Certains demandeurs de résidence permanente pourront attendre jusqu'à deux ans pour voir leurs dossiers être traités. Crédit: Istock

Traitement lent des demandes de résidence permanente : Ottawa accuse Québec

Les responsables fédéraux estiment que si certains dossiers ne sont pas traités à ce jour, c’est en raison de la décision de Québec de rabaisser les seuils d’immigration  dans la province.

Conformément à ses engagements de campagne électorale, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait décidé de réduire de 10 000 le nombre d’immigrants pour l’année en cours. Ainsi, de 50 000, ce nombre devrait retomber à 40 000 cette année, avant d’être rehaussé progressivement à partir de 2022.

Cette décision vient quelque peu créer des distorsions dans le processus fédéral d’attribution des résidences permanentes, soutient Ottawa qui gère ce dossier à l’échelle du pays, mais qui doit faire certaines concessions au Québec. C’est en raison d’un accord qui permet à la province de choisir en partie ses immigrants, en leur délivrant notamment un certificat de sélection du Québec (CSQ), sur la base de ses propres critères, que le fédéral a ainsi cédé du terrain.

Après avoir attendu d’être sélectionnés par le Québec, les travailleurs qualifiés pourront attendre jusqu’à deux ans pour obtenir la résidence permanente, à l’issue de diverses enquêtes menées par le fédéral.

Ce délai est jugé excessif par les avocats en immigration qui représentent de nombreux demandeurs.

« Il n’y a pas que l’immigration économique qui est visée, mais aussi la réunification familiale. On parle de gens séparés, des conjoints, qui vont l’être encore longtemps en raison de cette décision », a affirmé Stéphane Handfield, avocat en immigration, dans une entrevue à Radio-Canada.

Demande de résidence permanente (Crédit photo : iStock/Manjurul)

Contexte préélectoral délicat pour les libéraux en quête d’électeurs au Québec

La baisse des seuils d’immigration au Québec est ainsi pointée du doigt pour justifier les lenteurs dans le traitement des dossiers de demande de résidence permanente, à la veille du déclenchement de la campagne en vue des prochaines élections fédérales.

Depuis son arrivée au pouvoir, le premier ministre du Québec François Legault souhaite que la province obtienne plus de droits, en ce qui a trait au choix, à la francisation et à la redistribution des immigrants sur son territoire, en fonction des besoins du marché du travail.

Ottawa ne semble pas tout à fait disposé à accorder plus de libertés à cette province, ce qui suscite quelques mécontentements.

On se souvient qu’il y a quelques mois, le premier ministre du Québec avait mentionné une possibilité de représailles, qui passeraient par les urnes,  contre l’équipe de Justin Tudeau.

« […] On a l’appui des Québécois. Si M. Trudeau nous empêche d’arriver à cet objectif, il va payer un prix politique », avait alors lancé François Legault à Radio-Canada.

Il faut mentionner que les adversaires des libéraux dans le cadre des futures élections, les conservateurs, les bloquistes et les néodémocrates notamment démontrent une volonté à lâcher du lest dans ce dossier,  pour permettre à Québec de réaliser ses objectifs en ce qui a trait à l’immigration.

En complément

Ottawa refuse que Québec impose des conditions aux immigrants qui cherchent à obtenir la résidence permanente, confirme le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc. Le premier ministre du Québec demeure cependant confiant de parvenir à ses fins, mais prévient Justin Trudeau qu'il court le risque de payer un « prix politique » en cas de refus. Le reportage de Mathieu Dion.
Catégories : Politique
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