Le Canada : société vieillissante

Le mannequin canadien Maye Musk qui, à 70 ans, participait à la fête 2018 de l’homme de l’année du magazine américain GQ le 6 décembre 2018 à Beverly Hills en Californie. Sa carrière a connu un envol depuis qu’elle a cessé de teindre ses cheveux et de les laisser prendre leur teinte naturelle de gris. Depuis lors, elle est « le nouveau visage » de Covergirl. (Photo, Phillip Faraone/Getty Images)

Ce dossier traduit par Raymond Desmarteau a d’abord été produit en anglais pour Radio Canada International par Carmel Kilkenny. Pour avoir accès à Canada : Becoming a Senior Society, cliquez ici.

L’âge? Quel âge?

Phénomène commun à tous les pays du G7, le Canada n’y échappe pas, sa population vieillit. Nous sommes aujourd’hui quelque 38 millions de Canadiens et notre âge médian – il y a autant de personnes plus jeunes que plus vieilles – se situe à 40 ans.

Cela dit, parmi ces nations vieillissantes, nous serions parmi les plus jeunes.

Par contre, dès 2031, le Canada sera dans la même situation que celle qui prévaut au Japon aujourd’hui avec un quart de sa population qui a plus de 65 ans.

Les données colligées dans le recensement de 2016 au Canada en surprennent plus d’un. On y met en lumière tant les défis inhérents à cet état de fait que les avenues de développement possibles qui s’offriront aux Canadiens, aujourd’hui comme demain.

Des joies qui viennent quand on accepte le processus de vieillissement – surtout quand nous sommes en bonne santé – comme le font madame Musk et de nombreux aînés actifs d’un bout à l’autre du pays à cet « âgisme étonnant » (staggering ageism) que décrit l’auteure Sharon Butala, les besoins sociétaux des centenaires, qui seront 100 millions en 2100, contiendront des exigences précises d’appui spécifiques envers les immigrants du troisième âge, nous nous pencherons sur les évolutions de la société canadienne.

Les centenaires, ces personnes qui ont atteint ou dépassé l’âge vénérable de 100 ans, représentent le groupe démographique qui connaît la plus forte croissance au Canada aujourd’hui (Trevor Wilson/CBC)

Recensement et centenaires

Une statistique envoie un message très clair à tous les décideurs canadiens : il y a au Canada aujourd’hui, plus de personnes qui ont 65 ans et plus que celles qui ont 14 ans et moins!

Ces pyramides des âges – les répartitions par groupe d’âge en partant du centre – connaissent de profonds changements. Celles de jadis deviennent des colonnes aux sommets de plus en plus encombrés.

L’économiste et démographe d’origine australienne David K. Foot, auteur notamment de l’essai « Entre le boom et l’écho », a récemment pris sa retraite de l’Université de Toronto.

Boréal éditeur

L’essai dont il est question ici est paru il y a plus de vingt ans et déjà, il y lançait l’alerte devant cette situation qui s’annonçait ici. Depuis lors, il a raffiné et précisé ces données dans des suites de l’essai premier en collaboration avec le journaliste Daniel Stoffman.

David Foot, auteur de « Entre le boom et l’écho » chez lui à Toronto. Photo prise le 29 mai 2012. (Presse canadienne/Aaron Vincent Elkaim)

Depuis le début du XXIe siècle, il est de plus en plus évident que la tendance se mondialise.

De fait, les taux de fécondité à la baisse ne sont pas que l’apanage des sociétés dites développées; on constate ce phénomène dans les sociétés en développement également.

Selon Jonathan Chagnon, démographe chez Statistique Canada, l’agence fédérale qui collige des millions de données sur le Canada, ces changements ne sont pas mauvais en soi, nous devons y faire face et être prêts.

« La population canadienne est encore la plus jeune des populations des pays du G7. Il n’y a qu’aux États-Unis où l’on retrouve une proportion moindre de 65 ans et plus qu’au Canada. »  – Jonathan Chagnon

Le Canada vit de profonds changements sur de nombreux plans, tant administratifs que sociétaux. Des budgets gouvernementaux – rappelons que la santé et du ressort des gouvernements provinciaux au Canada – à la construction de résidences désignées pour population vieillissante, autonome, semi-autonome ou en perte d’autonomie, où déambulateurs et fauteuils roulants sont la norme, nous devons nous adapter.

