La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, a réservé un accueil mi-figue mi-raisin à l’annonce d’Ottawa de soutenir les secteurs pétroliers et gaziers, à hauteur de 1,6 milliard de dollars. Ottawa devrait, selon elle, mettre des fonds supplémentaires à la disposition de la province pour le financement de projets plus structurants pour son économie.
RCI avec Radio-Canada
Une aide mal ciblée?
Les déclarations de la première ministre albertaine donnent à penser que le gouvernement fédéral a mal orienté son appui.
Certes, le secteur pétrolier est en difficulté, plombé notamment par la chute des prix sur les marchés.
C’est une situation préoccupante, reconnaît Mme Notley, qui soutient que la priorité d’action se situe davantage ailleurs que dans l’endettement supplémentaire que masque l’aide fédérale.
L’Alberta miserait plus sur la réalisation de ses propres projets de désenclavement des routes menant aux ressources naturelles.
Rachel Notely pousse un coup de gueule contre cette aide qu’elle qualifie de « copier-coller » du modèle de l’aide récemment accordée par le gouvernement fédéral au secteur de l’acier et de l’aluminium à la suite de l’imposition de tarifs américains.
Elle mentionne que sa province, qui a beaucoup donné au reste du Canada par le passé pour appuyer divers programmes sociaux, mérite bien mieux. C’est pourquoi elle attend des annonces supplémentaires tout en précisant ses priorités :
- ^plus de moyens pour soutenir les emplois;
- plus de moyens pour accroître les investissements;
- Ottawa devrait contribuer à l’achat de trains pour faciliter le transport du pétrole.
Mme Notley soutient que sa province n’a pas de difficulté à trouver de nouveaux débouchés, car le financement d’Ottawa vise entre autres à aider les compagnies pétrolières à aller à la conquête du marché mondial.
Après cette première étape qui permet à la province d’avoir un maigre appui, avec peu de fonds et plus de dettes, la province souhaite des appuis plus substantiels susceptibles d’apporter des solutions à long terme, a affirmé la première ministre.
Allant dans le même sens, un travailleur albertain a estimé que la somme de 1,6 milliard de dollars n’est « qu’un pansement sur une plaie trop profonde ».
La hausse des stocks de pétrole brut entreposés au terminal de Cushing, en Oklahoma, explique en partie la baisse du prix du baril. Photo : Reuters / Nick Oxford
L’opposition au fédéral tout aussi critique
Les conservateurs et les néo-démocrates sont tout aussi insatisfaits de l’aide du gouvernement Trudeau.
Tandis que les conservateurs montrent du doigt le projet de loi C-69 qui est susceptible de bloquer tout projet de pipeline en Alberta et ailleurs au pays, le porte-parole du NPD fustige l’hypocrisie des libéraux en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques.
« On a acheté le pipeline Trans Mountain avec l’argent du public, 4,5 milliards de dollars, sans compter l’expansion qui va coûter 9 milliards de plus, et aujourd’hui, le gouvernement annonce des mesures d’aide à l’industrie pétrolière et gazière, alors qu’on devrait investir dans les énergies renouvelables et les énergies propres », a déclaré Alexandre Boulerice.
Les environnementalistes estiment que Justin Trudeau et son équipe gagneraient plus à relever le défi d’une économie de transition qu’à verser des milliards aux compagnies pétrolières, car dans les 30 prochaines années, le problème de la survie de la planète va représenter un fardeau pour les générations futures.
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