Cette troisième détention intervient trois semaines après l’arrestation, à Vancouver ,d’une haute dirigeante du géant chinois des télécommunications Huawei.
RCI avec l'AFP et Radio-Canada
Lien avec les deux précédentes arrestations?
Depuis quelques semaines, le Canada se retrouve pris en étau dans une querelle économique entre les États-Unis et la Chine.
À la demande des États-Unis, le Canada a arrêté et détenu, avant de la libérer sous conditions, la directrice financière de l’entreprise Huawei, Meng Wanzhou. Cette dernière est accusée de fraude visant à contourner les sanctions économiques contre l’Iran.
Depuis, la Chine, qui avait menacé Ottawa de « graves sanctions », a procédé à l’arrestation de l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig. Puis, un deuxième Canadien, Michael Spavor, a été intercepté par Pékin. Une interpellation confirmée par le gouvernement fédéral qui a déclaré être également au courant de la détention d’un troisième citoyen canadien en Chine. L’identité de cette personne n’a pas encore été dévoilée.
Le porte-parole d’Affaires mondiales Canada a indiqué qu’il n’y aurait pas de lien entre cette affaire et les arrestations précédentes des deux Canadiens soupçonnés par la Chine « d’activités menaçant sa sécurité nationale ».
La troisième interpellation a lieu au moment où Ottawa est toujours en pourparlers avec Pékin pour tenter de dénouer la quasi-crise diplomatique qui semble s’installer entre les deux pays.
« La Chine réagit à l’arrestation d’un de ses citoyens, mais nous sommes absolument déterminés à nous tenir debout pour nos concitoyens détenus, comprendre pourquoi ils le sont et travailler avec la Chine pour démontrer que ce n’est pas acceptable », a récemment confié le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à la chaîne américaine CityNews.
Le premier ministre chinois Li Keqiang et le premier ministre canadien Justin Trudeau lors d’une visite officielle du haut dirigeant chinois, le 22 septembre 2016 Photo : La Presse canadienne / FRED CHARTRAND
Pékin en passe de prendre des mesures susceptibles de nuire à l’économie canadienne?
La crise est loin de se dénouer parce que les responsables américains demandent que Mme Meng soit extradée vers les États-Unis pour répondre aux faits qui lui sont reprochés.
Neuf chefs d’accusation pèsent sur la directrice financière de Huawei qui risque jusqu’à 30 ans de prison.
Les analystes n’excluent pas la possibilité pour la Chine de prendre des mesures susceptibles de nuire à l’économie canadienne, si la requête américaine venait à être favorablement entendue.
En raison de la faiblesse des échanges avec Pékin, l’impact de telles mesures serait peu dommageable pour le Canada qui exporte seulement 5 % de sa marchandise en Chine, pour une valeur de 24,3 milliards de dollars.
Néanmoins, le fabricant de manteaux Canada Goose paie déjà le prix fort de la tension diplomatique actuelle, car il est victime du boycottage de ses produits. Les secteurs énergétiques et agricoles au pays pourraient également subir les contrecoups de cette crise.
Par contre, le resserrement des règles commerciales aux États-Unis, avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, oblige le Canada à diversifier ses débouchés en se tournant vers de nouveaux partenaires commerciaux.
Sur ce plan, le renforcement des liens commerciaux avec la Chine pourrait ouvrir de belles perspectives, malgré quelques tensions. Ottawa a récemment invoqué le motif de sécurité nationale pour s’opposer à l’acquisition par une société chinoise du géant canadien des infrastructures Aecon Group, au prix de 1,5 milliard de dollars.
Par ailleurs, le nouvel accord États-Unis–Mexique–Canada (ACEUM) contient une clause susceptible de nuire, selon Pékin, à la conclusion d’un partenariat commercial libre avec Ottawa sans l’accord des deux autres parties. L’affaire Huawei et la détention des trois Canadiens viennent en quelque sorte alourdir le climat.
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