Songez à ces nombreux centres commerciaux couverts, où l’on déambule,  faisons nos achats, loin de la froidure hivernale ou de la canicule estivale – de plus en plus réalité – là où des espaces conviviaux sont aménagés permettant aux gens de prendre une pause durant leurs périples d’achats. Plusieurs aînés en profitent, souvent même sans faire d’achats. On les voit souvent dans les aires de restauration rapide, sirotant un café, tentant de briser l’isolement et le sentiment de solitude si souvent décrié du quotidien des aînés.

Même la mort passe par un processus de révision. De plus en plus, les Canadiens croient au « droit à la mort assistée. »

Les rites et traditions funéraires changent tout comme les méthodes de mise en terre. En novembre 2018, se tenait au Palais des Congrès de Montréal le tout premier Salon de la Mort, où l’on offrait un kaléidoscope d’options et choix de fin de vie.

(https://www.salondelamort.ca/)

Ces centenaires qui constituent la tranche démographique qui connaît la plus forte croissance au Canada

Une aînée tenant la main d’un bébé (Photo: iStock)

Donc, les gens vivent plus longtemps, certains vivent beaucoup plus longtemps. La question se pose : est-ce que la vie est meilleure pour autant?

Changement de paradigme frappant, les centenaires représentent aujourd’hui le groupe démographique connaissant la plus forte croissance au Canada.

En 2016, il y avait 8230 centenaires au pays.

« Entre les recensements de 2011 et de 2016, les centenaires ont connu une croissance de 41% de leur population, ce qui représente le segment d’âge à la plus forte croissance de tous. 

Autre donnée intéressante : aujourd’hui, les 15-64 ans sont proportionnellement plus nombreux au Canada que dans tous les pays du G7.  Cette donnée souligne le fait que nous avons la plus forte proportion de la population active qui contribue financièrement à notre société.» – Jonathan Chagnon, démographe, Statistique Canada

Donc, voilà ce qui attend le Canada dans un avenir rapproché : des changements en profondeur se pointent dans les entreprises, les bureaux et tous les lieux de travail et imposent par le fait même des défis sociétaux nouveaux que nous devons reconnaître, accepter et répondre.

« Selon les modèles de projection des changements de population que nous observons, nous pouvons confirmer que les gens de 65 ans et plus seront proportionnellement les plus nombreux au pays alors que les 15 ans et moins resteront assez stables. Nous pouvons voir cette donnée sous l’angle de l’amélioration de notre société. » – Jonathan Chagnon

L’entrepreneur torontois Moses Znaimer s’intéressait aux travaux du démographe David K. Foot quand il a lancé Zoomer Media en 2007, une société qui publiait entre autres le magazine Zoomer qui faisait l’éloge de la vie quand on avait plus de 50 ans. Sur la page couverture de cette édition, on y retrouve l’humoriste Howie Mandel. (Zoomer Media)

Le Baby-Boom d’après la Seconde Guerre mondiale est arrivé un peu plus tard au Canada qu’ailleurs au sein des nations riches de la planète.

Les militaires canadiens qui rentraient au pays ont été rapatriés plus tard que leurs camarades des États-Unis et du Royaume-Uni.

Les Baby-Boomers canadiens sont nés entre 1947 et 1966.

Au cours de ces années, alors que la population canadienne était moindre que celle que nous avons aujourd’hui – 12,5 millions en 1947, 20 millions en 1966 près de 39 millions en 2018 – il y avait plus de 400 000 naissances au Canada chaque année.

Aujourd’hui, les « Boomers » avancent allègrement ou ont dépassé les 70 ans et nombre d’entre eux sont maintenant à la retraite. Mais, depuis l’abolition de la retraite obligatoire à 65 ans promulguée en 2006, une bonne proportion de ces gens travaille toujours. On s’attend de plus à ce que le travail passé les 65 ans soit de plus en plus populaire.

D’ailleurs, plusieurs entreprises courtisent très sérieusement les Boomers. Il n’est pas rare de nos jours de voir des offres d’emplois affichés avec des titres tels « retraités et semi-retraités, ce poste est pour vous », ou encore « Retraités, votre expérience est très recherchée. » etc.

(https://www.emploisenior.net/emploi-senior)

En 2010, à peine 6% de la population active continuait de travailler à temps plein après 65 ans. L’âge moyen de la retraite au Canada était alors de 62 ans.

