Une troisième démission a été enregistrée lundi dans l’affaire SNC-Lavalin qui secoue le gouvernement libéral, à Ottawa, depuis trois semaines. Dans sa lettre de démission, Jane Philpott, jusque-là présidente du Conseil du Trésor, affirme qu’elle a « perdu confiance dans la façon dont le gouvernement a géré ce dossier et dans la façon dont il a répondu aux enjeux soulevés ».
« Les inquiétudes de cette nature doivent être prises au sérieux »
Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le premier ministre Justin Trudeau (La Presse canadienne/Justin Tang)
Pris dans un tourbillon inattendu, le premier ministre du Canada et son cabinet se mobilisent pour faire face à la situation. Justin Trudeau a dû annuler des activités prévues à Regina, en Saskatchewan, mardi, pour retrouver les siens à Ottawa afin de réfléchir ensemble sur la stratégie susceptible de sortir le Parti libéral de la crise, à quelques mois seulement des élections générales.
Le premier ministre est conscient que la démission de Mme Philpott et les propos contenus dans sa lettre publiée sur les médias sociaux soulèvent des « inquiétudes qui doivent être prises au sérieux ».
Le gouvernement croyait avoir calmé la situation à la suite des réticences de Mme Philpott en ce qui a trait à la façon dont le dossier SNC-Lavalin avait été traité.
Dans sa lettre de démission, elle affirme en substance « qu’il y a un prix à payer pour ses principes ».

Le premier ministre Trudeau en compagnie de l’ancienne ministre Jody Wilson-Raybould. Crédit : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
L’opposition se délecte de la situation
La stratégie politique pour l’opposition est de mettre en évidence les lacunes et les échecs du premier ministre dans cette affaire, pour espérer glaner des votes en octobre.
Le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Guy Caron, a demandé une enquête de la GRC pour faire toute la lumière sur ce dossier. Il déplore que le premier ministre et son caucus aient opposé un refus catégorique à cette demande.
Du côté des conservateurs, Alain Rayes, lieutenant du parti au Québec, affirme qu’à partir de ce qu’on sait aujourd’hui, « Justin Trudeau a perdu la légitimité d’être le premier ministre du Canada ».
C’est pourquoi il appelle à sa démission. Il met de l’avant le fait que le premier ministre ait nié au départ toute implication dans l’affaire SNC-Lavalin, dans le simple but de « discréditer » Mme Wilson-Raybould, avant de changer sa version des faits, au gré de la progression des événements. « Il est en train de creuser un trou duquel il ne sera pas capable de sortir », a affirmé M. Rayes.
À la démission de Mme Philpott, de l’ex-ministre de la Justice et procureure générale du Canada et ex-ministre des Anciens Combattants, Jody Wilson-Raybould, de l’ex-conseillé de Justin Trudeau, Gerald Butts, vient s’ajouter le « retrait » subtil de Celina Caesar-Chavannes. La députée ontarienne a donné son appui aux deux ministres démissionnaires et déclaré qu’elle ne se représentera pas aux prochaines élections générales.
La presse nationale rivalise de titrailles
4 years later… #4YearChallenge #CdnPoli pic.twitter.com/Jgzcy7Fd1a
— Harold Albrecht, MP for Kitchener-Conestoga (@Albrecht4KitCon) March 4, 2019
En attendant que Gerald Butts présente son témoignage devant le comité de la justice, le 6 mars, la presse, à l’échelle du pays, rivalise de titres. Ils sont plus virulents les uns que les autres, selon que l’on est à l’Ouest ou à l’Est du pays, où les enjeux autour du dossier SNC-Lavalin ne sont pas perçus de la même manière.
À titre d’exemple, le magazine Macleans (Ouest) va puiser dans le registre satirique et qualifie Justin Trudeau « d’imposteur, qui a centré toute sa politique sur son image et sur sa jeunesse ».
Le Journal de Montréal (Est) y va d’un ton plus adouci et titre que « Rien ne va plus pour Trudeau », tandis que le National Post (Ouest) se demande « si Justin Trudeau a un problème avec les femmes ».
Dans l’adversité, malgré le déchaînement de certains médias, le reste de l’équipe libérale se montre soudé derrière son chef qui tient une série de rencontres sur la gestion de cette crise à Ottawa.
Réitérant sa loyauté au premier ministre, la ministre de l’Environnement Catherine McKenna a souligné qu’il était important d’entendre toutes les versions dans cette affaire, après que Mme Wilson-Raybould eut témoigné.
« Nous sommes tous sur le même bateau à cet égard […] J’ai une entière confiance en M. Trudeau », a déclaré Mme McKenna.
RCI avec Twitter, Radio-Canada et des informations du gouvernement fédéral
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