Les supporters de la communauté Wet’suwet’en et les opposants au projet de gazoduc Coastal GasLink manifestent à Victoria, vendredi 14 février 2020. La Presse canadienne/Chad Hipolito

Blocage ferroviaire au Canada : toujours en attente de solutions concrètes

Au 13e jour des barrages, plusieurs chefs autochtones se sont concertés mardi. Ils ont lancé un appel au calme et au dialogue constructifs, alors que le gouvernement fédéral, au terme d’une réunion du Cabinet, prône aussi le dialogue en vue d’une solution concertée.

Les chefs vont-ils ordonner la levée des barricades?

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Perry Bellegarde a été rejoint par d’autres leaders autochtones pour échanger sur le blocage ferroviaire, au cours d’un point de presse à Ottawa mardi. Crédit : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Les chefs autochtones se sont adressés à la presse pour parler de cette crise qui dure depuis deux semaines en raison des communautés opposées au projet du gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique.

« On pourrait être là, les aider à construire une solution, mais ils ne nous consultent pas », lance l’un des chefs opposés à l’idée de voir le gouvernement se réunir et prendre des décisions qui les concernent, sans les consulter.

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau et son cabinet étaient en réunion à Ottawa pour trouver des issues à la crise.

À la fin de cette concertation, le premier ministre a répondu aux questions des journalistes, sans toutefois donner des indications précises sur les pistes de solution envisagées.

Malgré l’absence d’une issue concrète et de demande claire d’Ottawa en vue d’une levée des barricades, les chefs autochtones ont montré quelques signes d’ouverture. Attentifs aux réactions des Canadiens au sujet de ce blocage interminable aux conséquences souvent désagréables pour les voyageurs et l’économie, les chefs des Premières Nations ont dit craindre que les barrages aient finalement un impact négatif sur l’opinion publique.

Ils ont fait savoir certaines de leurs attentes à l’étape actuelle du processus de négociations.

« Les demandes ont été faites par les chefs héréditaires qui souhaitent que la GRC quitte les terres visées par le projet, que la compagnie qui construit le gazoduc étudie de nouveaux tracés, et que le processus de discussions avec la couronne puisse aller de l’avant », a dit le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde. Celui-ci met en garde contre l’idée d’interrompre les discussions.

« Nous appelons à un dialogue constructif. Les gens veulent voir des actions positives », a-t-il affirmé.

Pour sa part, le chef Serge Otsi Simon de Kanesatake mentionne qu’il y a « des impacts économiques qui risquent d’affecter tout le monde ».

« Le gouvernement va être forcé à faire quelque chose, on ne sait pas quoi. Tout le monde est perdant […] On ne veut pas perdre la bonne foi qu’on a trouvée depuis une dizaine d’années avec la population canadienne. On est d’accord que l’environnement et l’économie peuvent aller ensemble », soutient le chef Simon, qui a ajouté qu’une levée des barricades sans solutions concrètes pourrait inciter les manifestants à envisager d’autres moyens de pression sur le gouvernement fédéral.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est adressé aux parlementaires à Ottawa, mardi, au sujet du blocage ferroviaire qui paralyse les activités économiques depuis 13 jours. Crédit : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Justin Trudeau a dû annuler une réunion aux Barbades pour s’occuper de la crise. Il travaille à huis clos avec les membres de son Cabinet pour trouver une solution.

« Le gouvernement travaille de manière discrète et efficace. Il souhaite une discussion respectueuse », a affirmé Jean-Yves Duclos, le président du Conseil du Trésor, qui a souligné du même coup que le gouvernement travaille très fort pour trouver une solution à cette crise.

Devant les élus à la Chambre des communes mardi matin, le premier ministre a dû répondre aux critiques des partis de l’opposition, notamment à celles d’Andrew Scheer du Parti conservateur, qui a fustigé son manque de leadership dans ce dossier.

« Les gens sont frustrés, je les comprends […] Sachez que notre gouvernement travaille fort pour trouver des solutions. Il est grand temps que la situation soit résolue. Pendant trop longtemps, nous n’avons pas réussi à agir. Il va falloir travailler fort pour collaborer. En tant que premier ministre, je tiens à tendre la main aux chefs héréditaires de la communauté Wet’suwet’en. Nous créerons un espace de dialogue pacifique et honnête avec ces chefs autochtones. Il faut résoudre cette crise par le dialogue et le respect mutuel. Nous sommes à l’écoute, nous ne vous demandons pas de cesser de défendre vos collectivités. Très souvent, la confiance a été trahie entre les collectivités autochtones et le gouvernement. Tout le monde a un rôle à jouer pour que cette crise soit résolue », a affirmé Justin Trudeau.

Tracé du pipeline Coastal GasLink de Burns Lake à Kitimat, en passant par le territoire de la communauté Wet’suwet’en, en Colombie-Britannique. Crédit : Coastal GasLink, via CBC

Le premier ministre a manifesté sa détermination à « accélérer le rythme », afin que le problème soit résolu au plus vite, tout en mettant en garde contre les gestes irresponsables de la part des contestataires.

« Est-ce que nous voulons être un pays où les gens pensent qu’ils peuvent endommager les voies ferroviaires et mettre des vies en danger », s’est interrogé M. Trudeau.

« Je sais que la patience des gens est mise à rude épreuve, mais nous devons trouver des solutions dès aujourd’hui. Nous n’y arrivons pas si les gens continuent d’être frustrés par les incertitudes », a conclu le premier ministre.

Il a convié les chefs du Parti vert, du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Bloc québécois à une rencontre, mardi après-midi, autour des membres de son Cabinet pour faire le point sur la situation.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles le chef de l’opposition Andrew Scheer n’a pas été convié à cette rencontre, Justin Trudeau a répondu que « M. Scheer s’est disqualifié de tout dialogue constructif » sur cette question.

En attendant, les barricades se poursuivent un peu partout au pays, où les manifestants ne décolèrent pas, malgré la volonté d’un dialogue constructif affichée de part et d’autre.

Avec Radio-Canada, CBC et des informations du gouvernement fédéral

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Catégories : Autochtones, Politique
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