Quelques provinces ont interdit la " thérapie de conversion " et des pressions s'exercent maintenant sur le gouvernement fédéral pour qu'il adopte une interdiction nationale de cette pratique.

Pétition pour l’interdiction totale et nationale des « thérapies de conversions sexuelles » pour mineurs

Une pétition en ligne qui sera présentée à la Chambre des communes, signée par plus de 2500 personnes à ce jour, exhorte le gouvernement canadien à interdire toutes formes de coercition pour amener de jeunes gens au pays à suivre des « thérapies de conversion sexuelles ».

On exige aussi que devienne illégal le fait de conseiller à un mineur de changer son orientation sexuelle ou son identité sexuelle et le fait d’emmener un mineur à l’extérieur du pays pour y suivre une thérapie de conversion.

La thérapie de conversion ou la « thérapie réparatrice » est une pratique largement discréditée par les spécialistes de la sexualité et les psychologues canadiens et qui consiste à essayer de changer l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’une personne en lui donnant des conseils, en modifiant son comportement par des punitions ou en lui prescrivant des médicaments, en partant du principe qu’être gai ou transgenre est anormal et peut se guérir.

La Société canadienne de psychologie est fermement opposée à ces thérapies
« La thérapie de conversion ou la thérapie réparatrice peut entraîner des résultats négatifs comme la détresse, l’anxiété, la dépression, une image négative de soi, un sentiment d’échec personnel, de la difficulté à entretenir des relations et le dysfonctionnement sexuel », peut-on lire dans l’énoncé de politique de 2015 de l’ACP.

Une pratique qui relève de la torture?

Devon Hargreaves, de Lethbridge, en Alberta, a lancé une pétition électronique pour interdire la thérapie de conversion. (Photo : Cody Kapscos)

Le militant Devon Hargreaves, de la petite ville de Lethbridge, dans le sud de Alberta, est l’auteur de cette pétition électronique qui explique que les efforts déployés par les organisations confessionnelles ou les praticiens en psychologie et en psychiatrie pour changer l’orientation sexuelle d’une personne prennent surtout la forme d’une « thérapie par la parole ». « Il s’agit d’empêcher certains individus d’imposer leurs opinions idéologiques ou religieuses sur l’identité de quelqu’un d’autre, ce qui a des répercussions psychologiques, émotionnelles et parfois même physiques », indique le jeune homme.

Dans le passé, rappelle Devon Hargreaves, les gais, les lesbiennes et les transgenres au Canada ont parfois subi des lobotomies forcées ou ont été placés en institution pour maladie mentale. Il souhaite que le gouvernement fédéral fasse de la thérapie de conversion une infraction criminelle.

Depuis 1999, un mouvement s’est amorcé dans le monde pour interdire les thérapies de conversion. L’île de Malte, le Brésil et la Chine l’interdisent déjà, de même que certains États américains.

Voyez pourquoi ces thérapies demeurent disponibles dans plusieurs provinces, dont au Québec

Le drapeau arc-en-ciel de la fierté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre et queer (LGBTQ) Photo : La Presse canadienne// Associated Press

La situation en ce moment au Canada

L’Ontario a été la première province à adopter une loi interdisant la thérapie de conversion aux enfants LGBT et empêchant les médecins praticiens de facturer le régime provincial d’assurance-maladie à cet effet. La loi sur l’affirmation de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre interdit tout traitement pour modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des patients âgés de moins de 18 ans et en fait une infraction.

Le Manitoba a été la province suivante à imposer une interdiction. Et le mois dernier, la Nouvelle-Écosse a adopté un projet de loi interdisant la thérapie de conversion avec l’appui de tous les partis politiques.

Le gouvernement néo-démocrate de l’Alberta a également pris des mesures en vue d’une interdiction, tandis que la ville de Vancouver a interdit la thérapie de conversion pour les personnes de tout âge.

Dépister au Québec les « guérisseurs » de la « maladie » de l’homosexualité

L’an dernier, un organisme de défense des droits des homosexuels a lancé une offensive afin de débusquer ceux qui prétendent « guérir » l’homosexualité.

L’Alliance Arc-en-ciel à Québec a procédé à une enquête puisque, selon elle, les pratiques des milieux conservateurs religieux et des sectes ouvertement homophobes face à leurs membres sont très peu documentées.

Selon l’Alliance Arc-en-ciel, certains organismes proposent ici même au Québec aux personnes LGBTQ de les « libérer », selon leur expression, de leur identité sexuelle.

Des thérapies qui existent au Québec
– Dans un document présenté, il y a deux ans, lors des consultations du gouvernement du Québec relativement à son plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’Alliance Arc-en-ciel soulignait que la pratique existe au Québec, tout en déplorant le manque de connaissances concrètes sur le sujet.
– Ainsi, on y rapportait qu’un psychologue œuvrant dans une école secondaire avait été associé à une clinique « qui allègue offrir un traitement de l’homosexualité basé sur des valeurs chrétiennes ».
– Dans son mémoire, l’organisme Alliance Arc-en-ciel s’inquiétait également de la découverte, par le chercheur britannique John Daniel, en 2009, qu’un thérapeute britannique sur six avait tenté, par manque de connaissance, d’altérer les sentiments de ses patients vis-à-vis de leurs désirs envers une personne du même sexe.
– L’objectif à terme serait d’obtenir une législation similaire au Québec et de sensibiliser les professionnels de la santé mentale au passage.

Photo : arcencielquebec.ca

RCI avec les informations de Kathleen Harris de CBC et la contribution de Claude Bernatchez, Camille Martel, Sandra Gagnon et Catherine Perrin de Radio-Canada

En complément

Les néo-démocrates veulent interdire en Alberta la thérapie de conversion homosexuelle 

La thérapie de conversion n’a pas sa place au Manitoba – RCI 

Petition calls for national ban on ‘conversion therapy’ for LGBT youth – CBC 

Catégories : Politique, Santé, Société
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