L'alimentation est un secteur où les salaires sont souvent au minimum. Crédit photo: Istock.

Hausse du salaire minimum de 0,50 $/h au Québec : « décevant, loin de sortir les employés de la pauvreté » – CSN

Le rythme de progression du salaire minimum dans la province n’est pas de nature à favoriser les conditions d’une vie décente pour les travailleurs, déplore le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Jacques Létourneau a fait part de sa déception à la suite de l’annonce du gouvernement caquiste d’augmenter le salaire minimum de 0,50 $ de l’heure.

Près d’un demi-million de travailleurs toujours en bas de l’échelle

Jacques Létourneau applaudit la volonté affichée du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) de promouvoir l’émergence de bons emplois avec de bons salaires à plus de 30 $ de l’heure.

Si cette volonté est louable, observe le président de la CSN, elle ne devrait pas faire perdre de vue le fait que 800 000 personnes sont toujours rémunérées au salaire minimum et ont de la difficulté à joindre les deux bouts.

Gros plan de Jacques Létourneau, devant un microphone.

Jacques Létourneau, président de la CSN Photo : Radio-Canada / Stéphanie Dufresne

« C’est bien louable de souhaiter des emplois à 30 $, 40 $ l’heure, encore faut-il permettre aux gens de gagner décemment leur vie. De plus, une plus forte hausse du salaire minimum stimulerait la consommation, l’économie et l’état de nos finances publiques. Le premier ministre devrait écouter les faits plutôt que les scénarios apocalyptiques des employeurs qui ne visent qu’à accroître leurs marges de profit », a affirmé M. Létourneau.

C’est pourquoi il serait important de commencer par donner à ces travailleurs les moyens qui leur permettront d’améliorer leur situation, de sortir de la pauvreté et de vivre dans des conditions moins précaires.

Écoutez

Une tirelire et de l'argent.

À 12,50 $ de l’heure, le salaire minimum au Québec sera, au 1er mai, le troisième en importance parmi les provinces canadiennes, mais la CSN pense que le gouvernement devrait aller plus loin. Photo : Radio-Canada

 Inciter les entreprises à rehausser le salaire à 15 $ de l’heure

Bon nombre d’entre elles sont en mesure de payer ce salaire à leurs employés, malgré la réticence des associations patronales, relève Jacques Létourneau.

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) s’inquiète du sort des entreprises ayant de très faibles marges de profit qui auront plus de difficulté à absorber cette hausse du salaire minimum. Il s’agit d’une majoration supérieure à l’inflation, à la hausse du coût de la vie et aux hausses de salaire générales prévues de 2,6 % pour 2019.

« Afin de réduire le plus possible la hausse du salaire minimum, les organisations patronales crient au loup depuis des années, indique le président de la CSN. On cite à tort et à travers l’exemple de l’Ontario, alors que les données factuelles nous démontrent que la hausse du salaire minimum chez notre voisin a eu de nombreux impacts positifs. On constate une hausse de la rémunération moyenne et du nombre d’heures travaillées, notamment chez les jeunes, alors qu’aucune baisse de la fréquentation scolaire ne s’est produite. »

La CSN est engagée dans la campagne 5-10-15 pour un salaire minimum à 15 $/h, menée avec ses partenaires du Front de défense des non-syndiquéEs, du Collectif pour un Québec sans pauvreté, de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Dans un contexte de pénurie de la main-d’œuvre, une augmentation plus substantielle du salaire minimum a toute sa place, étant donné qu’elle permettrait d’assurer la pérennité de la main d’œuvre, soutient M. Létourneau.

  • Plus de 110 000 postes vacants au deuxième trimestre de 2018, dont près du tiers sont dans les secteurs du commerce, de l’hébergement et de la restauration.
  • Près de 90 % des emplois au salaire minimum sont dans le secteur des services.

Par ailleurs, c’est toute l’économie nationale qui en sortirait gagnante, d’autant plus que lorsque les personnes sont bien rémunérées, elles réinjectent beaucoup d’argent dans l’économie, en achetant et en consommant plus.

Pour les entreprises qui ne seraient véritablement pas capables de supporter le salaire minimum à 15 $, la CSN propose à l’État d’instaurer des incitatifs fiscaux et autres crédits d’impôt.

En fin de compte, le gouvernement gagnerait à rehausser de façon plus importante le salaire minimum afin que les travailleurs immigrants, qui espèrent une meilleure vie, ne se sentent pas simplement exploités par les entreprises.

Source : CSN, Collectif pour un Québec sans pauvreté et Radio-Canada

En complément:

Le salaire minimum passera à 12,50 $ le 1er mai prochain au Québec

Catégories : Économie, Société
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