Les Algériens manifestent dans les rues depuis le 22 février 2019 (Photo : manifestation sur la place de la Grande Poste à Alger, le 10 avril 2019 (Idhir Baha / Hans Lucas))

Algérie : des milliers dans les rues pour la fête nationale, mais pas seulement…

En Algérie, le 5 juillet est synonyme de fête nationale, lorsque le pays a obtenu son indépendance en 1962. Aujourd’hui, le 5 juillet correspond aussi au 20e vendredi de manifestation dans le pays, et à l’internationale.

Malgré un important dispositif policier, ils étaient des milliers dans les rues d’Alger, mais aussi d’autres villes du pays à braver la chaleur pour manifester contre le pouvoir en place.

Cette journée est cruciale autant pour l’opposition que pour le gouvernement qui a proposé, mercredi, la création d’une instance de dialogue pour organiser une présidentielle en promettant que l’État et l’armée ne s’y impliqueraient pas.

Débutée le 22 février, cette « Révolution du sourire » qui fait descendre les Algériens dans les rues veut abolir le « système » en place pour installer une véritable démocratie et un État de droit dans ce pays d’Afrique du nord.

Le 2 avril, ils obtenaient la démission du président Abdelaziz Bouteflika, resté près de 20 ans au pouvoir. Désormais, ils veulent le départ de tous ses anciens soutiens et refusent qu’ils organisent les prochaines élections.

Ce mouvement n’est pas seulement national. À l’étranger, les nombreuses diasporas algériennes se mobilisent aussi, comme à Montréal, où tous les dimanches, des rassemblements sont organisés à la place du Canada.

Pour comprendre l’ampleur de cet élan d’espoir, Radio Canada International a parlé à Idhir Baha, un photojournaliste franco-algérien membre du studio Hans Lucas qui a, à plusieurs reprises, pointé son objectif sur cette « Révolution du sourire ».

Un sentiment de détermination

M. Baha a été au cœur de ces manifestations populaires à plusieurs reprises et garde un contact continu avec ses sources dans les diverses villes du pays.

Il explique qu’ils étaient nombreux à sortir pour manifester en cette 56e fête de l’indépendance malgré les températures dépassant les 40 °C.

Vu du terrain, le sentiment général parmi les citoyens est un véritable sentiment de détermination :

Idhir Baha nous parle du sentiment général sur le terrain (Photo : Une manifestation pacifique le 12 avril 2019 dans la rue Didouche Mourad à Alger (Idhir Baha / Hans Lucas)).

Un constat qu’il a aussi fait est le retour des Algériens dans leurs rues. Il explique notamment que les citoyens n’osaient plus sortir dans les rues et flâner en soirée. Mais cela à changer avec cette révolution.

Ils s’accaparent littéralement leur espace public qui leur est dédié.Idhir Baha, Photojournaliste

Maintenant, « les familles, les femmes, les personnes âgées et les enfants commencent à ressortir, à se réapproprier l’espace public » explique le reporter.

Beaucoup rentrent au pays pour prendre part aux manifestations

Au travers de ses reportages, Idhir Baha a eu l’occasion de rencontrer de nombreux profils de manifestants.

Parmi eux, certains avaient fait une longue route pour être là. Il explique notamment avoir rencontré une Algérienne établie aux États-Unis qui a pris ses billets d’avion pour retrouver sa famille au pays pendant un mois et pouvoir « vivre » ces manifestations.

Lorsqu’on se penche sur la diaspora algérienne au Canada, ils sont aussi nombreux à faire le déplacement.

Massinissa Graba, un Algérien établi au Québec, nous a d’ailleurs expliqué que plusieurs de ses amis à Montréal ont fait le déplacement, profitant de la période estivale pour partir quelques semaines.

En Algérie, les manifestants organisent souvent des réunions spontanées dans les rues durant lesquels ils dialoguent librement et échangent leurs idées, explique Idhir Baha. C’est à ces événements organisés sur les réseaux sociaux que le photojournaliste a pu parler aux Algériens révoltés.

Crainte de voir un scénario égyptien en Algérie

Pour Idhir Baha, il y a une véritable crainte parmi les manifestants de voir l’armée prendre le pouvoir et le conserver à l’image de la révolution égyptienne.

Après une période de soulèvements massifs surnommée le « Printemps arabe », le président égyptien Hosni Moubarak a démissionné et le pouvoir est passé aux mains des Frères musulmans.

Mais il n’a fallu que deux ans à l’armée pour reprendre le pouvoir. Le général Sissi a remplacé Moubarak après le renversement du pouvoir islamiste élu.

M. Baha montre notamment l’influence du chef d’État-Major Ahmed Gaïd Salah.

Vous pouvez suivre les reportages d’Idhir Baha sur son Instagram et via sa page sur la plateforme Hans Lucas.

Catégories : International, Politique
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