Il est à noter par contre que, pour chaque personne à la retraite en 2031, il y en aura deux qui travailleront. C’est un déclin inquiétant si l’on compare à 1980 alors que, pour une personne à la retraite, il y en avait cinq activement au travail, un constant qui s’inscrit dans le départ massif à la retraire des Baby-Boomer.

Filomena Tassi : la toute première ministre des Aînés au Canada

La majorité des dix provinces et des trois territoires au Canada ont aujourd’hui au sein de leurs conseils des ministres un ou une ministre des Aînés et de dossiers liés au vieillissement de la population.

La députée libérale de Hamilton West–Ancaster–Dundas, Filomena Tassi, lors de son assermentation à titre de ministre des Aînés lors d’une cérémonie officielle à Rideau Hall, résidence du gouverneur général du Canada, le 18 juillet 2018. (PC/Justin Tang)

Par cette nomination, le premier ministre Justin Trudeau reconnaissait l’importance et la nécessité de créer un portefeuille spécifiquement désigné à la réalisation d’une position nationale en matière de vieillissement de la population et de besoins spécifiques des aînés.

Depuis son assermentation, madame Tassi est allée à la rencontre de citoyens du troisième âge un peu partout au Canada, écoutant leurs doléances, partageant les expériences des familles et de ceux et celles qui travaillent aux mieux-être des aînés, dans les résidences désignées notamment et a colligé des listes des besoins les plus pressants, les plus urgents.

« La sécurité du revenu, le logement abordable, les abus et les fraudes envers les aînés, l’isolement et la solitude de ces personnes démunies, leurs besoins en santé et en l’accessibilité aux soins, tels sont certains des points qui ressortent de ces consultations, mais ce ne sont pas les seuls. » – Filomena Tassi, ministre fédérale des Ainés

L’âgisme est la « forme la plus tolérable de préjudice social » qui existe

Selon la ministre Tassi, pour bien répondre aux besoins spécifiques des aînés et de mettre en place de changements profonds – tant culturels que structuraux –  il ne faut pas seulement parler de collaboration entre les gouvernements, fédéral et provinciaux, mais aussi dans les chevauchements et empiètements qui se trouvent dans la structure gouvernementale fédérale elle-même.

Ce débroussaillage se fera sous la gouverne de son ministère et touchera les ministères de la Santé, du Travail et de la Famille.

La ministre Tassi pourra profiter d’expertises diverses et de recherches de plus en plus pointues en ce domaine, d’experts et de chercheurs qui ne demandent qu’à être consultés et impliqués dans le processus.

Songeons par exemple au département de Santé, du Vieillissement et de Société (Department of Health, Aging & Society) de l’Université McMaster à Hamilton en Ontario ou encore du Centre de recherche sur les Aînés (Centre for Elder Research) du collège Sheridan, aussi dans le Sud ontarien, un centre créé en 2003 à la fine pointe des recherches en la matière.

Filomena Tassi espère obtenir la collaboration du Conseil national des Aînés, un comité de réflexion indépendant qui développe une stratégie nationale pour les personnes âgées.

Elle parle aussi avec enthousiasme du programme Nouveaux horizons pour les aînés qui propose des approches novatrices à l’échelle communautaire, notamment en rapprochant des aînés avec des jeunes afin que se tissent des liens et des relations en dehors des cadres familiaux.

Par contre, en parallèle avec ces changements démographiques, nous devons arriver à mettre en place un changement profond des attitudes envers les aînés. Ce qui doit être pris de front et contré, c’est l’âgisme. »  – Filomena Tassi, ministre fédérale des Ainés

Selon la ministre Tassi, ce constat prend forme avec de plus en plus d’acuité au sein de la société canadienne.

À 101 ans, madame Florence Storch s’exécute au lancer du javelot lors des Jeux Canada 55 Plus en 2014 qui se tenaient dans la petite ville de Sherwood Park en Alberta, le 28 août de cette année. (Presse canadienne//Jason Franson)

Comme l’écrivait la journaliste Sandra MacGregor dans une édition de 2016 du magazine Maclean’s, l’âgisme est « le préjudice social le plus toléré (The most tolerated form of social prejudice) » au Canada. Sandra MacGregor se basait sur des données conjointes du Centre de recherche sur les Aînés de l’Université Sheridan et de l’entreprise Revera qui offre des soins et des services divers aux personnes âgées.

