Une fillette est décédée à Granby, en Montérégie, dans des circonstances troubles. Son père et sa belle-mère ont été arrêtés et détenus, en attendant que la lumière soit faite sur les causes réelles de la mort de cette enfant qui aurait subi, selon toute vraisemblance, des souffrances atroces.
Toute une province dans l’émoi et la consternation
La disparition de cette petite fille a creusé une blessure profonde au sein de la société québécoise, où tous se sont mobilisés pour tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé, afin que cela ne se reproduise plus jamais.
La classe politique s’est montrée soudée en cette circonstance particulièrement douloureuse. Le premier ministre François Legault a exigé une enquête publique du coroner en toute transparence.
À l’unanimité, la société a reconnu qu’il faut une pareille enquête pour faire la lumière sur ce qui s’est passé dans la résidence privée, où la petite fille vivait avec son père et sa belle-mère.
Selon des témoignages de travailleurs sociaux, de l’école qu’elle fréquentait et de certains proches de sa famille, la petite était victime de maltraitance et était connue de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) depuis son plus jeune âge. Il y avait d’ailleurs eu un signalement à son sujet le mois dernier.
Retrouvée lundi dans un état critique, dans la maison familiale, la fillette aurait succombé à ses blessures le lendemain à l’hôpital.
Professionnels et travailleurs sociaux « dévastés » par la tragédie
Les signalements rapportés, durant plusieurs mois, au sujet de la situation préoccupante de la petite fille, auraient dû sonner l’alerte et susciter des actions immédiates pour prévenir le pire.
« Nous sommes profondément affligés par le drame survenu à Granby. Aucun enfant ne devrait souffrir et, plus déchirant encore, mourir ainsi dans notre société. C’est une histoire à fendre le cœur qui doit absolument nous interpeller collectivement », a affirmé Carolle Dubé, la présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), dans un communiqué de presse.
Le directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) de l’Estrie a été suspendu avec salaire dans la foulée de ce décès. Les professionnels et travailleurs sociaux lancent à présent un cri du cœur en face de ce qu’ils considèrent comme « un échec lamentable » du système de protection de la jeunesse au Québec.
Parmi les failles rapportées par les travailleurs sociaux, en ce qui a trait au fonctionnement de la DPJ, il y a celui des délais d’attente. Ce délai en Estrie est de 61 jours après un signalement, ce qui est largement au-dessus de la limite de 12 jours fixée par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Par ailleurs, les travailleurs dénoncent la politique d’austérité du précédent gouvernement, qui a privé les DPJ, partout dans la province, de ressources nécessaires à leur bon fonctionnement, dans un contexte où le nombre de signalements augmente sans cesse. Ceux-ci ont dépassé la barre de 100 000 pour la première fois l’année dernière.
Par conséquent, les travailleurs sont débordés par une charge de travail excessive.
« Le personnel qui travaille à la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de l’Estrie est dévasté par cette tragédie. Ces gens sont dévoués à la cause des enfants, n’en doutez pas un seul instant. Ils sont les derniers à vouloir qu’une telle situation se produise. Il faut se garder de céder au jugement et de chercher à désigner à tout prix un coupable. Dans cette histoire, c’est le système qui a failli lamentablement, et qui a montré ses limites une fois de plus », a relevé Mme Dubé.
Il faut absolument trouver une solution pour désengorger le système et résoudre le problème de la main-d’œuvre qui se pose avec acuité dans les DPJ de la province, avec comme autres conséquences, le développement du stress et bien d’autres problèmes de santé physique et mentale chez les travailleurs.
« La mort tragique de cette petite fille ne doit pas rester sans lendemain. Sinon, l’histoire pourrait encore se répéter, et plus rapidement qu’on ne le pense. Il faut se demander collectivement pourquoi il en est ainsi. Pourquoi le nombre de signalements augmente-t-il sans cesse? Pourquoi tant d’enfants aboutissent-ils à la DPJ? Pourquoi le système craque-t-il de toute part? Pourquoi devrons-nous assister impuissants à de tels drames? Quelles sont les solutions qu’il faut apporter, les vraies, celles qui vont faire une différence dans la vie de nos enfants? Nous sommes dus pour un examen de conscience collectif, avec tous les acteurs concernés en matière de protection de la jeunesse », a-t-elle soutenu.
RCI avec des informations de l'APTS et Radio-Canada
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