Des policiers du SPVM parlent à des jeunes.

Des policiers du SPVM parlent à des jeunes.
Photo Credit: Radio-Canada

Lutte contre le profilage racial : le Service de police de la Ville de Montréal devrait revoir son Plan stratégique

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a récemment publié son plan stratégique en ce qui a trait à la lutte contre le profilage racial et social. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) estime que le document est truffé de lacunes et recommande qu’il soit bonifié suivant des recommandations formulées depuis 2011.

RCI avec le CDPDJ et Radio-Canada

Le profilage racial : un mal persistant qu’il convient de bien cerner pour mieux organiser la stratégie de combat

Le plan du SPVM survient dans un contexte de plus en plus marqué par des plaintes, de la communauté noire notamment, dont les membres se plaignent d’arrestations injustifiées et d’accusations non fondées.

En face d’actes souvent qualifiés d’illégaux, un collectif de plus de 500 membres, appartenant à la Ligue des Noirs, a récemment déposé une action collective dans laquelle il réclame jusqu’à 4 millions de dollars au SPVM en guise de dédommagement aux personnes victimes de profilage racial.

À la suite de cette action collective intentée le 11 décembre, le SPVM a déposé, l’après-midi même, son plan stratégique 2018-2021.

Il faut préciser que ce plan est en préparation depuis l’année dernière, pendant laquelle des consultations publiques se sont tenues à l’initiative de la Commission de la sécurité publique sur les moyens d’enrayer ce phénomène

Ce plan s’articule autour de quatre axes :

  • actualiser les connaissances et les compétences des policiers,
  • assurer l’inclusion et l’égalité de traitement,
  • aviver la confiance et le respect de la population,
  • assurer la transparence des actions.

Simonetta Barth, chef de cabinet du directeur du SPVM.

Simonetta Barth, chef de cabinet du directeur du SPVM Photo : Radio-Canada

Il prévoit une étape de collecte de données sur le profilage et une autre d’analyse de ces données par des chercheurs indépendants. Ces derniers auront surtout à se prononcer sur les interventions policières et leur rapport sera publié.

« Ce plan est d’abord et avant tout conçu pour nous assurer que la prestation de service de notre personnel est exempte de profilage racial et social. Du même coup, ce plan vise à soutenir les gestionnaires qui sont face à des comportements douteux ou inacceptables de la part de certains policiers. D’où le nom du plan stratégique Écouter, comprendre, agir », a déclaré Simonetta Barth, chef de cabinet du directeur du SPVM.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse sur sa faim

Le président par intérim de la CDPDJ, Philippe-André Tessier. Crédit : CDPDJ

Ayant pris connaissance du plan du SPVM, la CDPDJ, par la voix de son président par intérim Philippe-André Tessier, appelle à combler plusieurs manquements qui risqueront de compromettre son efficacité.

« Il est urgent pour le SPVM de se doter d’indicateurs et de méthodes de collecte, d’analyse et de publication de données fiables, et respectant les droits, afin de documenter la situation. Il y a déjà sept ans que nous avons fait une recommandation en ce sens après une vaste consultation sur le profilage racial. Combien de personnes devront encore vivre avec les répercussions du profilage racial et social avant que le SPVM pose des actions concrètes pour enrayer ce type de discrimination? Plusieurs services de police au Canada et ailleurs dans le monde le font et cette pratique permet de mieux cerner et comprendre l’ampleur du phénomène, » a affirmé Philippe-André Tessier.

Écoutez

D’un autre côté, M. Tessier suggère que le plan mentionne clairement le caractère systémique et intersectionnel du profilage racial et social. C’est essentiel, selon la CDPDJ, pour mieux comprendre le phénomène du profilage racial, mieux le documenter et le combattre.

« On attire l’attention sur le fait que souvent, ce sont par exemple les femmes noires qui vont être victimes. Il y aura donc deux motifs de discrimination qui vont être en cause : soit le sexe et l’origine ethnique nationale, soit la race […] C’est le caractère intersectionnel du phénomène. Le caractère systémique c’est que ce n’est pas quelque chose qui découle d’actes nécessairement individuels. Ce sont des biais souvent inconscients de la part d’organisations comme des services de police. Ça peut aussi être des agences de sécurité, des chaines de magasins. On va vraiment venir jouer sur les biais conscients ici », précise M. Tessier

Il est tout aussi important pour le SPVM de publier non seulement les rapports d’analyses des experts, mais aussi l’ensemble des données qui seront collectées au sujet du profilage racial. C’est ce qui permettra une plus grande transparence en ce qui a trait aux démarches policières et des avis contradictoires d’autres analystes et chercheurs issus de divers horizons.

La Commission rappelle que le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale a recommandé en 2017 à l’État canadien de rendre obligatoires le recueil et l’analyse de ces données et de faire rapport publiquement à ce sujet à intervalles réguliers. De plus, en matière de profilage social, les travaux de la Commission illustrent l’importance de se doter d’indicateurs et de méthodes systématisées de collecte de données permettant de cerner l’ampleur, l’évolution dans le temps et les sources de la judiciarisation de personnes itinérantes à Montréal.

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Catégories : Société
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