Des chiffres tirés du rapport donnent à réfléchir : quelle forme de « – isme » est-elle plus acceptable, laquelle l’est le moins?

Âgisme : 42%

Sexisme : 20%

Racisme : 17%

Le quart des répondants au sondage avouent traiter les gens différemment en raison de leur âge.

« Nous voulons nous assurer que l’on mette en lumière, au vu et au su de tous l’extraordinaire contribution de nos aînés, celle d’hier et celle d’aujourd’hui, dans nos communautés, sur les lieux de travail, au sein de nos familles et dans nos lieux de culte. » – Filomena Tassi

Hazel McCallion et Florence Storch, deux exemples frappants

Les cas de mesdames Hazel McCallion et Florence Storch sont éloquents. Madame Storch a remporté une médaille d’argent lors des Jeux 55 + en Alberta en 2014. Avec un lancer du javelot de 3,18 mètres, elle était parmi l’élite des femmes de 85 ans et plus … et elle en avait 101.

Madame Hazel McCallion, ancienne mairesse de Mississauga, banlieue ouest de Toronto, a passé toute sa vie au service de ses citoyens et de sa communauté.

Élue pour la première fois en 1978, elle dirigeait alors les destinées d’une petite ville dortoir de 280 000 personnes.

Elle a poursuivi sa carrière durant douze élections municipales consécutives (des cycles de quatre ans), réélue dix fois et élue par acclamation deux fois.

Avec une population dépassant les 700 000 habitants, Mississauga est aujourd’hui une communauté active, prospère et diversifiée où la moitié des gens qui y habitent n’ont ni l’anglais ni le français – les deux langues officielles au Canada – comme langue maternelle.

Hazel McCallion, photo prise à Mississauga en mai 2014. Avec son franc-parler et sa ténacité, on la surnommait « Hazel l’ouragan (Hurricane Hazel). Madame McCallion a été l’un des maires avec la plus longue longévité en poste au Canada. (Presse canadienne/Chris Young)

En janvier 2019, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a demandé à madame McCallion d’être sa « conseillère spéciale » et celle du ministre des Affaires municipales, Steve Clark.

Madame McCallion, qui a eu 98 ans en février, soupèse l’offre et n’a pas toujours donné sa réponse. Le poste vient avec un salaire annuel de 150 000 dollars canadiens.

En janvier dernier, Hazel McCallion a déclaré en entrevue au quotidien national The Globe and Mail le 23 janvier 2019 que « si les tâches qui viennent avec ce poste m’empêchent de faire toutes les autres tâches que j’ai, je dois décider si j’ai ou non le temps de les faire (If it interferes with all my other jobs that I have, I have to decide whether I have the time to do it.)»

La ministre fédérale des aînés, Filomena Tassi, affirme pour sa part qu’il y a plusieurs programmes de qualité qui existent au pays et que le partage d’informations doit impérativement se faire dans un esprit de collégialité et de bonne entente.

Avant d’être députée puis ministre, madame Tassi était aumônière dans une école secondaire (un lycée) de sa circonscription. Elle avait alors mis sur pied un programme de jumelage d’adolescents avec des aînés afin d’aider ces derniers à faire leurs achats des Fêtes à l’approche de Noël, une initiative qui a connu beaucoup de succès.

Un retour à l’école et une colocataire de 73 ans

À Hamilton, Tafadzwa Machipisa a choisi de retourner sur les bancs d’école. Elle a donc choisi de vivre encore une année avec sa logeuse et colocataire, Constance Jain qui a 73 ans (CBC/Craig Chivers)

À l’Université McMaster, le programme Symbiosis (trad. : symbiose) offre aux gens d’un âge certain qui ont une chambre libre dans leur demeure de rencontrer des étudiants en quête d’un lieu où vivre durant l’année scolaire. Symbiosis connaît un vif succès.

Le programme en question a pour raison d’être de mettre en lien des étudiants universitaires et des aînés pour créer un vivre ensemble plus agréable (Symbiosis/Université McMaster)

100 millions en 2100

Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada du 11 juillet 1896 au 7 octobre 1911 (Photo : Bibliothèque et Archives Canada)

« Permettez-moi de vous dire, mes chers concitoyens, que tous les indices pointent vers le fait que le XXe siècle sera celui du Canada et du développement à la Canadienne … Au cours du prochain siècle, le Canada sera l’étoile vers laquelle tous les hommes aimant le progrès et la liberté se dirigeront. » 

Extrait du discours (traduction) du premier ministre du Canada, Sir Wilfrid Laurier, du 14 octobre 1904 à Massey Hall à Toronto.

