Les chauffeurs de taxi du Québec annoncent un débrayage dès lundi en contestation aux mesures du projet de loi du ministère des Transports qui leur est défavorable. Photo archives. La Presse canadienne / Graham Hughes

Budget du Québec 2019-2020 : les chauffeurs de taxi s’estiment lésés et annoncent une grève

En plus d’être mécontents des changements annoncés dans le projet de loi 17 déposé mercredi par le ministre des Transports, les chauffeurs de taxi estiment que la somme de 500 millions de dollars prévue en dédommagement par le nouveau budget provincial est insignifiante en comparaison du montant payé pour leur permis d’exercer.

Un projet de loi qui démocratise l’accès à la profession

Les 8800 détenteurs de permis de taxi dans la province entendent utiliser tous les moyens de pression possibles pour faire entendre leurs récriminations.

La journée de lundi s’annonce particulièrement mouvementée dans cette industrie déjà fragilisée par l’arrivée de concurrents comme Uber ou d’autres plateformes technologiques en ligne.

Le projet de loi présenté par le ministre des Transports François Bonnardel ouvre plusieurs possibilités dans le secteur du taxi. L’accès à ce métier s’en trouve facilité :

  • au niveau de la formation, elle ne se fera plus sur plusieurs mois comme par le passé, et elle ne durera que quelques heures, soit moins d’une journée;
  • tout détenteur d’un permis de conduire de classe 5 peut désormais exercer le métier, alors que par le passé, il aurait fallu attendre d’obtenir le permis de classe 4 plus exigeant;
  • plus besoin d’obtenir une licence spéciale pour se positionner en tant que chauffeur dans ce secteur;
  • les exigences liées au contrôle technique des véhicules sont tout aussi amoindries.

L’une des seules conditions contraignantes est la vérification du casier judiciaire des chauffeurs. Il devra être immaculé.

Les changements prévus viennent en quelque sorte simplifier la tâche aux personnes désireuses de devenir chauffeurs de taxi. 

L’arrivée d’Uber et d’autres plateformes technologiques sur le marché du taxi a fragilisé l’activité des détenteurs traditionnels de permis. Crédit : Radio-Canada

Un geste de « trahison », clament les détenteurs de permis traditionnels

Ces derniers estiment qu’ils sont les sacrifiés de ce projet de loi qui vient en quelque sorte réduire à néant leurs permis acquis à un prix astronomique. Certains ont dû débourser jusqu’à 200 000 $ pour obtenir le précieux document jusque-là indispensable pour exercer légalement dans ce secteur.

Pour la plupart, le gouvernement Legault vient de totalement « déréglementer » leur industrie et de compromettre leur retraite. L’acquisition d’un permis était considérée comme un moyen de mettre de l’argent de côté pour assurer leurs vieux jours.

Le gouvernement prévoit certes des compensations pour ces détenteurs de permis, mais ceux-ci redoutent que les montants soient trop insignifiants pour couvrir leurs dépenses.

Le budget provincial prévoit notamment la somme d’un demi-million de dollars pour dédommager l’ensemble des détenteurs.

Chacun s’en tirerait avec à peu près 30 000 à 40 000 $, ce qui est bien loin du montant versé pour un permis, pour les visites techniques et pour l’entretien de leur véhicule.

Il convient de souligner que l’industrie du taxi constitue une espèce d’issue de secours pour de nombreux immigrants hautement qualifiés. Souvent, ils n’ont pas pu s’insérer autrement dans le marché du travail, car ils étaient victimes de discrimination et que l’on ne reconnaissait pas les diplômes obtenus dans leur pays d’origine.

À lire aussi :

Catégories : Politique, Société
Mots-clés : , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.