Des manifestants ont allumé le feu près d’un barrage érigé à Tyendinaga, un territoire Mohawk près de Belleville, en Ontario, jeudi 20 février 2020, en signe de protestation en solidarité aux chefs Wet’suwet’en hostiles au projet Coastal Gaslink au nord de la Colombie-Britannique. Crédit : La Presse canadienne/Lars Hagberg

Crise ferroviaire : la GRC lâchera-t-elle du lest en offrant de se retirer?

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) envisagerait de se retirer des terres visées par le projet de gazoduc en Colombie-Britannique. Cela viendra-t-il apaiser les communautés autochtones et ceux qui les appuient partout au pays?

C’est difficile à dire, car les chefs Wet’suwet’en sont en déplacement au Québec et en Ontario, où ils souhaitent remercier les Mohawks de Kanesatake et de Belleville qui les appuient depuis le début de leur opposition au projet de gazoduc Caostal GasLink.

La ministre des Affaires autochtones du Canada Catherine Bennett se trouve en Colombie-Britannique, où elle souhaite nouer un dialogue avec les chefs de ces communautés, conformément à la position du premier ministre Justin Trudeau.

Même si le premier ministre du Québec François Legault propose d’user de la force pour disperser les manifestants qui bloquent les voies ferrées partout au pays et paralysent de ce fait l’économie, le premier ministre du Canada a toujours fait part de sa détermination à résoudre cette crise par le dialogue.

Ce message a d’ailleurs été réitéré jeudi, alors que les propos de M. Legault semblent avoir jeté de l’huile sur le feu, avec l’érection de trois nouveaux barrages au Québec.

Des Mohawks de Kanesatake, au Québec, brandissent une pancarte sur laquelle ils ont inscrit un message de soutien aux chefs héréditaires des Wet’suwet’en qui s’opposent depuis 15 jours au passage d’un pipeline sur leur territoire ancestral en Colombie-Britannique. Crédit : La Presse canadienne/Ryan Remiorz

Cette escalade intervient au moment où les membres du Conseil de la fédération ont pris part à une conférence téléphonique pour parler des façons de dénouer la crise. Les premiers ministres des provinces et territoires du Canada ne semblent pas avoir tous donné leur accord à la proposition de François Legault de résoudre la crise par des moyens contraignants.

Les premiers ministres souhaitent une nouvelle conférence téléphonique, cette fois avec le premier ministre du Canada, pour lui faire part de leurs arguments.

« On a demandé cette conférence téléphonique avec Justin Trudeau pour qu’il nous fasse part de son plan pour sortir de cette crise. Il y a vraiment une urgence que ça se règle, que ça se règle surtout à Belleville, en Ontario, qui est le centre nerveux du chemin de fer dans l’Est du Canada. On demande à M. Trudeau de nous indiquer son plan de sortie de crise. Il y a beaucoup de premiers ministres des autres provinces qui étaient d’accord d’avoir un échéancier et d’user de la force si cet échéancier n’est pas respecté. Il n’y a pas eu d’unanimité, mais bon nombre d’entre eux étaient d’accord qu’il y ait un échéancier », a affirmé François Legault.

En attendant la réponse de Justin Trudeau, la GRC envisagerait de quitter la zone concernée par le projet de pipeline.

Si cela se produisait, ce serait une façon de répondre à l’une des conditions des Wet’suwet’en pour ouvrir la voie à un dialogue avec les autorités fédérales.

Bill Blair, le ministre fédéral de la Sécurité publique, a salué cette volonté de la GRC et a précisé que c’est une « décision prise en toute indépendance ».

En attendant de voir les répercussions d’un retrait éventuel de la GRC sur la suite de la crise, le Québec souhaite toujours voir Ottawa aller de l’avant avec l’idée de Legault d’imposer un délai aux manifestants afin qu’ils libèrent les chemins de fer au plus vite.

C’est toute l’économie provinciale qui subit les contrecoups de ces blocages et se traduiraient par des pertes pouvant dépasser les 120 millions de dollars chaque jour, a mis en garde le ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Le premier ministre Trudeau se réunit avec son cabinet jeudi pour tenter de trouver une solution. Les producteurs de grains du Canada ont des difficultés à exporter leurs produits, et Ottawa chercherait à définir les moyens de mieux compenser ces producteurs qui ont déjà vécu beaucoup de difficultés au cours des derniers mois.

Avec Radio-Canada.

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Catégories : Autochtones, Économie, Politique
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