Créé par un regroupement de personnes visionnaires l’Initiative du siècle repose sur l’objectif d’accroître la population canadienne afin qu’elle atteigne les 100 millions à début du XXIIe siècle.

Selon Goldy Hyder, membre du conseil d’administration de l’Initiative du Siècle, la citation ci-haut du premier ministre Laurier ne s’est pas vraiment réalisée au cours du XXe siècle. Ainsi ceux et celles qui appuient l’Initiative veulent voir se concrétiser son objectif d’ici 2100.

Et, bien que pour plusieurs, ce soit un objectif pour le moins audacieux, ce n’est pas le cas selon lui.

« Un objectif comme le nôtre n’a rien d’ambitieux quand on le compare à notre histoire. » Goldy Hyder – Initiative du Siècle 

Selon une étude commandée par son groupe, pour atteindre les 100 millions de Canadiens en 2100, le pays devrait accueillir quelque 450 000 immigrants par année!

En octobre 2018, le ministre de l’Immigration du Canada, Ahmed Hussen, en déclaré que le pays accueillerait 450 000 immigrants de plus d’ici 2021.

L’Initiative du Siècle appuie sa vision et son objectif sur cinq données qui, toutes cinq, espère-t-on, permettront au Canada d’efficacement augmenter sa population.

http://www.centuryinitiative.ca/enjeux/

« Nous l’avons déjà fait »

Toujours selon l’Initiative du Siècle, il ne s’agit pas ici d’une solution en quête d’un problème. Il y a effectivement problème et les solutions sont « historiquement solides ».

De 1918 à 200, la population canadienne a connu une croissance d’un facteur de 3,7.

Passer de 35 millions de Canadiens à 100, c’est un facteur de 2,7.

« Donc, mon tout premier message aux Canadiens est celui-ci : nous l’avons déjà fait et nous l’avons réussi dans un ordre de croissance plus grand. Si les leaders du siècle dernier avaient une vision si limitée de la capacité canadienne à accueillir des immigrants qui arrivaient ici de partout pour des raisons aussi diverses les unes des autres, nombre d’entre nous ne seraient même pas en vie.

Le pays serait plus mal en point, la qualité de vie dans un pays aussi vaste avec des infrastructures comme nous les avons et qui sont nécessaires pour le faire fonctionner. Avec une population moindre, avec moins de contribuables, combien serions-nous prêts à verser pour nous offrir ce que nous avons aujourd’hui?

Donc, plus on ajoute de contribuables, plus les fonds recueillis – taxes et impôts – permettront de maintenir ces infrastructures et ces services qui sont l’apanage du Canada que tellement de Canadiens tiennent aujourd’hui pour acquis. »

Goldy Hyder – Initiative du Siècle

 Bonne santé ou santé meilleure

Cela dit, alors que nous devons aujourd’hui entamer les discussions pour le long terme, plusieurs familles sont prises dans le quotidien des soins et services à apporter à des parents qui prennent de l’âge.

Une bonne santé et une longue vie ne vont pas nécessairement main dans la main.

Les centenaires forment la tranche d’âge de la population en plus forte croissance au Canada. Les soins et les services requis devront être offerts selon leurs besoins. (iStock)

Stéphanie Erickson, directrice fondatrice du groupe ressources Erickson à Montréal est travailleuse sociale. Dans sa pratique clinique auprès des familles et des aînés, elle souligne le besoin les besoins criants en lits de soins de longue durée, et en personnel qualifié.

Elle ajoute que nous devons nous préparer à l’inévitable vieillissement, celui de nos proches comme le nôtre, en ayant des documents légaux – testaments, certificats d’inaptitude et autres – à jour, remisés dans un endroit accessible afin de rendre plus facile la prise de décision et de permettre ainsi aux familles de bien être au fait de la réalité de leurs aînés et de bien les défendre le cas échéant.

Madame Erickson ajoute que de parler de ces sujets difficiles ne doit pas être tabou. Il faut permettre aux aînés de connaître les avenants et les aboutissants des options s’offrant à eux en fin de vie pour qu’ils puissent décider en toute conscience et prévoir le jour où cette faculté ne leur sera plus possible.

