Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse vient de déposer un projet de loi qui ferait de cette petite province, de l’est du Canada, le premier État fédéré en Amérique du Nord à opter pour la formule du « consentement présumé » des citoyens à faire don de leurs organes advenant leur mort.

Le premier ministre Stephen McNeil – Photo : CBC
Le projet de loi du gouvernement libéral de Stephen McNeil ferait donc en sorte que tous les résidents de la Nouvelle-Écosse seraient automatiquement considérés comme étant des donneurs d’organes et de tissus, à moins qu’ils se soient eux-mêmes personnellement retirés du programme.
Les jeunes de moins de 19 ans et les personnes inaptes à décider ne seraient considérés comme donneurs que si un parent ou un tuteur l’autorisait.
Cette initiative n’entrerait pas en vigueur avant au moins un an, voire 18 mois, afin de laisser le temps nécessaire à la planification, à l’éducation et à la sensibilisation du public.
Pourquoi passer au consentement présumé?

Un don d’organes Photo : iStock
Cette initiative fait pourtant sourciller certains spécialistes. Ils font remarquer que la Nouvelle-Écosse est déjà pourtant l’une des provinces au Canada où les taux d’enregistrement volontaires des donneurs sont parmi les plus élevés.
La province rapporte que seulement 21 Néo-Écossais sont devenus des donneurs d’organes en 2018, tandis que 110 personnes ont fait don de tissus comme la cornée ou des valvules cardiaques.
Cependant, 110 personnes demeurent en ce moment en attente d’une greffe d’organe en Nouvelle-Écosse.
Un problème de santé publique

Stephen Beed – Photo : CBC
Le Dr Stephen Beed, directeur médical du programme provincial Don de vie, rappelle pour sa part que le principe du consentement présumé avait été adopté en 2010 dans un projet de loi similaire par l’ancien gouvernement néo-démocrate, mais que la loi n’avait pas été promulguée.
Le Dr Beed explique que l’objectif du consentement présumé serait de faire en sorte que les dons atteignent le niveau constaté dans des pays européens comme l’Espagne et le Royaume-Uni. « Un système de consentement présumé ailleurs dans le monde a généralement entraîné une augmentation approximative de 20, 30, voire 35 % du taux de don, a-t-il soutenu. Je veux pouvoir dire à tous les Néo-Écossais, où qu’ils vivent, que les possibilités de dons seront les mêmes, quel que soit leur code postal. »
« Je ne suis pas sûr que nous puissions le dire de façon crédible aujourd’hui, mais je veux pouvoir le dire dans 12 mois ou dans 18 mois. Nous avons la chance de prendre ce que je pense être un très bon programme et d’en faire ce que j’espère être le meilleur programme du pays. »
Voyez si le Québec ou l’Ontario devraient eux aussi passer au consentement présumé…
Le don d’organes en chiffres au Québec
Seulement 0,8 % des personnes meurent dans de bonnes conditions pour faire un don.
Neuf personnes sur 10 au Québec et au Canada sont favorables au don d’organes.
Et 510 patients ont subi une transplantation en 2017 au Québec.
Les trois quarts des patients sur une liste d’attente pour une greffe attendent un rein.
RCI avec La Presse canadienne et les informations de Michael Gorman de CBC News et la contribution d’Isabelle Craig, Patrick Masbourian et Philippe Marcoux de Radio-Canada
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