Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, lors d'un événement en octobre 2017. Photo : Reuters/Mary Calvert

Steve Bannon, l’ex-stratège de la Maison-Blanche en disgrâce auprès des politiciens et organismes canadiens?

L’ancien conseiller stratégique de Donald Trump est annoncé à Toronto vendredi, dans le cadre d’un débat qui l’opposera au commentateur David Frum. La simple évocation de la possibilité que cet homme controversé se pointe au Canada suscite la colère d’organismes communautaires qui se mobilisent pour obtenir l’annulation du débat.

Des organismes déterminés à contrer tout discours haineux

Le débat sur le populisme annoncé à grand renfort de publicité par les organisateurs des Débats Munk est vivement critiqué par les organismes œuvrant dans la lutte contre le racisme au Canada.

En raison de la montée du discours haineux aux États-Unis ces derniers temps, près de 40 organismes ont lancé une pétition en ligne pour obtenir l’annulation du débat.

Ils entendent poursuivre la mobilisation en organisant des marches pour contester la venue de M. Bannon au Canada ou pour perturber le déroulement du débat du 2 novembre..

Malgré cette mobilisation, les organisateurs des Débats Munk, la série de débats qui ont lieu chaque année à Toronto, persistent et signent : l’invitation adressée à Steve Bannon est maintenue.

Rudyard Griffiths, le président des Débats Munk, estime qu’en démocratie, il faut accepter que les échanges d’idées aient lieu pour permettre au public de se faire sa propre opinion.

Tous les billets donnant accès à ce débat ont été vendus. Les participants pourront écouter les arguments des deux interlocuteurs sur le thème : « l’avenir de la politique occidentale est populiste et non libéral ».

Steve Bannon, à gauche, aura à débattre du populisme le 2 novembre, dans le cadre des Débats Munk, contre David Frum, à droite, ancien rédacteur de discours de l’ex-président américain, George W. Bush. (Joshua Blanchard/Sean Gallup/Getty images)

Une participation « inappropriée » selon le NPD

La venue de l’ex-stratège américain attire l’attention, même chez les politiciens fédéraux.

Des membres du NPD ont dit redouter l’incidence des discours haineux entretenus par l’extrême droite sur certains individus au Canada.

Alors que le monde est encore sous le choc de la tuerie de Pittsburgh, le NPD plaide pour l’annulation du débat par respect pour la mémoire des victimes.

Même chez les libéraux, la tension reliée à cette visite controversée est montée d’un cran. Adam Vaughan, député de Spadina-Fort York, aurait préféré que le « personnage provocateur » ne soit pas convié au débat de Toronto, surtout dans un contexte où les attaques contre les institutions religieuses se multiplient dans la province.

Quelques rares politiciens, dont Maxime Bernier, député de Beauce et chef du Parti populaire du Canada, soutiennent, comme les organisateurs des Débats Munk, qu’il faut permettre à la démocratie de prévaloir, en acceptant des débats contradictoires, avec des personnes qui ne « pensent pas toujours comme nous ».

Qui est Steve Bannon?
L’homme de 63 ans a eu plusieurs vies.

D’abord officier dans la marine américaine, il devient banquier d’affaires pour Goldman Sachs, où il a fait fortune au début des années 90 en achetant une partie des droits de la très populaire sitcom américaine Seinfeld.

Il a ensuite fondé une petite banque d’investissements, rachetée par la Société générale, avant de devenir producteur de films à Hollywood. Il a notamment produit des films politiques sur Ronald Reagan, le Tea Party ou Sarah Palin. C’est à cette époque qu’il a rencontré Andrew Breitbart, fondateur du site du même nom, et qu’il s’est joint à la guerre du Tea Party contre l’establishment politique américain, tant démocrate que républicain. À la mort de M. Breitbart, en 2012, il a pris les rênes du controversé site, réputé pour ses articles très à droite, misogynes, antisémites et xénophobes.

Il s’est joint à l’équipe électorale de Donald Trump en même temps que la spécialiste des relations publiques Kelly-Ann Conway en août 2016, au moment où sa campagne semblait en difficulté.

Donald Trump et Steve Bannon

Donald Trump en compagnie de son ex-stratège en chef Steve Bannon Photo : Reuters/Carlos Barria

M. Bannon a grandi dans une famille ouvrière démocrate, pro-Kennedy, pro-syndicats, avant de rejeter farouchement l’establishment politique le jour où il a réalisé que le président George W. Bush avait mis « autant de bordel que [Jimmy] Carter ».

Depuis son association avec M. Trump, il n’a jamais raté une occasion de s’en prendre à cet establishment et aux élites, y compris les grands médias d’information, comme le New York Times, qu’il associait à un grand complot libéral.

Il a cependant nié être un suprémaciste blanc à plusieurs reprises, alors qu’il lui était reproché de « souffler des idées populistes et nationalistes dans l’oreille du président Trump ».

En plein cœur du scandale de l’implication russe dans l’élection présidentielle américaine, Steve Bannon a été congédié par le président qui a estimé que son ami d’hier avait « perdu la raison » et qu’il n’avait eu qu’une « influence très limitée sur sa victoire historique ».

Dans son livre sur ce sujet, Steve Bannon affirme que Donald Trump fils a commis une « trahison » en rencontrant une avocate russe qui offrait des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

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Catégories : Politique, Société
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