Maye Musk est au sommet de sa longue carrière de mannequin et elle a 70 ans

Maye Musk est née à Regina en Saskatchewan en 1948.

Quand elle avait deux ans, ses parents ont immigré en Afrique du Sud.

Maye Musk participait à l’événement An Experiential Makeup Playground (Trad. : un terrain de jeu en maquillage expérimental) le 4 décembre 2018 au magasin COVERGIRL À New York (Photo: Mike Coppola/Getty Images pour COVERGIRL)

À quinze ans, une amie de sa mère l’inscrit à des cours de mannequin. Elle démarre sa carrière par des séances photo à Pretoria et à Johannesburg. May Musk n’a jamais cessé d’être un mannequin très recherché.

En parallèle, passionnée de mathématiques et de sciences, elle décroche deux maîtrises (masters) et travaille également comme diététicienne agréée et nutritionniste.

Elle a déjà été présidente de l’association des diététistes du Canada. Ses trois enfants font aussi leur marque dans ce monde : Elon, fondateur de la société automobile Tesla et du lanceur de satellites Spaces X, Tosca, soeur jumelle d’Elon, cinéaste et productrice et Kimbal, entrepreneur et visionnaire en agriculture de demain.

À 70 ans, cette grand-mère de dix petits-enfants persiste et signe, étant la preuve vivante que le glamour, le charme et la séduction ne diminuent en rien avec l’âge.

En entrevue au magazine People en janvier 2017, Maye Musk a parlé de sa décision de laisser ses cheveux reprendre leur teinte naturelle de gris.

« J’en avais assez et je voulais voir ce qu’il y avait dessous (NDLR: De la teinture), même si je ne devais plus jamais travailler. » – May Musk 

Et, contrairement à l’a priori, les engagements se sont multipliés alors que de plus en plus d’entreprises ont constaté là que ce marché, celui des femmes aînées, était complètement laissé pour compte.

May Musk est aujourd’hui le « visage de Covergirl » et on peut fréquemment la voir sur la passerelle lors d’événements mode.

Son seul regret : ne pas avoir laissé le gris prendre le dessus plus tôt.

Tempus fugit – Nous avançons en âge, inexorablement

L’auteure albertaine Sharon Butala affirme qu’à 78 ans la réalisation de la définition « d’être vieille » l’a frappée de plein fouet.

Sharon Butala (CBC/Tali Shany)

Dans un texte paru dans The Walrus (trad. : le morse), un magazine canadien, elle écrit :

« I was, at the same time, in full denial that it would ever happen to me, and so I was shocked, down to the soles of my feet, when it did. (Trad. : Je refusais de reconnaître le fait que vieillir m’arriverait. J’étais donc sidérée lorsque cela s’est produit.)  

« I think we need to focus on how to make the lives of the elderly better, and not how to extend them into eternity .(Trad. : Je suis persuadée qu’il faut mettre l’accent sur l’amélioration de qualité de la vie des aînés et non pas de la prolonger vers l’éternité) »

Sharon Butala – Extrait de The Walrus – Against ageism, 6 avril 2018

Son expérience personnelle lui a été très pénible quand, alors qu’elle n’avait pas encore 70 ans, elle a tenté de négocier une hypothèque après le décès de son mari. Situation qu’elle a décrite comme étant de l’âgisme atterrant (Staggering ageism) dans son texte paru dans The Walrus.

Elle ajoute aussi que certaines expériences vécues par des amis qui ont vu leur permis de conduire être suspendu même dans le cas d’infractions mineures l’ont menée à manifester ouvertement son désaccord et sa frustration.

Telle est cette réalité, celle de la personne du troisième âge, invisible, ignorée, qui ne peut exprimer correctement ses pertes.

Qu’à cela ne tienne, cette éternelle optimiste croit en l’avenir et la résilience des idées. Membre de l’association des apprenants à vie de Calgary (Calgary Association of Lifelong Learners), madame Butala affirme haut et fort que le vent de changement n’en est qu’à ses débuts.

Plus: 

Estimations de la population au 1er juillet par âge et par sexe (Statistique Canada)

Vieillir au Canada: quelles sont les conditions de vie de nos aînés (Radio Canada International)

Vieillir, regards parallèles: une démarche photographique militante de valorisation des aînés (Radio Canada International)

Pénurie de main d’oeuvre: le défi de retenir les personnes âgées au travail (Radio-Canada)

Quand la technologie se met au service des aînés (Radio-Canada)

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