de la CAQ a réitéré la volonté du parti d’aller de l’avant avec son projet de loi sur la laïcité et d’introduire une clause qui permettrait l’ouverture de l’interdiction du port de signes religieux aux enseignants, en plus d’envisager un dialogue avec les autres partis politiques sur le sujet.

Il convient de mentionner que c’est M. Chrétien qui avait recommandé à l’ancien premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau d’accepter la disposition de dérogation pour obtenir l’appui des provinces à la Charte des droits et libertés.

« Je ne pense pas que M. Legault en connaisse beaucoup sur la Charte des droits et libertés », a déclaré Jean Chrétien, qui soutient que la clause dérogatoire, bien que controversée, a été à l’origine d’un compromis important entre le fédéral et les provinces.

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