L'étude britanno-canadien a analysé 265 récits auto-interprétés de personnes de plusieurs communautés en Haïti sur des enfants conçus par des membres du personnel de l'ONU et nés de femmes ou de filles haïtiennes. (Photo : ©Spencer Platt/Getty Images)

265 enfants conçus et abandonnés par les Casques bleus de l’ONU en Haiti

On était au courant des allégations d’exploitation et d’abus sexuels perpétrés par le personnel des Nations unies contre des membres des communautés locales en Haïti. On savait aussi que certaines de ces abus avaient abouti à la naissance d’enfants. Toutefois, il existait peu de données sur les femmes et des filles qui ont conçu et porté ces enfants. Une nouvelle recherche canado-britannique a enquêté sur elles.

L’étude s’intéressant aux enfants des soldats de la paix en Haïti They Put a Few Coins in Your Hand to Drop a Baby in You’ (Ils vous remettent quelques pièces dans la main et ils vous laissent un bébé), menée par Sabine Lee de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni et par Susan Bartels de l’Université Queens de Kingston, Ontario, a analysé 265 récits auto-interprétés de personnes de plusieurs communautés en Haïti concernant des enfants conçus par des membres du personnel de l’ONU et nés de femmes ou de filles haïtiennes.

Les récits analysés par les chercheuses, rendus publics le 11 décembre dernier, mettent en évidence trois éléments permettant de mieux comprendre le phénomène :

(a) la pauvreté est un facteur sous-jacent clé contribuant à l’exploitation et aux abus sexuels par le personnel de maintien de la paix,

(b) le rapatriement des soldats de la paix impliqués laisse souvent la femme et l’enfant dans une pauvreté exacerbée, et

(c) les relations intimes avec des soldats de la paix à la peau claire ainsi que le fait d’avoir des enfants au teint clair sont deux éléments parfois perçus comme souhaitables chez les femmes haïtiennes.

« Les données montrent que les enfants conçus par le personnel de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) sont généralement élevés dans des conditions de dénuement économique extrême et se voient souvent refuser l’accès à l’éducation et à d’autres services de base qui leur permettraient de rompre le cycle de la pauvreté. »Extrait de l'étude

Les chercheuses Sabine Lee et Susan Bartels croient que bien que le besoin primordial identifié dans cette analyse soit d’ordre financier, des recherches supplémentaires auprès des enfants eux-mêmes « se justifieraient pour identifier d’autres besoins et pour éclairer les politiques et programmes destinés à améliorer leur bien-être ».

Des soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti
(Photo : ©Sophia Paris/MINUSTAH via Getty Images)

La MINUSTAH

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti a été créée le 1er juin 2004 par le Conseil de sécurité de l’ONU, après que le Président Jean Bertrand Aristide eut quitté Haïti pour l’exil au lendemain du conflit armé qui s’est étendu à plusieurs villes du pays.

Son mandat, tel qu’énoncé par les Nations Unies, consistait à « créer un environnement sûr et stable dans lequel un processus politique peut se dérouler, à renforcer les institutions gouvernementales haïtiennes, à appuyer l’instauration de l’état de droit et à promouvoir et protéger les droits de l’homme. »

Le contingent de la MINUSTAH était composé d’environ 7 000 militaires dont plusieurs canadiens et latino-américains principalement, mais aussi des États-Unis, de France, d’Italie, de Jordanie, du Népal et du Pakistan, entre autres.

La composante militaire de la mission était dirigée par l’armée brésilienne et le commandant de la force était brésilien aussi. Des membres du personnel civil international et local ainsi que des volontaires des Nations unies ont aussi appuyé la mission.

En avril 2017, le Conseil de sécurité a décidé que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) prendrait fin le 15 octobre 2017 pour devenir une mission de maintien de la paix de moindre envergure.

RCI avec des informations de l'étude ‘They Put a Few Coins in Your Hand to Drop a Baby in You’ et de l'Organisation des Nations Unies. 
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